LES OLIVENSTEINS
– FIER DE NE RIEN FAIRE – 2013
Nous ne saurons jamais ce que Claude Olivenstein penserait de cette
réédition de ces morceaux de punk français d’un groupe de quatre garçons qui portent son
nom, y compris le morceau intitulé « Olivenstein je t’ai dans les
veines ». Apparemment Claude Olivenstein n’avait pas vraiment autorisé
mais en 1978-79-80 bien des choses étaient en train de devenir possibles.
Aujourd’hui ressortir ces morceaux ne posent plus de vrai problème puisque
Claude Olivenstein n’a pas de descendants et que tous ses trois neveux directs
portent le nom de leur père, le poète Armand Olivennes et s’appellent donc
Olivennes. Je ne pense pas a priori qu’ils diront quoi que ce soit.
Mais ces quatre jeunes de Rouen se sont éclatés comme des noix dans un
casse-noix, et en parlant de casse-noix, vous voyez à quoi je fais allusion, et
je dois dire que leur martelage-martellation-martèlement punk taille tout menu
menu. C’est le hachoir, le broyeur, le mixeur, et ils s’en donnent à cœur joie
et nous noient dans un langage tellement distordu que leur haleine nous donne
la nausée, car on n’entend guère que cette haleine qui nous déclare la guerre
comme d’autres déclarent leur TVA.
Musicalement c’est du punk, mais peut-être un peu trop habillé si on
compare à ce que j’écoutais au Marquee’s de Londres dans ces mêmes années. Il y
a presque même une certaine recherche et richesse sonore. Le travail de la voix
est magistral d’une certaine façon en distorsion à droite et à gauche, quand ce
n’est pas en dessous et en dessus et même de travers. Ils semblent vouloir ne
jamais donner une voix naturelle car le punk exige une diction très rythmée et
tonique sinon tonale, alors il faut bien couler la langue française dans le
moule anglo-saxon et comme ce n’est pas de l’anglais, plus que du punk
britannique cela ressemble à du punk allemand. Le français est travaillé au
marteau pilon et la ligne mélodique au bulldozer.
N’écoutez pas trop les mots car c’est de la provocation très gratuite, de
l’onanisme mental des dendrites du cerveau comme si c’était des cordes de
pianos ou de guitare qu’ils essaieraient de tendre en les caressant de façon un
peu vigoureuse entre les deux pouces de la main droite.
Et la chanson dédiée à Claude Olivenstein est digne de Marmottan, j’entends
d’un service psychiatrique pour disjonctés du LSD et de l’héroïne. Et comme ils
se veulent des drogués à la seringue plus ou moins propre, puisqu’on est encore
un peu avant le SIDA, ils se font cannibales comme Claude Olivenstein savait si
bien décrire ses malades qui rapidement capturaient l’empathie des soignants
pour s’en faire des esclaves qu’ils dégustaient ensuite à la cuillère à thé. Et
je dois dire que le son hyper métallique de leur guitare donne à ce
cannibalisme un air assez moderne avec fourchette et couteau, peut-être même
sur une nappe propre, ou un drap d’hôpital recyclé
Jouissez de la nostalgie de cette musique d’un autre âge et dites vous bien
que Claude Olivenstein doit se retourner dans sa tombe et qu’il aura besoin
d’une demi-escouade de rabbins pour être pacifié. Mais au-delà de cela c’est
amusant même si vous en aurez les oreilles plutôt erraillées et égratignées.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:32 PM