Friday, September 30, 2016

 

L'Apocalypse selon Saint Jean at Amazon (6 & 8A) and Youtube (8B)

Jacques Coulardeau at Amazon (6)
L’APOCALYPSE SELON SAINT JEAN
Amazon Kindle
Editions La Dondaine (2 juin 2013)
ASIN : B00D5YL2W8
Prix sur Amazon.fr : EUR 6.34 TTC




Jacques Coulardeau & Kévin Thorez at Amazon (8A)
L’APOCALYPSE SELON SAINT JEAN
Interprétation Jacques Coulardeau
Musique Kévin Thorez
MP3
Durée totale: 1:54:54
ASIN: B00CY4R1W0
Amazon.fr: EUR 9,99
  


Jacques Coulardeau & Kévin Thorez at Youtube (8B)
L'Apocalypse selon Saint Jean
Aria de la pureté de la Jérusalem messianique

Jacques Coulardeau & Kévin Thorez at Reverbnation (8C)
L'Apocalypse selon Saint Jean
  1. L'Apocalypse selon Saint Jean - extrait officiel     5:02
  2. Pureté de la Jérusalem messianique ( L'Apocalypse selon Saint-Jean)      3:12
  3. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 1ère partie)     0:53
  4. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 2ème partie)     1:02
  5. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 3ème partie)     0:59
https://www.reverbnation.com/jacquescoulardeau



 

Plus que d'imprudence, cet homme fait preuve d'impudence

JEAN-MARIE BESSET – RUE DE BABYLONE – THÉÂTRE DU PETIT MONTPARNASSE – 2006

Un autre « two-men-show » avec une scène de dénuement presque complet d’un des deux acteurs dans la dernière partie, un dénuement qui n’a aucun sens, et ne rime à rien car après avoir quitté les épaisseurs protectrices il va ressortir en plein décembre peu avant Noël dans la rue avec un simple pantalon et un veston, et pratiquement rien d’autre, en tout cas aucun autre vêtement de corps, sauf un caleçon de coton léger.

Ceci étant dit, et qui relève de la mise en scène, la confrontation entre ces deux hommes est simplement incongrue et absurde. Elle n’aurait pas du avoir lieu. Le directeur de journal qui laisse entrer un SDF dans le hall de sa résidence dans le 5ème arrondissement, je n’y crois pas le moins du monde. Même s’il est le directeur d’un journal dit social.


Le directeur du journal pour lequel la femme écrit des chroniques non spécifiées et qui a une liaison avec une autre femme à la fabrication du journal, la composition si j’ai bien compris (un domaine qui a aujourd’hui pratiquement disparu puisque les journalistes et rédacteurs fournissent tout en numérique normalisé), est une histoire à dormir debout, non pas qu’elle est invraisemblable, mais parce que la femme saurait sur la liaison en moins de temps qu’il n’en faudrait pour la cacher. En plus le soir très tard et en prétextant le journal. Cela ne tient pas debout. La femme rédactrice à ce journal, même de chez elle, ne peut pas ne pas savoir les rythmes de fabrication et de gestion du dit journal. Des réunions de rédaction le soir tard ne peuvent concerner qu’un journal de l’après-midi, suivez mon regard. Mais dans ce cas la femme saurait et dans ce cas à ce moment-là il ne saurait y avoir de temps vide pour les gens à la fabrication. Pour un journal du matin une personne travaillant à la fabrication n’est plus au journal car le journal est en train de sortir des rotatives.

Mais suspendons notre réticence.


La confrontation d’un nanti avec un SDF à deux heures du matin est aussi improbable qu’impossible, même dans le 5ème. N’importe qui, sauf un malade mental accepterait de simplement répondre à la moindre avance d’un SDF dans ces conditions. Un SDF en chasse à deux heures du matin, j’en doute extrêmement. Dans un beau quartier ? Encore plus. L’homme aurait du fuir ventre à terre. Et il s’attarde, et il répond à une question absurde, « Auriez-vous soixante-dix centimes ? » et répond même après vérification, « Non mais j’ai trente-cinq centimes. »


Passons outre ces incongruités. La discussion qui s’ensuit est gentille mais sans queue ni tête. Et l’homme finit par monter dans son ascenseur, et il revient avec du jambon, du fromage, du pain, et s’il vous plait, une bouteille de Château Margaux. Une bouteille de vin je veux bien, mais nouvelle vinification ou un simple Beaujolais, mais pas un Haut-Médoc qui n’a pas de nouvelle vinification sous son propre nom. Et ne croyez pas que la nouvelle vinification à des prix entre 2 et 5 euros, y compris du Médoc, y compris du Saint-Émilion, mais pas du Château Margaux, ni du Mouton Rothschild qui se respecte trop pour mettre du vin sous leur nom de marque à 4 euros 50 la bouteille dans les supermarchés, ce ne soit que pour les pauvres : les connaisseurs en savent plus que cela. Je défie qui que ce soit qui n’est pas un goûteur professionnel spécialiste de ces vins de voir ou goûter la différence de ces vins de nouvelle vinification inventée dans les années 70-80 par les départements d’œnologie des universités de Bordeaux et de Californie (Davis). En fait descendre un tel vin de Château pour un SDF ce n’est même pas de la charité, c’est de l’insulte.

Descendre en plus du jambon blanc est une assumation que le SDF n’est ni juif, ni musulman, ni bouddhiste, ni bien d’autres choses. Servir du fromage est OK, un fruit eût été bien et un vin en bouteille mais ordinaire comme un simple Beaujolais, nouveau ou non.


La discussion révèle peu à peu que le dit SDF espionne l’homme depuis pas mal de temps et l’homme assumera – encor une fois – que l’homme est un maître chanteur quand il lui révèle qu’il a observé sa liaison et son manège dans la voiture de la dame. Et pour couper court le directeur de journal lui refile mille euros. Absurde. Tout le monde sait que la meilleure façon d’entretenir un chantage est de payer le maître chanteur. Mais il y a encore plus trouble.

Il se révèle que l’amante de l’homme a été la compagne du SDF pendant sept ans à New York où ils étaient artistes de music-hall. Et le SDF veut récupérer la dite dame et donc revient à la charge pour coincer l’homme, lui prendre son téléphone où il y a le numéro de la dame, liquider le concurrent et partir avec l’argent, le téléphone et l’espoir de récupérer sa compagne d’antan après que le bruit de la mort du directeur de journal sera apaisé.


Bien sûr c’est de la plus pure folie car il a laissé ses empreintes et bien d’autres choses y compris son ADN sur le lieu du crime et comme la compagne ne semble pas vouloir revoir le SDF, autrefois compagnon, elle parlera plus que certain.

C’est amusant de vouloir faire se confronter face à face et sans témoin un SDF et un directeur de journal de l’après-midi, mais c’est simplement impossible au milieu de la nuit. Mais pourquoi donc l’auteur veut-il ainsi démontrer par des constructions « savantes » que les SDF sont toujours des ruines sociales qui ont des motivations qui sont loin d’être brillantes, qui sont criminelles, et que l’on doit avoir « pitié » d’eux ? Mais là où Samuel Beckett attendait Godot avec ses deux SDF qui ne feraient pas de mal à une mouche, on a aujourd’hui une vision criminalisée des SDF. Le romantisme social a bien régressé. Et même les adultes savent qu’ils ne doivent pas parler à des inconnus, ou du moins ne doivent pas répondre, de jour comme de nuit, et surtout de nuit, à leurs questions ou demandes.

Les acteurs font du mieux qu’ils peuvent et produisent un spectacle assez avenant. Mais la matière est simplement incroyable, j’entends qu’on ne peut pas y croire.


Dr Jacques COULARDEAU




 

It was a very good performance in 1981, but now it has aged

BENJAMIN BRITTEN – A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM - GLYNDEBOURNE FESTIVAL OPERA - 1981

First the libretto.

There is little to say about the libretto of this opera adapted from the eponymous play by William Shakespeare. Their adaptation is essentially a shortening of the text but it is mostly a text that comes directly from Shakespeare’s play, hence in Shakespeare’s language which is poetical, musical and extremely rich, in the case of this comedy, in humor, even satire of both society and the practices or customs of the dramatic stage in Shakespeare’s time. The social criticism can be just implied though not directly expressed. It is the case of marriage practices. For both the wealthy and the powerful marriage was a family business: the father authorized, hence gave consent, to a marriage if it fitted his economic or social interests, particularly his influence and power.

This compulsory consent up to the age of twenty-one in a time when life expectancy was twenty nine years, was duly enforced with a minimum age for the marriage of girl in Shakespeare’s time between ten and thirteen with only one obligation: consent from the father, a parent, the guardian or some official if the previous ones were absent. In the play the law that is criticized is Athenian and the father can require death for a daughter who refuses to marry the man this father has chosen, with for the Duke of Athens the possibility to commute this death penalty into a life “imprisonment” in the temple of some goddess that will impose celibacy and virginity.


It is well understood that economically the men and the women are from the same social condition, meaning wealthy. That’s the part Benjamin Britten and Peter Pears cut off, hence the whole beginning of Shakespeare’s play. There will only be some allusions to it, especially at the end but it will have little value since the young people have solved their own problem with a little help from their friends the fairies. This choice is wise since such a situation does not speak to us any more except when we are considering the practice of forced marriages in some foreign civilizations and within the context of some religions in the world, particularly in the Moslem world.


The play starts in the forest and will stay in the forest till the second and last scene of the third act. This is also a wise choice because it makes the play even lighter than in Shakespeare’s version. It becomes a real entertainment that could be seen as a masque or even a pantomime due to the fairies and magic. Puck, Oberon and Titania are all beings of the underworld, which used to be a difficult subject in Elizabethan times, but which is today banal and common place though generally in children’s literature. Harry Potter is today a master in the field but he is not alone. Some may say that Harry Potter is not really for children but rather for young adults. Let’s say some people are precautious and we can consider a fifteen year old person either an older child or a younger person, not yet an adult but not far from it. The text of the libretto is very systematically ambiguous between a sexy reading or just a farcical reading. Of course as soon as it is set to a stage some choices are necessary that make this ambiguity either a pun-like discourse, playing on words, or a choice towards one interpretation. That’s why we can hesitate in front of this libretto: is it a children’s piece of literature and entertainment, or is it a farce based on innuendo, ambiguous meanings and erotic situations and language. That’s the main merit of this libretto. It really let the conductor and director free to go one way or the other.


One thing is sure in the libretto. Since most of the opera takes place in the underworld, in a forest, during one night, the midsummer night, Saint John’s day and night, with celebrations generally around or on the Summer solstice, a festive period in the fertile and happy direction, we can consider we are in foreign territory and thus we, the audience, are the foreigners. But in this foreign territory we have four young people, two women and two men, who are spending the night there more or less by accident and who are going to be the victims of tricks, pranks and mistakes from Puck and Oberon. These four are the first group of foreigners, or strangers. The second group counts six artisans, craftsmen or tradesmen from Athens who are preparing a play for the Duke’s marriage. They will also be the victims, particularly Bottom who is bottomless or without any bottom, who is turned into an ass, meaning a donkey, but also a synonym of bottom, to satisfy Oberon’s revenge on Titania who has estranged him from her bed because she refuses to yield a young infant or child she has recuperated from some Indian queen, hence in Shakespeare’s time, a child that would be assumed to be a gypsy child. The six tradesmen are foreigners or strangers in the forest, but the infant who is at stake between Oberon and Titania is a real foreigner both in fairyland and in Athens, in human land.

But in Shakespeare’s time fairies and fairyland would have been seen, understood and even by some resented as some strange and foreign underworld not to be mentioned. This dimension disappears in modern times and Benjamin Britten and his partner Peter Pears (who sang the part of Lysander, one of the two young men lost in the forest) play on this fairyland as an estrangement for the audience and the last scene brings the audience back to earth with yet another estrangement with the play in the play that brings on the stage a lion, talking mind you, the moon, also talking and a wall that has a lot to say. Estrangement inside the bringing back of the audience from a long and previous estrangement of another sort, more magical. The whole play works because of these dimensions and the opera here amplifies this aspect by cutting off the opening part in the Duke’s palace in Athens.


In other words, a good libretto for a modern opera that can be read in many different ways.

Second then the opera and the music.

The way this libretto is used in this old adaptation of the opera by Glyndebourne Festival Opera is interesting, first because it is a classic in the history of this opera, and second because it is good in its period and in its style. It obviously has great qualities in its realistic adaptation. The forest is a real forest but it would be static. So to make the forest dynamic; able to recompose itself constantly the trees are human beings, actors that can move around, and they do. This gives to a setting that would otherwise be slightly humdrum an attractiveness that wraps up the opera marvelously. It reduces the use of machine and machinery on the stage tremendously. In 1981 such machinery looked artificial and was limited in effect, even stiff at times. The choice here makes the stage fluid and very dynamic.


The fairies are boys but it is not essential in this production because they are not used separately. They are always part of a mass of people. They are heavily dressed but in no real particular striking way. Same thing with Puck who is a boy, good at doing his antics, tricks and so on, but not as good as he should be as for expressing with language, intonation and body language the emotions he is supposed to embody. He is the only one among the supernatural people who actually has some empathy for the humans and that requires a lot of experience to embody such emotions. In other words he is slightly too young.

Yet his flying is artificial enough to be credible. He goes up and down, as he says so well, on some kind of small platform that makes him move up and down and even cattycorner across the stage. It is a mechanical way of realizing what the libretto says when it makes Puck vanish or move from one side to the other of the stage invisibly.  


But the last scene at the Duke’s palace in Athens wants to be realistic too. That requires a change of setting during a musical intermezzo and that setting has to be changed later on with the play in the play that requires a platform to be performed. This is quite common on an opera stage but yet it is of an older style, something that is too realistic for modern tastes. To have people moving the setting around while the music goes on is fine when the setting is artificial, not realistic, when this setting is blocks on rollers and hardly anything else. Changing setting today is easier thanks to special effects and machinery, but yet it remains heavy. Another solution is a setting that contains everything and it is only a question of lights to concentrate on one part, one section of the stage, or another. This is often used in operas because that reduces setting changes to a minimum and lights are easy to manage.

But this realistic setting gives a good opportunity for Puck with his broom to become a real broom stick engineer and clean up, in fact sweep up, the vast table of the banquet.


But what is most dated if not outdated for an opera is the extreme stiffness of the actors who are singers and not actors actually, apart from Puck himself. That stiffness in body language, which is no real body language but some frozen postures and stances, accompanies the stiffness of the music. The music is performed as if it were very regular and frozen. I guess they stick to the score. But an opera is also a dramatic play and the actors and what they do, their acting, are supposed to dictate how the music is performed. Thus it could be slowed down or sped up according to the moments. It does not seem to be performed in such a flexible way.

One example is the quartet of the lovers in the first scene of the third act. The music is extremely good but the acting is stiff and that impairs the music itself. In fact the only moment when there is some animation on the stage is during the play in the play because then the actors are acting in a grotesque and caustic way. They are well obliged to have some body language when they are a wall, a lion, the moon or whatever and the dying mimics have to be just plain funny. Yet the final dance of these actors is stiff and the audience is not concerned, not associated, and that is a mistake. It should be a Bergomask in which everyone joins.


There is a last element I would like to add: it is the two typical mentions by Shakespeare of the “three sisters” and of the “triple Hecate’s dream.” It is typical of Shakespeare because for Shakespeare, and this is deeply rooted in his style, anything ternary is leading to turmoil, disorder and even tragic or dramatic elements. The three sisters are the Fates: The Moirai were three sister deities, incarnations of destiny and life. Their names were Clotho, the one who spins the thread of life; Lachesis, she who draws the lots and determines how long one lives, by measuring the thread of life; and Atropos, the inevitable, she who chose how someone dies by cutting the thread of life with her shears. In other words they are one incarnation of the triple goddess of fame in Europe and mythology. The second incarnation is of course the triple Hecate: Hecate goddess of the underworld and death; Selene Goddess of the moon, night and in a way love; finally Diana the goddess of life, procreation and birth. Note the disruptive third element in the Fairy Queen and King couple: the Indian child that comes in-between the two and creates the havoc that is the basic stuff of this play.

So this play is basically disquieting since it sets up the simultaneous marriages of three couples. Note that this triplet of couples is a perfect embodiment of David’s star or Solomon’s wisdom, hence an allusion to the Old Testament and the Jews. No surprise that it brings disturbance, since they are Jewish and Shakespeare is sweetly anti-Jewish, like most people in his time. Note Shakespeare cannot close the play on such a disquieting note and he adds the re-union of Oberon and Titania as a fourth couple after he fate of the Indian child is solved and a binary, what’s more a double binary, what’s more a triple binary structure is perfection and order for Shakespeare: 2-4-8 is the vision of perfection. In this play and opera it is slightly artificial but in “As you Like It” Shakespeare makes it perfect with four human couples marrying under the presiding presence of the god of matrimony, Hymen.


If we keep this in mind we can strengthen the remark about the stiffness of the whole performance. It is true Oberon is crucial but unluckily James Bowman, who sings his part very well, is a very straight and unbending actor. His acting performance is very little fluid and versatile. That’s another time on the opera stage but it is regrettable for this opera that requires a tremendous versatility and changeability.


Dr Jacques COULARDEAU



 

Dommage que l'on sache que les clichés vont dicter la fin

AUSTIN PENDLETON – JEAN-MARIE BESSET – ONCLE PAUL – THÉÂTRE DU ROND POINT – 2005

Une pièce simple, peut-être trop simple, certains dirons simpliste.

Un neveu débarque à l’improviste chez son oncle atteint du sida. Il fut un acteur qui eut du succès en son temps mais n’a laissé derrière lui qu’un vague souvenir. Il est marié mais séparé. Il a eu une vie à double orientation et en est devenu HIV positif puis atteint du sida. Il a son traitement dans quatre petites boîtes à pilules ou gélules. Son appartement de New York est un vrai capharnaüm.

Le neveu est une tornade peut être blanche mais certainement perturbante pour cet oncle en fin de vie qui se laisse aller progressivement sans presser le pas mais sans rien faire pour changer le cours des choses. On apprend que cet oncle a désiré le neveu depuis l’âge de huit ans mais qu’il a systématiquement rejeté un tel désir. Le désir pédophile d’un oncle pour un neveu est un lieu commun : les enfants violés en bas âge le sont principalement pas des membres ou des proches de la famille.


Il semble que l’agressivité du neveu vient d’un désir profondément refoulé et vocalement et bruyamment rejeté. On ne rejette que ce que l’on a un jour désiré, sinon on est indifférent. Les sentiments hostiles à l’égard de quoi que ce soit sont fondés sur une peur d’être contaminé, envahi, dominé, pris, etc., et comme qui se ressemble s’assemble, cette peur pose la possibilité que cela arrive et donc que l’on soit comme celui dont on a peur, ou que l’on devienne comme celui-là. C’est encore là un lieu commun ce qui fait que la visite à l’improviste et l’hostilité vociférante du neveu laisse entendre que la situation va se retourner tôt ou tard. Il s’agit simplement d’attendre le bon moment. C’est là un handicap pour la pièce car alors on perd un peu l’intérêt pour la situation puisqu’elle entre dans un schéma courant, mais on reste éveillé cependant car après tout l’auteur pourrait être un bon auteur et donc trouver une autre sortie.

Et c’est là que la surprise nous prend à la gorge. L’oncle rentre d’une audition manquée en banlieue de Paris pour le rôle d’Hamlet pour lequel il n’a même pas auditionné car il s’est lancé dans une diatribe sur Hamlet qui haït les femmes plus que toute autre chose, une interprétation de Hamlet gay qui s’ignore : rien de neuf sous le soleil car en ce qui me concerne j’ai enseigné cet Hamlet-là, entre autres, à l’Université de Californie à Davis en 1973-4. Le résultat pour l’acteur fut un remerciement poli. Surtout qu’un Hamlet de 55 ans est un peu difficile. Mais le théâtre permet tout. C’est donc la dépression. Le neveu est allé passer la nuit dehors, revient et s’exhibe pour prendre un bain. Il se sèche et se rhabille rapidement pour la dernière confrontation avec son oncle.


Et là la fin attendue arrive et la sauce de cette fin attendue est un peu surprenante au temps qui est le nôtre, même à New York. Le théâtre, sauf à mettre une pancarte donnant la date, ne sait pas distinguer les années 90 des années 80 ou des années 2000. Il ne le peut que par des artifices que sont la mode ou la musique. Rien de cela n’est utilisé ici et la seule musique qui entraine une danse du neveu en solitaire est une musique électro-acoustique violente digne du 21ème siècle, au moins. . .  Donc la pièce joue dans le temps présent de la représentation. On ne meurt plus du Sida comme autrefois car on a un traitement adéquat pour le contrôler si on prend le virus le plus tôt possible. On vit et meurt AVEC lui par contre et non par lui. On meurt éventuellement d’une complication.

C’est là que la fin est surprenante d’une certaine façon. Le neveu est allé se faire contaminer par une rencontre sélectionnée pour son état de santé sidéen avancé et il revient chez son oncle pour se donner en non protégé à cet oncle et partager avec lui jusqu’à la fin la maladie qui est maintenant leur maladie commune. Il y a là une morbidité à faire pleurer. L’amour permet-il cela. L’amour oui, mais s’agit-il d’amour ou plus simplement de désir ? Le neveu et l’oncle n’ont rien en commun sinon la maladie par accident pour l’oncle et par choix pour le neveu. L’oncle est un acteur qui a fini sa carrière et le neveu est un raté intégral.


Que reste-t-il après le festin quand les plats servis à cent personnes n’étaient que pour dix ? Que reste-t-il après l’acte charnel quand le désir étant satisfait l’amour doit prendre le relais, et il n’y a pas d’amour dans ce cas, car il n’y a rien de commun sinon la morbidité de la maladie. « Je t’aime parce que tu as le sida et tu m’aimes parce que j’ai le sida » semble un peu pervers et limité.

Le jeu des deux acteurs est cependant un peu trop déclamatoire jusqu’à la conversion désirante du neveu si bien que la conversion venant, le ton changeant radicalement on se demande d’où vient cet amour et une certaine tendresse entre les deux hommes, tendresse que l’on évoque dans les deux dernières minutes. Le miracle de la mort dans la vie.


Dr Jacques COULARDEAU



Wednesday, September 28, 2016

 

L'anthracite est pâle à côté de cette image de la Côte d'Opale

BRUNO DUMONT – P’TIT QUINQUIN – 2014

Ce n’est pas un thriller puisqu’il n’y a pas de fin. L’assassin ou les assassins ne sont pas trouvés, loin de là. Le film montre sans la moindre distanciation un cas grave menant à un mort de racisme, racial anti-noir, et religieux, anti-islamique. C’est un fait banal et rien d’autre dans le contexte de cette minisérie. On regarde le monde en suivant quatre enfants relevant du primaire et peut-être du collège pour un d’eux, trois garçons et une fille.


L’affaire criminelle qui amène la gendarmerie sur cette Côte d’Opale contre laquelle Bruno Dumont semble avoir un sérieux passif, sinon une dent ou même un râtelier complet (alors qu’il est natif de Bailleul). Il montre deux agents de la gendarmerie si impuissants, si peu intéressés, si peu motivés, si incapables de poser une question, raison de plus un interrogatoire que l’on se demande à quoi ils servent. Les enfants en question trouvent sans chercher comment la première vache a réussi à entrer dans un bunker/blockhaus allemand sans accès évident ni direct visible à l’œil nu. Et ces gendarmes ne travaillent qu’à l’œil nu quand ce n’est pas à l’œil qui suit le vent qui tourne pas mal dans le Boulonnais, un œil donc fortement formaté.


De quoi peut-il bien s’agir ? Une série de crimes concernant une branche d’une famille et de tous les amants et amantes liés à cette branche, sans compter en plus un noir qui se suicide au vu et su de tous, en particulier de la gendarmerie contre laquelle il tire à bout presque portant, parce qu’il est humilié, rejeté par deux filles adolescentes en mal de célébrité mais raciste comme tout le monde autour d’elles : elles le traitent de macaque, et je ne prends que les mots que l’on trouve dans un dictionnaire bienséant. Elle lui conseille de retourner là d’où il vient. Plus une ou deux pointes religieuses.


Campagne moraliste de suppression de tous ceux qui ne sont pas purs en mariage et en affaires quelconques ? Tout le monde devrait alors y passer. Règlement de compte entre deux branches d’une même famille coupée en deux par un héritage inégalitaire ? Cela arrive même en loi française. Mais pas sûr car on est loin de l’extermination de la branche concernée et de toute façon cela entrainerait une riposte. S’agit-il de l’œuvre d’un membre de la branche familiale lésée par l’héritage, un membre fortement marqué de consanguinité, et que certains diront dérangé, attardé, handicapé. Qui sait car il ne dit rien mais il savait sur le passage « secret » par lequel la première vache a pu entrer dans le blockhaus. Mais personne ne sait qu’il sait.


Mais ce n’est pas aussi simple car la technique des meurtres demande un peu plus de formation et même d’équipement qu’un handicapé consanguin peut avoir à sa disposition. Les deux premiers morts sont découpés et se retrouvent à l’intérieur d’une vache morte, une chacun. On prétend à un détour d’épisode que ces vaches étaient folles et qu’elles sont carnivores dans ce cas, mais comment peuvent-elles manger, sans ruminer, sans digérer des morceaux conséquents d’un corps humain ? Absurde vous me direz et vous auriez raison.

Ensuite il y a un homme qui est noyé dans sa fosse à purin. Délicate attention. Une autre tuée comme on ne sait pas et attachée nue sur une quelconque roche proéminente en bord de mer avec des filets qui doivent être peut-être de pêche. Et puis encore une qui est dévorée par une bande de cochons de la ferme de sa famille, cochons en liberté le jour et qu’elle caresse et côtoie jour après jour. Ces cochons omnivores deviendraient carnassiers et même plus, cannibales, la nuit ?


Il n’en reste pas moins que cette série est inachevée en terme d’intrigue, mais Bruno Dumont est un sadique de l’image qui aime laisser son public sur sa faim. Mais de plus Bruno Dumont se complait à montrer les pires incompétences. Le prêtre de l’église est jeune avec un diacre plus vieux et un enfant de chœur qui est un des quatre garçons au centre de l’intrigue, le fils de la branche lésée de la famille dont je parlais plus haut et les deux prêtres se laissent manipuler par le gamin à la consécration en sonnant les clochettes de façon répétée, les faisant s’agenouiller, se relever, s’agenouiller encore, se relever une bonne demi-douzaine de fois, avant d’enfin poser ses sonnailles, ses clochettes.


La candidate à la gloire de la chanson en anglais qui sera mangée par ses cochons et qui est aussi l’une des deux à humilier le noir le jour où il pète ses plombs n’est pas bonne, a une mauvaise chanson, et n’en a qu’une. Vanité plus que talent, mais il faut un peu de vanité pour révéler son talent, mais il faut aussi du talent pour pouvoir le révéler.


Et les anciens combattants regrettent, maire en tête que l’on n’aura bientôt plus d’anciens combattants et qu’il faudrait songer à en faire une nouvelle fournée. Le commandant de gendarmerie suggère que les guerres ne sont pas ce qui manque et il ajoute même que ces guerres pourraient bien être partout sur la terre. On ne devrait pas manque d’anciens combattants dans la nouvelle génération. Il fait fort là Bruno Dumont. Il aurait pu suggérer au maire d’en importer des USA. Ils en ont plus qu’ils ne savent quoi en faire. Il aurait pu aussi suggérer d’en importer de Syrie : on les appelle des djihadistes ou des réfugiés, selon l’humeur du moment. Boulogne est si près de Calais qu’une jungle n’est pas une saugrenue impossibilité.


Il est vrai que son humour un peu gris ne passe pas, alors de l’humour noir serait encore plus dur, et ce un 14 juillet, ce serait un comble. Surtout avec cette maison et sa famille de noirs que tout le monde haït.


Mais pourquoi donc donner de cette région une image si attardée, consanguine jusqu’à la gorge et s’en étouffer, où personne ne semble vraiment travailler pour de vrai, où il n’y a pas de voitures sur les routes, sauf celle de la gendarmerie. Où il n’y a en définitive que les quatre vélos des quatre gamins et la fille monte debout sur des repose-pieds au niveau de l’axe de la roue arrière. Pourquoi montrer une gendarmerie si attardés. Pourquoi montrer un tel racisme ? Pourquoi montrer les relations familiales comme étant brutales, rudes, froides, etc., quand on les montre ? Bruno Dumont veut-il vraiment prouver ou au moins démontrer ce que dit le commandant de gendarmerie : « la terre est bonne ici mais elle sent un peu aigre ». Et encore que « ici c’est l’enfer » et que « l’on vit avec le diable ». Et qu’il attache cela dans les dernières images à l’oncle consanguin du garçon personnage principal, celui qui transporte la fille sur les repose-pieds de son vélo ?


Pourquoi ? Parce que – et c’est là mon opinion – parce qu’il n’y pas plus dénonciateur et délateur et dilettante calomniateur de la région Nord Pas de Calais que les natifs de souche de cette région qui pour des raisons claniques propres à cette région d’immigration fait que les Lebleu, Le blanc, Leblond, Lebrun, Lenoir ou Dumoulin, Dujardin, même Dugardin, et quelques autres noms de ce genre sont devenus consanguins dans les villages car un Lebleu marie une Lebleu et ainsi de suite depuis des générations car un Lebleu de rêverait jamais d’épouser une Vandervelt ou pire encore une Zalewski, ne parlons surtout pas d’UN Lerouge mariant UN Lejeune. Bruno Dumont a trouvé un filon qui lui donne les finances nécessaires pour faire un film tous les deux ans et il en profite et ne peut que trouver des arguments faciles pour justifier sa vision anthracite. Dommage car il y a mieux à faire que d’étaler ce sectarisme sans fin.


Dr Jacques COULARDEAU



 

Just the libretto, music and videos soon

BENJAMIN BRITTEN – PETER PEARS – A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM – LIBRETTO - 1960

There is little to say about the libretto of this opera adapted from the eponymous play by William Shakespeare. Their adaptation is essentially a shortening of the text but it is mostly a text that comes directly from Shakespeare’s play, hence in Shakespeare’s language which is poetical, musical and extremely rich, in the case of this comedy, in humor, even satire of both society and the practices or customs of the dramatic stage in Shakespeare’s time. The social criticism can be just implied though not directly expressed. It is the case of marriage practices. For both the wealthy and the powerful marriage was a family business: the father authorized, hence gave consent, to a marriage if it fitted his economic or social interests, particularly his influence and power.

This compulsory consent up to the age of twenty-one in a time when life expectancy was twenty nine years, was duly enforced with a minimum age for the marriage of girl in Shakespeare’s time between ten and thirteen with only one obligation: consent from the father, a parent, the guardian or some official if the previous ones were absent. In the play the law that is criticized is Athenian and the father can require death for a daughter who refuses to marry the man this father has chosen, with for the Duke of Athens the possibility to commute this death penalty into a life “imprisonment” in the temple of some goddess that will impose celibacy and virginity.


It is well understood that economically the men and the women are from the same social condition, meaning wealthy. That’s the part Benjamin Britten and Peter Pears cut off, hence the whole beginning of Shakespeare’s play. There will only be some allusions to it, especially at the end but it will have little value since the young people have solved their own problem with a little help from their friends the fairies. This choice is wise since such a situation does not speak to us any more except when we are considering the practice of forced marriages in some foreign civilizations and within the context of some religions in the world, particularly in the Moslem world.


The play starts in the forest and will stay in the forest till the second and last scene of the third act. This is also a wise choice because it makes the play even lighter than in Shakespeare’s version. It becomes a real entertainment that could be seen as a masque or even a pantomime due to the fairies and magic. Puck, Oberon and Titania are all beings of the underworld, which used to be a difficult subject in Elizabethan times, but which is today banal and common place though generally in children’s literature. Harry Potter is today a master in the field but he is not alone. Some may say that Harry Potter is not really for children but rather for young adults. Let’s say some people are precautious and we can consider a fifteen year old person either an older child or a younger person, not yet an adult but not far from it. The text of the libretto is very systematically ambiguous between a sexy reading or just a farcical reading. Of course as soon as it is set to a stage some choices are necessary that make this ambiguity either a pun-like discourse, playing on words, or a choice towards one interpretation. That’s why we can hesitate in front of this libretto: is it a children’s piece of literature and entertainment, or is it a farce based on innuendo, ambiguous meanings and erotic situations and language. That’s the main merit of this libretto. It really let the conductor and director free to go one way or the other.


One thing is sure in the libretto. Since most of the opera takes place in the underworld, in a forest, during one night, the midsummer night, Saint John’s day and night, with celebrations generally around or on the Summer solstice, a festive period in the fertile and happy direction, we can consider we are in foreign territory and thus we, the audience, are the foreigners. But in this foreign territory we have four young people, two women and two men, who are spending the night there more or less by accident and who are going to be the victims of tricks, pranks and mistakes from Puck and Oberon. These four are the first group of foreigners, or strangers. The second group counts six artisans, craftsmen or tradesmen from Athens who are preparing a play for the Duke’s marriage. They will also be the victims, particularly Bottom who is bottomless or without any bottom, who is turned into an ass, meaning a donkey, but also a synonym of bottom, to satisfy Oberon’s revenge on Titania who has estranged him from her bed because she refuses to yield a young infant or child she has recuperated from some Indian queen, hence in Shakespeare’s time, a child that would be assumed to be a gypsy child. The six tradesmen are foreigners or strangers in the forest, but the infant who is at stake between Oberon and Titania is a real foreigner both in fairyland and in Athens, in human land.


But in Shakespeare’s time fairies and fairyland would have been seen, understood and even by some resented as some strange and foreign underworld not to be mentioned. This dimension disappears in modern times and Benjamin Britten and his partner Peter Pears (who sang the part of Lysander, one of the two young men lost in the forest) play on this fairyland as an estrangement for the audience and the last scene brings the audience back to earth with yet another estrangement with the play in the play that brings on the stage a lion, talking mind you, the moon, also talking and a wall that has a lot to say. Estrangement inside the bringing back of the audience from a long and previous estrangement of another sort, more magical. The whole play works because of these dimensions and the opera here amplifies this aspect by cutting off the opening part in the Duke’s palace in Athens.

In other words, a good libretto for a modern opera that can be read in many different ways.

Dr Jacques COULARDEAU



Tuesday, September 27, 2016

 

L’Apocalypse de Jésus Jean de Patmos, Michel Caubet et al at Slideshare.net (39)

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L'Apocalypse selon Saint Jean
Aria de la pureté de la Jérusalem messianique


Jacques Coulardeau & Kévin Thorez at Reverbnation (8C)
L'Apocalypse selon Saint Jean
  1. L'Apocalypse selon Saint Jean - extrait officiel     5:02
  2. Pureté de la Jérusalem messianique ( L'Apocalypse selon Saint-Jean)      3:12
  3. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 1ère partie)     0:53
  4. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 2ème partie)     1:02
  5. Apocalypse selon Saint Jean (extrait 3ème partie)     0:59


 

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Monday, September 26, 2016

 

A trop vouloir prouver on ne prouve rien

BRUNO DUMONT – CAMILLE CLAUDEL 1915 – 2012

Cent ans plus tard ou presque après l’internement en 1913. Elle restera ainsi enfermée jusqu’en 1943 soit trente ans. La raison n’en est pas claire dans le film où une seule allusion au meurtre d’un enfant est explicitée par son frère, et encore dans une lettre.

Ce qu’on sait c’est qu’elle a eu une relation sexuelle avec Rodin et que les deux étant sculpteurs une rivalité se développe qui aurait pu être une vraie compétition, mais elle devient après la rupture une véritable paranoïa. Il faut dire que la relation sexuelle n’a rien d’amoureuse. Elle produit plusieurs enfants non reconnus par le père et de nombreux avortements, tous bien sûr clandestins et illégaux. D’où l’allusion au meurtre d’un enfant par le frère qui en bon chrétien ne peut que condamner. Elle est soutenue par son père mais il meurt en 1913. Elle vit à l’époque sur l’île Saint Louis à Paris. Sa mère et son frère Paul Claudel, diplomate et écrivain, la font enfermer purement et simplement. Sa mère signe l’ordre d’internement dit placement « volontaire ». Cela n’est pas clair dans le film et c’est dommage car ce que l’on ne sait pas et ce que l’on sait ne servent pas le sujet correctement. Notons en passant que Paul Claudel n’a pas pu lire « Une Saison en Enfer » de Rimbaud car Rimbaud a fait brûler tout le tirage avant de partir en Ethiopie ouvrir un commerce d’esclaves et que cette « Saison en Enfer » ne sera publiée par les frères Breton dans la revue Poésie 1, n° 4, qu’en 1969 à partir du seul exemplaire conservé par l’imprimeur.


Ceci étant dit il est évident que de nombreux éléments se coordonnent pour en arriver à cette solution qui était une solution courante dans les familles aisées, et même plus qu’aisées : elles faisaient interner le fils ou la fille qui déplaisait en payant bien sûr la facture. On ne dira même pas qu’il y a eu victimisation par la psychologie ou la psychiatrie. Il y a eu simple internement à la demande de la famille. Avant la Révolution Française c’eût été dans un couvent sous le voile d’une religieuse pour les filles. En 1913 c’était dans un asile tenu par des bonnes sœurs et on essayait de couvrir pour le public avec un diagnostic psychiatrique qui ne voulait rien dire. On remarquera que la mère avait 73 ans au moment de l’internement et qu’après sa mort le frère Paul Claudel ne reviendra pas sur la situation et maintiendra sa sœur dans l’institution. Remarquons qu’après la deuxième guerre mondiale la justification psychiatrique aurait pu être remise en cause, mais Camille Claudel n’aura pas cette chance.


On a donc d’emblée la victimisation d’une femme pour des motivations familiales qui sont toutes de l’ordre des convenances et surtout du fait d’une conviction catholique intégriste pour ne pas dire fondamentaliste. Paul Claudel et son œuvre théâtrale est typique à ce niveau et il n’admet pas que l’on puisse remettre en cause l’existence omniprésente de Dieu qui laisse les gens pêcher pour prouver que le bien existe puisque le mal existe et que c’est un choix, le bien, bien sûr, car le mal est une simple malédiction humaine. C’est une parole casuistique mais c’est une parole fortement courante jusqu’à une période relativement récente  et que certains continuent à employer. Le mal est nécessaire pour prouver que le bien est un choix et il s’agit alors de punir ceux qui font le mal.

L’ennui c’est que le film ne fait que donner à voir une situation très réduite dans le temps, environ deux ou trois jours de 1915, sans vraie explication sur les détails de cette situation. Les explications génériques de Paul Claudel à un moine et probablement prêtre du cloître où il a passé la nuit sont tellement génériques qu’elles n’en ont plus aucun sens, une sorte de délire déiste chrétien.


C’est là que l’on retrouve Bruno Dumont et que l’on est dans la suite de « Hors Satan ». Si les femmes ont le diable dans la peau et qu’il faut les en exorciser, il est alors évident que Camille Claudel est typique. Il se complet à montrer comment elle est la proie de ses fantasmes de persécution, empoisonnement, peur des autres, crises de pleurs, etc. Il l’entoure d’êtres qui ne sont pas seulement psychologiquement dérangés mais qui sont des caricatures d’êtres humains, difformes, très largement au-delà d’un point de non retour tant psychiatrique que physique : ils sont visuellement des monstres effrayants, des gargouilles vivantes. Enfermée dans cette cage aux fauves on ne voit pas comment elle pourrait trouver un équilibre, ou retrouver et reconstruire un tel équilibre. Le film prétend que le docteur est conscient qu’elle pourrait rentrer chez elle à Paris, mais la réponse de Paul Claudel est négative.

Le film alors a-t-il un sens autre qu’anecdotique ?


Je le crois. Bruno Dumont continue ici son exploration des profondeurs aliénées (à tous les sens du mot) et aliénantes (à tous les sens du terme) de la société au niveau des individus et des circonstances dans lesquelles ils sont plongés. C’est une vision noire, plus que noire, anthracite de la vie, de la nature humaine. Le mal n’est pas autorisé par dieu – dont Bruno Dumont se gausse par caricature – pour permettre au bien d’apparaître comme un choix. Le mal est la nature la plus profonde de l’homme et le bien ne peut être qu’un supplément d’âme fait pour certains prédestinés et sélectionnés par leurs gènes autant que par dieu, qui dominent la société et maintiennent tous les autres dans la noirceur du cloaque où ils sont enfermés, où ils ont été enfermés, où les élites les ont enfermés, et n’oublions que certains fils ou filles de ces élites sont des hommes et des femmes ordinaires donc aussi noirs que la nuit sans étoile qui règne au plus profonde de l’enfer.


Il n’y a pas d’échappatoire pour Bruno Dumont. Cela veut dire qu’il n’y a pas de solution qui pourrait améliorer la situation, que cette solution soit religieuse, politique ou simplement éducative et sociale.  Il ridiculise la religion et l’accuse de tous les maux, qu’elle soit chrétienne ou musulmane. La politique est totalement absente de son discours comme si la société était un champ de bataille sans armées et sans camps adverses mais simplement un bouillon brownien de brutalité et de haine bestiale : on est loin de l’aliénation au sens marxiste, mais on est tout à fait au plus profond de l’eugénisme de H.G. Wells dans « Time Machine ». Il n’y pas de sauveur possible. Il n’y a pas de choix pour le bien ou le mal. Nous sommes tous – sauf les élites qu’on ne voit pas – condamnés à être des marionnettes du mal qui nous hante et nous domine.

Et en plus cela dure, peut durer, car le châtiment et les circonstances dignes des égouts les plus pollués dans lesquelles les personnages vivent peuvent durer toute une vie, de la naissance à la mort. Noyez vous dans Bruno Dumont et vous en mourrai, noyés bien sûr, ou simplement de noyade avec valium dans le canal de la Deûle à Lille, tout comme mon amie Monique, tout au bout du boulevard de la Liberté, car mourir dans le canal de la Deûle c’est la liberté suprême. Et vous pourrait avoir comme dernière pensée avant de sombrer dans l’eau « Inch Allah Vauban » en regardant la citadelle Vauban, juste l’autre côté.


Dr Jacques COULARDEAU




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