Wednesday, December 31, 2014

 

En vers et contre tous, l'envers du décor

JEAN HAUTEPIERRE – TRISTAN ET YSEULT – PARDÈS, GREZ SUR LOING – 2013

AMAZON.FR 13 FÈVRIER 2014

 Anglo-Saxon et Germanique en terre Celte, 13 février 2014
Par 

Ce commentaire fait référence à cette édition : Tristan et Yseult (Broché)
Rien à dire sur le choix de Tristan et Yseult et la décision d’en faire une tragédie. On remarquera cependant que la réécriture donne une architecture très serrée.

D’abord détruire le Morholt, ce monstre à qui il faut donner trois cents jeunes gens et trois cents jeunes filles tous les ans pour ses besoins de bouche, à la fois cannibales et sanguinaires. Mais ce triste monstre est l’oncle de Yseult la Blonde, princesse irlandaise.

Puis il faudra détruire le dragon qui décime le pays d’Irlande, lui couper la langue et ainsi gagner la fille du roi, Yseult la Blonde, en mariage.

Enfin avec Kaherdin à la demande de Tristan le Nain il ira tuer Estult et ses six acolytes qui détiennent prisonnière celle que Tristan le Nain aime.


Trois missions. Trois victoires contre trois monstres ou bandes de barbares. Remarquons que les deux premiers épisodes sont similaires à Beowulf, saga anglo-saxonne ancienne, qui lui aussi tue un monstre – et sa mère pour détruire le moule d’où le monstre vient – et un dragon. C’est un thème que l’on trouve très fréquemment dans les mythologies et les légendes médiévales ou antérieures, avec des racines profondes dans des cultures plus anciennes comme la culture grecque et son Minotaure qui lui aussi exige des livraisons de jeunes gens et jeunes filles – ou est-ce seulement de jeunes filles ? Le dragon remonte très loin, à la culture sumérienne et la culture zoroastrienne qui ont évolué vers la culture mésopotamienne et la culture védique dans le domaine indo-européen, ainsi qu’à la culture colchidienne dans le domaine turkique intégrée à la mythologie grecque avec Médée.

L’originalité de cette tragédie est que chacun de ces exploits laisse Tristan empoisonné et mourant. Il sera soigné par Yseult la Blonde la première fois à qui il fera croire qu’il est trouvère ou troubadour et s’appelle Tantris. Il tombe follement amoureux.

Il sera à nouveau soigné par Yseult la Blonde la deuxième fois bien qu’elle réalise alors qu’il est Tristan, celui qui a tué son oncle le Morholt. Notons en passant que la haine contre les Irlandais dans les îles britanniques ne date pas d’aujourd’hui même si on peut penser que le présent et passé relativement récent ont entrainé la réécriture de certains mythes dans le « bon » sens de la haine « justifiée ». Mais Tristan était venu chercher Yseult la Blonde pour son oncle Marc, Roi de Cornouailles. D’où un conflit d’intérêts. Pour passer outre ce conflit un filtre d’amour éternel est fourni pour Marc et Yseult la Blonde quand ils se rencontreront. Hélas la servante d’Yseult la Blonde sert le filtre à Tristan et Yseult justement.
Toute une cabale mène Tristan et Yseult en cavale dans la forêt pendant trois ans où ils arrivent à vivre leur amour dans la pureté physique grâce à l’épée de Tristan qu’ils posent entre eux deux la nuit pendant qu’ils dorment.


Marc découvre le stratagème et donc vire sa cuti de la haine à l’amour retrouvé et reprend Yseult la Blonde. Tristan part en Bretagne et épouse la sœur de Kaherdin, Yseult la Brune qui ne dit rien mais consent et ne fait rien jusqu’à la dernière scène. Remarquons les doublons que sont Tristan et Tristan le Nain, Yseult le Blonde et Yseult la Brune.

Tristan est finalement la victime d’un empoisonnement après le dernier exploit et se meurt lentement. Il demande à Kaherdin d’aller chercher Yseult la Blonde pour qu’elle le guérisse.
Cette répétitivité de structure est très courante dans les mythes anciens, bien que plus le mythe est ancien, plus il est répétitif en structure. Elle est ici cependant mise en exergue fortement par la dernière scène.
Kaherdin qui ramène Yseult la Blonde dans son bateau, malgré la tempête, hisse comme convenu une voile blanche pour annoncer l’heureuse nouvelle. Mais Yseult la brune informe Tristan qui n’a pas vue sur l’océan que la voile est noire, impliquant qu’Yseult n’est pas sur le bateau. Tristan meurt instantanément et Yseult la Blonde mourra dès son arrivée à terre.

C’est là que le sens devient mystérieux.

L’auteur a ajouté un contre-filtre qui aurait pu annuler le premier si Tristan et Yseult n’avait pas été amoureux avant l’absorption du premier. Ce n’est pas le cas donc cela n’apporte rien. C’est une espèce de truc à la Roméo et Juliette totalement superflu. Par contre la trahison de Yseult la Brune n’est pas explicitée et ne peut s’expliquer que par sa jalousie. Je ne suis pas sûr que cela soit suffisant. Yseult la Brune n’est pas suffisamment développée. Elle n’est qu’un doppelgänger. Mais elle est la gâchette de la mort finale et son mensonge en est la balle, comme à nouveau dans Roméo et Juliette. Une fausse interprétation tue Tristan et Yseult meurt sur son corps. On peut remarquer qu’il n’y a pas de dimension amoureuse dans Beowulf, mais il y en a une dans Siegfried, mythe germanique d’un grand pourfendeur de dragons.


Mais cela mène à une autre interprétation. L’amour, cette passion de l’âme et non du corps, bien qu’il faille garder le corps sous contrôle, émerge dans le Moyen Âge comme une conquête de l’homme sur la bête qu’il était avant et qu’il reste en profondeur. On pense à l’amour courtois bien sûr. Mais il s’agit d’une évolution de la culture humaine dans la tradition européenne située au Moyen Âge.

On voit émerger ce que l’on pourrait appeler une empathie fusionnelle mentale et donc non pulsionnelle ou endocrine. On remarquera que cela est très près des concepts bouddhistes et orientaux. C’est dans ce creuset que l’amour est libéré de la sexualité et que progressivement se développe une littérature amoureuse non érotique. C’est de ce creuset que nait aujourd’hui, six siècles plus tard, une nouvelle conception de l’amour qui est simplement ce que je viens de l’appeler, une empathie fusionnelle mentale qui peut donc se développer entre deux personnes quelles qu’elles soient.

L’hyper-dramatisation de la dimension sexuelle de l’amour aujourd’hui avec les débats sur le mariage pour tous, la théorie du genre et tous à poils empêche totalement l’émergence de la dimension émotionnelle, de l’amour comme passion de l’âme, comme passion entre deux êtres – ou plus – quels qu’ils soient et sans que la dimension sexuelle éventuelle – et non obligatoire – obnubile les sentiments et les émotions.


Tristan et Yseult meurent d’amour alors qu’ils n’ont pas consommé cet amour charnellement. Roméo et Juliette sont un peu courts car ils ont consommé le fruit défendu, même si après un mariage, cependant clandestin et tenu secret.

Il reste à parler du style. Nous avons là une tragédie en vers. Ces vers sont réguliers mais des longueurs variables peuvent se mêler. Je ne suis pas sûr cependant que cela soit pertinent pour la scène car la diction prend des unités de souffle, trois, quatre, cinq ou six pieds, voire, pourquoi pas sept, mais au-delà on passe à une autre unité de souffle. Que les vers aient douze ou seize pieds importe peu. Ce qui est important c’est qu’ils se décomposent en groupes réguliers ou contrastants de trois, quatre, cinq, six, voire sept pieds. Et là je n’ai pas remarqué que cela soit frappant. La rythmique interne des vers me semble plus proche du vers libre car la diction est davantage une diction non emphatique, du moins dans la lecture publique du mardi 4 février à l’Auguste Théâtre, Paris. Je dois dire que les groupes de souffle n’étant pas des plus réguliers il est difficile de donner de l’emphase à la diction. Cela d’ailleurs fait que les deux diérèses inattendues mais soudainement nécessaires pour équilibre d’un vers nous font plus sursauter que trouver un plaisir tout à coup renouvelé : « ci-erges » et « aéri-enne ».

Je ne suis pas un spécialiste de versification médiévale française, mais dans le domaine anglo-saxon et moyen anglais d’où cette légende vient, et que je connais fort bien, la versification était très formelle et régulière car elle était nécessairement chantée avec un accompagnement musical joué par le trouvère ou le troubadour lui-même. Je ne choisis pas entre les deux noms de ce poète car dans le domaine celtique ou anglo-saxon on n’avait ni des trouvères (tradition de langue d’oïl ou picarde) ni des troubadours (tradition de langue d’oc). Je verrai plutôt la tradition Minnesang. Mais pour les Celtes, voyez Astérix. Cependant une chose est commune à tous : ils s’accompagnaient musicalement et chantaient sur leur musique ; la poésie était alors nécessairement être régulière. Voir en cela par exemple le trouvère Conon de Béthune.


Le choix de l’écriture est alors à mi-chemin entre une versification stricte et une versification libre. C’est un choix mais cela ajoute-t-il quelque chose sur la scène ? Je pose la question et n’ait pas de réponse. Encore faudrait-il voir ce qu’un génie de la versification sur scène comme Daniel Mesguich en ferait.

Dr Jacques COULARDEAU


JEAN HAUTEPIERRE 17 février 2014
Dans le mythe, et comme font plus que le suggérer certains passages de ma pièce, dont la fin du sixième tableau de l’acte II, Tristan et Yseult ont bel et bien des relations charnelles (d’où l’épisode de la substitution, lors de la nuit de noces, de la vierge Brangien à Yseult qui ne l’est plus). Mais ici – et on retrouve toute la thématique de la magie sexuelle, et d’ailleurs aussi de l’amour profane lorsqu’il est vécu avec authenticité –, l’union charnelle représente un moyen indispensable suivant une telle voie initiatique ou simplement humaine, mais uniquement un moyen permettant d’accéder à une union d’ordre incommensurablement plus élevé. Ce n’est pas par hasard que l’existence terrestre d’Yseult s’achève alchimiquement (dans ma pièce, sinon dans le mythe) par L’Or de la lumière infinie.

L’emploi des hendécasyllabes suivi d’un décasyllabe 5/5 (au début de l’acte II, par exemple) est censé exprimer (on peut bien sûr chercher d’autres interprétations allant au-delà des intentions de l’auteur, qu’il ne se formule d’ailleurs pas à lui-même aussi explicitement que dans les présentes lignes), après une suite d’interrogations exprimées au moyen de ce vers imparfait par excellence (11, chiffre de l’initiation imparfaite : Tu ne seras pas un véritable Djeddaï tant que tu n’auras pas terminé ta formation, disait avec justesse Anakin Skywalker à son fils Luke dans le dernier épisode de La Guerre des étoiles ; eût-il parlé en vers – ! –, j’ose espérer qu’il l’eût fait en hendécasyllabes), une certitude au moyen du décasyllabe 5/5, vers solennel et même quelque peu funèbre (cf. parmi tant d’exemples le baudelairien Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,/Des divans profonds comme des tombeaux), comme si Marc pressentait le Destin.

En ce qui concerne la diérèse, je me conforme le plus souvent à l’usage courant, contrairement aux règles classiques et comme le préconisait Maurice Grammont, l’existence d’une diérèse correspondant au contraire à un effet sonore censé être évocateur. Pour les ci-erges, j’ai prévenu le lecteur dans l’avant-propos et j’attire son attention par un trait d’union. Cette diérèse me semble bien marquer la solennité du mariage royal, ou encore la rêverie de Marc qui lui apaise l’âme entre deux accès de tristesse. Cet effet sonore disparaîtrait si l’on intercalait un mot pour éviter cette diérèse, effectivement fautive au sens de la diction classique.


Séparée qu'elle est de moi par les flots sombres,

Le contraste formé par ce mètre donne une image sonore de l’incohérence des pensées successives qui investissent Marc. C’est également la raison pour laquelle Si loin, que même en contemplant les cieux sans fond n’a pas été conçu pour résonner comme un alexandrin, même s’il en est un. Par ailleurs (en s’éloignant un peu de la question que vous soulevez), la coupe 7/4 est destinée à montrer la rupture de l’élan énergique que faisait pressentir une unité rythmique de sept syllabes, prélude éventuel à un vers de quatorze syllabes.

Et le ciel et le vent (…)

Le choix d’un vers très long, et même d’une longueur semble-t-il inédite (le fameux dictionnaire de Charpentreau ne mentionne aucun mètre supérieur à vingt syllabes, ai-je appris après avoir choisi un mètre de vingt-deux pour cet unique vers), constitue essentiellement un effet visuel destiné au seul lecteur, effet qui tente d’exprimer l’accumulation des obstacles dressés entre Yseult et Marc (et ce dernier ne sait pas qu’il en est un plus considérable encore que tous les gouffres du monde !). La grande unité rythmique centrale, dont les abîmes gris et bleus ou noirs, donne cependant elle aussi une idée de cette accumulation, indépendamment du choix métrique quelque peu étrange, j’en conviens, d’un vers de vingt-deux syllabes.

Une parenthèse au sujet de décombre. Je ne me refuse pas la joie de créer des mots lorsque j’en aime la sonorité (endormement, encaparaçonné, se décombrer, que j’ai créé dans mon épopée Le Siège et qui signifie pour moi se transformer lentement en décombres), mais en modifier le genre est plus difficile à justifier, sinon par le fait que le féminin est plus poétique que le masculin pour décombres. Je suis heureusement sauvé par Martin du Gard (cela, je ne l’aurais jamais cru !) et par Malègue (?), cités par le TLF :


Rem. Se rencontre parfois au fém. Il faut (...) qu'un cyclone, (...) ait tout détruit, jusqu'aux dernières décombres! (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 72). Poussiéreuses décombres (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 156).

p. 44 : imprécation et malédiction. La diérèse me semble bien évoquer l’imprécation d’un spectre qui se prolonge dans la nuit, la synérèse la malédiction jetée tel un éclair. Bien sûr, rien de strictement classique dans ces considérations, mais (je me répète) la volonté d’utiliser comme des effets sonores la synérèse, prononciation naturelle à notre époque (et point inélégante, ce qui permet, me semble-t-il, de l’introduire dans des œuvres poétiques contemporaines) et surtout la diérèse (surtout, puisqu’elle n’est plus la formule sonore considérée comme allant de soi, et vise donc à susciter une impression particulière chez l’auditeur).

Au début de l’acte V, Nous avons peut être considéré comme une incidente, à laquelle je n’ai pas voulu donner la forme d’un vers de trois syllabes (qui eût nécessité une rime, l’effet spécifique lié à une rime orpheline ne me paraissant opportun, en général, que s’il est rare et se situe en fin de vers), qui annonce les différentes séquences de six syllabes – l’existence de deux vers de 18 syllabes renforçant, par l’éloignement de la rime qu’elle impose de façon mécanique, l’impression d’éloignement dans les espaces où les deux compagnons ont longtemps poursuivi leur errance. Voilà peut-être la raison majeure pour laquelle j’ai souvent utilisé des mètres longs dans Tristan et Yseult.


p. 88 : aéri-enne permet de découper le second hémistiche selon un schéma 2/4 au lieu de 3/3, ce qui suggère un mouvement d’envol, de fusion avec l’infini : l’anapeste plutôt que le spondée. En outre, la diérèse placée sur aéri-enne répond en écho à la diérèse d’apparition (que je n’ai pas signalée par un trait d’union, puisqu’elle se déduit de l’emplacement de la césure de cet alexandrin).

JACQUES COULARDEAU 17 FÈVRIER 2014


Cher Jean Hautepierre,


Je vous remercie de vos réactions. Je dois écrire pour Théâtres du Monde d'Avignon un article sur le thème de l'amour. je n'ai pas encore choisi de sujet précis. Mais Tristan et Yseult commence à m'intéresser.

Seulement je suis boulimique et la revue n'est pas obése, ou du moins évite de l'être. Mais il est vrai que l'intérêt de travailler sur un thème de ce genre est de remonter bien au delà d'une seule oeuvre.


Je vous informerai j'imagine de comment les choses bougent. Cet article ne sera écrit qu'en été car il est du en décembre.


Bien à vous et avec le plaisir d'une soirée dans un petit théâtre de poche qui était ma foi passablement bien rempli. J'ai fui juste après la lecture car j'embauchais très tôt le lendemain matin et j'étais épuisé.

Jacques


POST SCRIPT 31 DÉCEMBRE 2014
Après quelques milliers de pages lues, presque toutes les versions anciennes et modernes déchiffrées et défrichées, reprendre cette réécriture qui me fut un point de départ m’amène à faire quelques remarques supplémentaires.

Il y a d’abord l’effacement complet de la christianisation d’un fond culturel celtique au point que le moine Ogrin, loin de tenir le discours responsable qui condamne l’adultère et l’inceste (car cet adultère est quasiment un inceste puisque Tristan est le « fils » au moins adoptif de son oncle), appelle au repentir, à la confession, propose l’absolution moyennant une pénitence, apporte un anti-philtre sur la table comme pour combattre magiquement et non chrétiennement le philtre au moins magique sinon ensorcelé et donc diabolique qui est à la source de tous les maux.

Ce philtre bien sûr ne fonctionne pas, pas plus d’ailleurs que tous les philtres du monde (même Viagra n’a qu’un effet très limité dans le temps), mais révèle que l’amour est antérieur à l’absorption initiale, et Ogrin d’ailleurs le dit clairement page 73. Mais cette déchristianisation de la légende a pour conséquence d’effacer toutes les racines celtiques que l’on aurait pu attendre, d’autant plus que des monstres abattus, des monstres dignes de légendes anciennes et superstitieuses, ne sont pas en bon nombre.

Le Morholt est bien là et son tribut de chair humaine vivante, le dragon est bien là et sa ponction de chair humaine dûment tuée, l’orgueilleux est aussi là avec ses six frères et leur captive, chair humaine vivante, mais il manque le géant Urgan li Vilus et son tribut de chair animal vivante en vue d’une consommation alimentaire dûment abattue. Dans ce  creuset de trois qui en font quatre, trois qui prennent un tribut et un quatrième qui prend une prisonnière, trois qui empoisonnent Tristan et un quatrième qui meurt éborgné, amputé et fracassé, trois monstres dont le premier est plutôt humain, et un quatrième qui est franchement humain et démultiplié par six frères qui en font donc sept, la christianisation tient dans ce quatre qui dépasse la trinité laquelle peut sembler issue cependant des triades celtiques galloises par exemple : ce quatre est celui de la crucifixion, du sacrifice chrétien par lequel Tristan se doit de passer ainsi qu’Yseult pour être peut-être régénérés sans confession et sans absolution, sans extrême onction et sans prêtre au moment de la mort venue sans plus attendre. Et les six frères si proches de l’étoile de David et de la sagesse salomonique, donc de l’ennemi juif posé par principe antisémite et par passion anti-juive par les chrétiens du Moyen Âge sont dépassés en sept, la semaine sainte, la crucifixion pour sûr le quatrième ou le cinquième jour, mais aussi la résurrection le septième.


Toute cette dimension romane de l’histoire disparaît au profit d’une simple dimension romanesque, j’entends romantique. Mais justement à ce niveau là on ne peut guère faire mieux que Richard Wagner et Frank Martin et leurs épures romantiques en trois actes et trois tableaux. Wagner choisit le flagrant délit entre la potion magique sur le bateau et la mort finale des deux amants, alors que Frank Martin choisit entre les deux mêmes scènes initiale et finale la découverte des amants dormant dans leur caverne par le Roi Marc, scène donc d’un pardon au moins temporaire opposée à la scène de la condamnation sans retour possible. Wagner fait dans le drame romantique alors que Frank Martin fait dans une possible rédemption par le pardon.

La forme classique de la tragédie à la française en cinq actes, certains actes étant très encombrés de péripéties, empêche une telle épure et le drame romantique se perd un peu dans les aléas et rebondissements guerriers, y compris la réintroduction des trois félons, devenus quatre. Ce fait là n’est pas la première fois, au point même que Philippe Walter fait mourir Audret alors que les originaux (je ne l’ai encore trouvé qu’une seule fois) font que Tristan simplement lui casse le bras dans le tournoi précédant l’ordalie avec le Roi Arthur. Etrangement d’ailleurs dans cet élément médiéval et féodal des barons qui complotent (illégalement car ils sont des vassaux du Roi nécessairement de droit divin) et du nain sorcier et alchimiste, toute la dimension du passage d’un monde de simple violence, rapport de force, caprice du roi, condamnation sans droit de réponse, droit de défense et procédure régulière de mise en accusation et de contre-interrogatoire, à un monde de justice régulée et christianisée au point de faire appel à des jugements de Dieu que sont les ordalies, disparaît et est effacée. On perd terriblement le drame du flagrant délit wagnérien ou de la générosité du pardon martinien.


Si bien que la fin en est presque affaiblie comme n’étant plus qu’une péripétie alors qu’elle est la preuve au Moyen Âge que l’on ne peut pas pêcher sans    avoir un prix à payer dans ce monde comme dans l’autre et ce prix est la sépulture séparée, certes en terre sacralisée par une chapelle mais sans garantie précédant la mort, donc au seul bon vouloir de Dieu lui-même. La ronce mythique n’est que la marque d’un désir anciennement charnel et maintenant devenu végétal ou végétatif et son miracle est la preuve que Dieu approuve l’amour mais à condition que celui-ci reste dans les clous des commandements et de la loi mosaïque, et donc qu’il reste courtois, sans rapport charnel et exprimé avec des roses.

Cela aurait du mener aujourd’hui à la saisie de la dimension profondément psycho-sexuelle du drame. Pour Tristan, orphelin de naissance, castration œdipienne s’il en est, l’amour ne peut être que charnel mais comme compensation hétérosexuelle d’une mise en danger homosexuelle de chaque combat singulier ou non : l’arme phallique empoisonnée de Morholt, la langue fellatrice empoisonnée du dragon, l’arme tout aussi phallique d’Urgan li Vilus et la castration par éborgnement et amputation de la part de Tristan, et enfin la pieu phallique empoisonné de l’Orgueilleux. Les trois cités dans cette version sont on ne peut plus des actes homosexuels qui ne peuvent être soignés que par une femme, Yseut la Blonde. Notons que l’épisode de la farine et du sang est allégé dans cette version justement de cette dimension homosexuelle puisque dans l’original c’est une blessure de chasse causée par un sanglier mâle phallique et ses défenses tout aussi phalliques.


On perd donc un peu de modernité en évidant ce drame de l’orientation sexuelle d’un orphelin de naissance ayant perdu dans cette naissance ses repères de genre. Et il en mourra. La recherche de la femme dans l’adultère incestueux est une façon de prendre la place sexuelle de celui qui est à la fois un concurrent avec Yseult et un père pour lui : plus encore que désirer sa mère, il prend cette épouse de son père et par là même développe un rapport sexuel symbolique avec ce père. On pourrait parler d’une compensation œdipienne inversée (homosexuelle) du traumatisme de sa naissance.


Dr Jacques COULARDEAU



Tuesday, December 30, 2014

 

Warwick Rowers | Calendar 2015





We need more of those in our streets and on our rivers, like the Seine and the Dore

 

The complex christianization of our Celtic heritage

GOTTFRIED VON STRASSBURG – TRISTAN – 1210 – TRANSLATED ENTIRE FOR THE FIRST TIME – PENGUINS BOOKS, LONDON – 1960-1967-2004
GOTTFRIED VON STRAßBURG – TRISTAN UND ISOLDE – UEBERSEßT VON KARL SIMROCK – F. U. BROCKHAUS, LEIPZIG, 1855 – SPIEGEL ONLINE – PROJEKT GUTENBERG.DE - http://gutenberg.spiegel.de/buch/tristan-und-isolde-3160/1

A.T. Hatto in his introduction of the Penguins edition states page 9:

“The Tristan of Gottfried von Strassburg (fl 1210) has every right to be considered the classic form of the romance.”

This is both true and false: true since it is vastly developed and it demonstrates the Christianization of the tale has reached a fair level, but unluckily false since we miss the second half of the tale which is cut short before Tristan’s marriage to Isolde of the White Hands. But it is long and developed enough to enable us to understand why this story of forbidden love, I mean adulterous and quasi-incestuous, could be accepted in the Middle Ages, in the 12th and 13th centuries, two or three centuries after the main religious reform of the 9th-10th centuries. We should develop this religious reform to understand why these authors were not burnt at the stake, especially since this version insists on the witchcraft that Tristan would have used in some of his enterprises.


Before entering the discussion it is important to understand that “love” in English is not feminine, in spite of the Goddess of Love. Love is just as much feminine as masculine according to who feels it and who makes it. A man is a real man when he experiences love and eventually makes love to the person he loves. In a similar way a women is a real woman when she experiences love and eventually makes love to the person she loves. In a traditional approach, that of this romance, the couple has to be a man and a woman. But that is nothing but a convention. Love does not necessarily imply making love. In the text there is an opposition between “love” seen as feminine and “desire” seen as masculine (202). This reflects the vision of the time that the male lover was dominant. The feminine gender of “love” is of course transferred from German: the word used in the original is not “die Liebe” but “die Minne,” the older word for “love” that produced “Minnesänger” generally translated as “minstrel,” a poet, singer and musician that went from castle to castle to sing lays and other poems or romances generally centered on love, but also on heroic fights. This remark enables me to say right away that Tristan and Isolde must have had a long oral career in Wales, Cornwall, and maybe though marginally Ireland. There might also have been a Breton or maybe even Gaulish tradition. The Celtic roots of the tale are practically all erased in this versiun but they are quite strong in previous versions and in traditional documents quoting Tristan, or Dristan or Drystan such as the Triads of the Island of Britain from Wales. See Rachel Bromwich and her edition of these triads.

THE BEGINNING
This German version is written from previous French versions, in fact Anglo-French which is the Norman French dialect as it was spoken more than one century after Hastings (1066). English does not exist yet. The natives are speaking some Anglo-Saxon dialects or languages whereas the invaders or conquerors are speaking the French dialect of Normandy, a dialect of the Oil language of Northern France not to be mixed with Breton, Picard or Occitan. At the time, that of Eleanor of Aquitania for example, the most dynamic culture was in Occitania and the South West of what is France today. Troubadours existed already in some parts of Occitania. Trouvères did not exist yet. The first one, Conon de Béthune, was just born (c. 1150) and he wrote and spoke Picard and not Oil. Picard is highly different at the time from Oil language and Norman French or Anglo-French. Eleanor of Aquitania was speaking some Occitan dialect since she was from Monségur (in Gironde today) in the very heart of the vast Gascony of the time.


The father is presented as a military hero, a knight that gets his best reputation from fighting. He is a traditional warrior and as such he seduces the sister of the young king of Cornwall, Mark. She visits him under disguise when he is supposedly dying after a harsh battle and she revived him so much that on his “death”-bed he makes her pregnant. When he has to go home to defend his own territory she elopes with him. We assume that the advice to marry is actually respected though it is not clearly described. He goes to battle and is killed which means that he loses his territory to a certain Morgan. His wife Blancheflor delivers a boy and dies in childbirth. The boy will never know his mother alive since she dies when he was actually being born. He was born from a dead mother. He will be hidden under the name of Tristan, duly baptized, as one of the sons of the Steward or Marshall who will take care of what’s left of Parmenie, Tristan’s land after accepting the authority of the Morgan who killed Tristan’s father. This man, Tristan considers his father, is Rual li Foitenant.

He gets the best education which explains why he is abducted by Norwegian merchants who are at once taken in a storm and have to release Tristan in Cornwall. There he is helped by two pilgrims, joins a hunt and shows his mastery in venery by demonstrating how excoriation (the break-up), then the fourchie and finally the quarry are supposed to be performed. Taken to the court of King Mark he is at once accepted. He later demonstrates his musical talent by competing with a minstrel on the harp. He is only fourteen, which is the normal age of adulthood at the time for boys. Girls were often married as soon as the age of thirteen.


That’s when Rual who had been looking for Tristan finally arrives in Cornwall and is recognized by Tristan who introduces him as his father to King Mark. Tristan’s real identity is revealed. He is the direct cousin of King Mark who at once practically adopts him as his future heir declaring he has no intention of marrying and having an heir of his own. Tristan has to go back to Parmenie to avenge his father and kill Morgan.

CHRISTIAN HOD ANC CELTIC TRADITION
It is necessary at this moment to insist on the presence of God in this story. God is mentioned all the time as the only protector of humanity, of justice, of stability on earth. This is not a side remark. It is a fundamental characteristic of this version. Just in that constant reference to God the story has been Christianized to the utmost and this Christianization explains the eradication of all Celtic elements. But this eradication has to be based on a sacrifice of some sort and that will come with the Morold.


The Morold is the one who imposed a tribute onto Cornwall and England. Note we are definitely situated after King  Arthur, after the transition between the old ante-Christian world and the introduction of Christianity. It is extremely important to understand this new phase of the eradication of all Celtic and archaic practices. Morold is, as the text says, “justly slain” because “ he had placed his trust not in God but in his own strength, and had always come to battle with violence and pride, in which he was laid low.” (137) That is the difference with Tristan who has always invoked God and trusted God to support him in this battle because it is just in God’s own terms: it is a battle to get rid of an unacceptable tribute, reduced in this version to 30 boys and only boys (meaning still virginal hence before puberty, so between ten and twelve) from Cornwall and England each. Note the unity once again.

This is the first stage of the eradication of Celtic mythology and what is probably considered superstitions and identified as witchcraft in Queen Isolde and what the barons accuse Tristan of practicing.


The second step of this stage is the poisoned wound and its treatment. Tristan has to go to Ireland to get the proper treatment from Queen Isolde. He is taken there on a ship and he is accompanied by Curvenal. It’s only when they come close to Dublin that Tristan is set in a barque with some provisions and his harp. Once again the magic of the full trip done in a barque transported by winds and currents is gotten rid of because unrealistic. Now he is able to charm the people with his harp and singing. That enables him to get to the Queen and her daughter, the two Isolde. He is treated, healed and he instructs Princess Isolde in Latin, the art of writing, and playing string instruments (199). All that under the fake identity of Tantris

He comes back to Cornwall to be confronted to rumors about his witchcraft. He is called a trickster. King Mark is manipulated into accepting to marry to have an heir of his own and the woman chosen by the barons is Princess Isolde. They even suggest Tristan is supposed to go. So he gets ready for the second voyage with “twenty dependable knights . . . sixty mercenaries . . . twenty barons without pay.” (154) Tristan declares the ship as a merchant ship and he asks for protection from the King. This procedure is part of the Peace of God movement that developed, at the initiative of the Catholic Church from the end of the 10th century starting in Aurillac with the support of Occitan bishops from Le Puy, Clermont Ferrand and the bishop of Poitiers attached at the time to Gascony and Guyenne. That movement enabled merchants to travel and take part in important markets all over Europe. They were protected on their trips by local kings and nobles and then during their stays on the markets. Tristan uses that privilege and the King of Ireland grants him the favor. But the second stage of the eradication of Celtic roots comes with the killing of a dragon, one Indo-European rooted important symbol of Celtic culture. The hero has to kill the dragon in that tradition. But the whole scene is set so that it becomes a ritual sacrifice. First the hero is infested by the tongue of the dragon; then the head is removed by some cheater who wants to get the credit of the killing. This leads the whole killing of the dragon into a law suit in Ireland because the prize of the killing, the daughter of the king and half the kingdom, is bluntly refused by the Queen herself and of course the Princess.


THE DRAGON RITUAL
But, and that is the essential element, to refuse without forcing the king to be unfaithful they have to prove the fake killer is just that. So the two women go out and recuperate Tristan, heal him from the poisoning and he is the one who is going to save their day by proving, with the tongue, that he is the real killer. But He is discovered as being Tristan and not Tantris as he was pretending. That requires the two Isolde to be politicians and not avengers. It is rather easy for the queen but it is very difficult for the princess. Tristan is nevertheless accepted, even by the king at the request of the Queen and with the promise of an important gift. Tristan thus saves the day, the pretending fake killer is sent back to his fief and Isolde is won by Tristan for her to become the wife of his uncle. The second stage of this eradication is successful. Note this dragon was taking any time he wanted a tribute on the population of Ireland.

This second stage very clearly brings in the Peace of God in the negotiation and agreement around an alliance between the old foes of Ireland and Cornwall-England with the marriage of King Mark and Princess Isolde. The reconciliation is emphasized by the fact that Tristan speaks French or Breton with Curvenal and it is clearly stated that the Barons who take part in the celebration of this reconciliation cannot speak to the locals because they do not have the language, which is Irish Celtic. This is partly surprising but is important because the reconciliation is all the more seen as bridging more than a piece of sea, but also two cultures, two countries, two worlds. The reconciliation is also the proper time to repair the old tribute of Morold’s time: all surviving slaves that had been taken are authorized to go back to their families and are freed for that purpose.


Isolde is clearly depicted as unable to drop her hatred against Tristan and her desire to get vengeance for Morold’s death. That’s when she and Tristan are presented, by accident, by some young maids, with the philter. And Love is then shown as the “reconciler.” From this moment on love is the only passion that can exist between Isolde and Tristan. Love is described and identified in all possible ways. Till the end of the book. Love is an arch-disturber of tranquility, the way-layer of hearts, the reconciler able to purge hearts of enmity. Love can wound Tristan’s heart and soul with Isolde. Love is able to harass, torment, make Tristan suffer more than Honor or Loyalty. Love is a noose. Love is a dyer and it can paint lovers’ cheeks. Love has huntsmen, lovers. Isolde is Love’s falcon. Love brings suffering: it sees lovers “pining and languishing, sighing and sorrowing, musing and dreaming and changing color.” (200) Love is also a physician, as much as an ensnarer. Love is the instructor of perfidy, fraud and even murder. Love can gild your joys, but love is blindness. “Love’s blindness blinds outside and in” (275) But the author clearly opposes “love” seen as feminine and “desire” seen as masculine and the previous blindness is immediately, on the same page amplified: “no blindness blinds so utterly as lust and appetite.” (200) This is the very heart of the romance here: love is maybe dangerous, probably beautiful but love must not be abandoned to the domination of “lust” and “desire.”

That’s probably the most important originality of this romance. And yet the Celtic roots are not completely eradicated.


AFTER THE MARRIAGE
After the marriage Tristan and Isolde will continue their passion started on the ship with all traditional elements: the loss of Isolde’s virginity, Brangane’s substitution for the wedding night, the attempt to have Brangane killed (not by two serfs but by two knights) and its lucky failure, the metaphor of the pure white nightshirts. The traditional three (expanded to four in later versions) plotting barons are dropped but replaced by another triplet: Melot the dwarf, Mark the king and Marjodoc the Chief Steward. Of course we have the king – with the dwarf – spying from up in a tree, and the subsequent fake rendezvous. But what is essential is that this version insists constantly on justice and what is today called “due course of justice.” The king summons his council at his own initiative. In that council the best advice comes from the Bishop of the Thames, which leads to an ordeal: a judgment of God. Isolde will have to swear an oath on the reliquary of the country and then accept to seize a red-hot iron to prove her truth. She will arrange Tristan disguised as a pilgrim to carry her across some ford and to fall with her in his arms on the other bank. She will make fun on the incident and that will enable her to lie without lying with some double-entendre in her oath: “No man in the world had carnal knowledge of me or lay in my arms or beside me but you, always excepting the poor pilgrim whom, with your own eyes, you saw laying in my arms.” (247-248) She is lying and not lying since for the human audience the man in whose arms she fell is a pilgrim, hence not Tristan, whereas the man being Tristan in reality she did not lie in the eyes of God. And that is the main contradiction of this Christian religion and its confession. You can easily fool God. The author says is in quite more words than I.

“Thus it was made manifest and confirmed to all the world that Christ in His great virtue is pliant as a windblown sleeve. He falls into place and clings, whichever way you try Him, closely and smoothly, as He is bound to do. He is at the beck of every heart, for honest deeds or fraud. Be it deadly earnest or a game, He is just as you would have Him. This was amply revealed in the facile Queen. She was saved by her guile and by the doctored oath that went flying up to God, with the result that she redeemed her honor and was again much beloved of her lord Mark, and was praised, lauded, and esteemed among the people.” (248)


THIRD STAGE OF CELTIC ERADICATION
For no reason at all Tristan sails to Duke Gilan in Swales. There he will go through the third stage of the eradication of all Celtic old traditions. In order to obtain a very bewitched dog he will go out and kill a giant, Urgan li Vilus who is also a tribute taker, this time cattle from the Duke. Tristan will be successful, the third stage of the sacrifice will take place and be fulfilled. Tristan will win the bewitched little dog and have it sent to Isolde who completes the eradication by destroying the magic bell it carried. The dog will not be bewitched any more.

But now the old Celtic roots have been eradicated the story must go on as for love and the ethical morality that has to come. So rumors going on King Mark finally bans the two suspects. They disappear in some forest and live in a cave. The cave, dedicated to the Goddess of Love, is ”la fossiure a la gent amant” or “the Cave of Lovers.”


We should spend a good twenty pages on the description of the cave, in German if possible. But let me be slightly less verbose. The cave embodies various qualities of Love. Its roundness represents Love’s simplicity, no corners, no cunning, no treachery. Its breadth represents love’s power without end. Its height represents love’s aspiration to reach the crowning virtues. It being white, smooth and even represents love’s integrity and love’s constancy. The bed being made of crystal represents the full transparency and translucency of love. It has no lock or key outside on love’s gate, so you cannot enter it by treachery, by deceit or by force. Two bars outside are the seals of love. One is made of cedar, love’s discretion and understanding. The other is made of ivory, love’s purity and modesty. The spindle of tin is the symbol of love’s firm intent. The latch of gold is the symbol of success for love’s transports. Finally the three small windows in the cave represent kindness, humility and breeding. The light that comes through these three windows is the symbol of Honor, the dearest of all luminaries. And here we are in connection with two other fundamental allusion to Genesis.

THE LUMINARIES
When Tristan is revived from his swoon because of the dragon’s poisoned tongue, he says:

“Ah, merciful Lord, Thou has not forgotten me! Three lights encompass me, the rarest in all the world, joy and succor to many hearts, delight of many eyes – Isolde, the bright Sun; her mother isolde, the glad Dawn; and noble Brangane, the fair Full Moon!” (166)


And it will be repeated page 185-187.

Genesis 1:14-16 King James Version
“And God said, Let there be lights in the firmament of the heaven to divide the day from the night; and let them be for signs, and for seasons, and for days, and years:
And let them be for lights in the firmament of the heaven to give light upon the earth: and it was so.
And God made two great lights; the greater light to rule the day, and the lesser light to rule the night: he made the stars also.”


The binary character of these two luminaries, Sun and Moon, rejecting the stars out of this logic of light giving, is made ternary in the most beautiful Christian way with the metaphor of dawn, the daybreak that gives birth to the Sun itself applied to Queen Isolde, the mother of Princess Isolde. We can also note the social stratification that makes Brangane, Isolde’s cousin, a secondary person. Note the two luminaries, the Sun and the Moon, are not really sexualized in this context and their grammatical gender is rather not stiff in English, even if some popular version might see the Sun as being male and the Moon as being female. In German it is slightly different since “die lichte Sonne” is feminine, das fröhliche Morgenroth” is neuter and “der Vollmond” is masculine. We can wonder where the stars are. They are not very far. And they are attached to Tristan:

“On his head he wore an aureole of cunning workmanship – an excellent chaplet that burned like candlelight and from which topaz and sardonyx, chrysolite and ruby, shone out like stars.” (187-188)


These stars are Tristan. We have to see the Christian symbols of the aureole and the chaplet. We could also consider candlelight has going along with these two, building one more ternary group. And yet the Christian symbol of four is imposed onto these happy trinities. Sun, Dawn, Moon and the stars; Princess Isolde, Queen Isolde, Brangane and Tristan ring out like the crucifixion in standard Romanesque symbology. We should be more thorough with such numerical symbols and we would find some others like five, six, seven, eight and nine, all having a heavy meaning in Romanesque culture. But that would lead us too far here.

ADAM AND EVE
The last important element is connected with Genesis. It is the strongly anti-women discourse of this version of the romance. The philter that means hell for Tristan was prepared by a woman, entrusted to a woman, served by several women, drunk along with another woman and this last woman is heavily identified to Eve. But it is not only some standard reference.


When King Mark discovers the two lovers in the cave: he can’t go in because there is no way to open the gate. He can only look through one window. He blocks it with flowers and earth because the sun goes through and falls on Isolde’s face. So there is no ermine glove, no exchange of swords, no exchange of rings, no confession to a monk, no repentance (because the philter is no longer active or for any other reason), no reference to Saint John’s night, no absolution and no penitence. The king will just let them know they are welcome back, though he will at once suspect something, will finally come upon them lying together amorously in the garden one hot afternoon. They will be separated. No stake, no escape, no lepers, no chapel and Tristan’s leap, just the plain banning of Tristan. No killing of three or four barons. Just Tristan regressing to being a warrior in Germany and Arundel. That brings in Kaedin and Isolde of the White Hands. But we can overlook this beginning of this uncompleted second part of the story.

But let us come back to tha anti-Eve anti-women discourse.

“But indeed it is my firm belief today that Eve would never have done so [broken God’s commandment], had it never been forbidden her. In the first thing she ever did, she proved true to her nature and did what was forbidden. But as good judges will all agree, Eve might very well have denied herself just that one fruit. When all is said and done, she had all the rest at her pleasure without exception, yet she wanted none but that one thing in which she devoured her honor! Thus they are all daughters of Eve who are formed in Eve’s image after her. Oh for the man who could forbid all the Eves he might find today, who would abandon themselves and God because they were told not to do something! And since women are heirs to it, and nature promotes it in them, all honor and praise to the woman who nevertheless succeeds in abstaining! For when a woman grows in virtue despite her inherited instincts and gladly keeps her honor, reputation, and person intact, she is only a woman in name, but in spirit she is a man! . . . No, no, it is not Love, but her deadly enemy, the vile and shameful one, base Lechery! She brings no honor to the name of woman, as a true proverb says: “She who thinks to love many, by many is unloved!” Let the woman who desires to be loved by all first love herself and then show us all her love-tracks. If they are Love’s true traces, all will love in sympathy.” (277-278)


It may sound ambiguous but it is not. The idea that there should be no forbidden thing for women (not for men) is in a way hypocritical and it forgets the commandments are mostly negative. The first sentence might be the reflection of a slight awareness in this beginning 13th century that women are maybe starting to emerge, probably under the influence of the Catholic cult dedicated to Mary. But in this book there is no mention of Mary in anyway, the Holy Virgin or the Mother of God or whatever.

But I might consider there is such a spark of liberation on the side of women if one page later the author had not written:

“Now Tristan did just as Adam did; he took the fruit which his Eve offered him and with her ate his death.” (280)


The story then can be concluded at the moment of Tristan’s flight from Cornwall and Isolde as follows by the barons of the King’s council.

“Sire, it is very wrong of you continually to drag your wife and honor to judgment on scandalous charges without reason. You hate your honor and your wife, but most of all yourself! How can you ever be happy so long  as you thus injure your happiness in her, and make her the talk of the land? – for you have never discovered anything that goes against her honor. Why do you reproach the Queen? Why do you say that she is false, who never did a false act against you? My lord, by your honor, do not do so again! Have done with such infamy, for God’s sake and your own!” (282-283)

This spirit is definitely a reflection of what is happening in England for sure, but also in Europe at the time. In 1215, five years later, in Runnymede the barons of England in union with the Catholic Church of England imposed the Magna Carta onto King John and this Magna Carta for the first time recognized some rights to women, when they became widows, and some rights to children, when they became orphans. There is in this conclusion of the romance closing the first part of it, when Tristan was able to see Isolde        and satisfy his passion, the emergence of some kind of state of law, a law based not on the caprice of a ruler but on an agreed procedure to come to consensual decisions.


CONCLUSION
The tone is moralistic along a Christian line of ethics.

The Celtic heritage is entirely eliminated with three sacrifices to enforce that elimination: Morold, the dragon and Ungar Li Vilus.

The Peace of God is instated with the reconciliation between Ireland and Cornwall-England. Yet this Peace of God is difficult for Tristan who cannot manage to fit in that peaceful approach. He manages to break all consensual decisions.

This implies the survival of some kind of feudal militaristic practice, though not in England or Cornwall, or as far as we know in Ireland, but on the continent.


On the other hand we can see some kind of feudal state of law emerging with at the same time some procedure of justice that implies a due course of law.

Yet women who might have some say in some ways are globally rejected as the heirs of Eve who are able to lie even in order to manipulate God and Jesus themselves.

This version is a lot more advanced in Christianization and feudalization than older versions and it is proof that the 10th-12th century period, up to the beginning of the 13th century, is witnessing the shifting from old Celtic cultures to “modern” feudal Christian culture, though one reference is missing, the reference to Mary, the Mother of God.


Dr Jacques COULARDEAU



Friday, December 26, 2014

 

Voilà pourquoi votre fille est muette, Madame l'Université Française!

Grandes écoles : le virage raté du numérique

http://www.lenouveleconomiste.fr/grandes-ecoles-le-virage-rate-du-numerique-25447/

Par Patrick Arnoux
Publié le , Voir citations plus bas.

Quelques citations seulement, même si les citations sont les béquilles des imbéciles, selon Voltaire à qui on attribue cette servante d’atelier intellectuel à rouleau, isocèle ou non peu importe.

La situation est catastrophique. Les étudiants ne réalisent pas que les réseaux sociaux sont des sources d’information et les professeurs ne les utilisent pas comme source d’information ni comme moyen de communication. Dans les milieux professionnels les étudiants en formation alternés ne savent pas qu’il faut TOUJOURS accuser réception d’un email, particulièrement si un tel accusé de réception est demandé, et même si ce n’est pas le cas.

Je dois dire qu’il est RARE que des accusés de réception  demandés soient envoyés par de nombreux professionnels, y compris en poste depuis un certain temps.

Comment voulez-vous alors qu’ils soient conscients de la société du savoir et de l’économie du savoir, raison de plus former leurs étudiants à ce monde du savoir : « find, retrieve, communicate and exchange knowledge within an integrating process of diverse-guaranteed cooperation »

[En anglais dans mon texte car les trois quarts de cette définition ne sont pas exprimables en français, ne serait-ce que la garantie de la diversité de religion et d’orientation sexuelle dans le cadre même de la fonction productrice du travail. ON EST LAÏQUE EN FRANCE QUE DIABLE, Ooops PARDON ! MAIS QUE PEUT-ON DIRE AUTRE QUE LE DIABLE ? Franchement me disent certains, qu’est-ce qu’être homosexuel peut bien apporter à la conception d’une voiture, raison de plus être musulman. Un cancrelat futé (ou est-ce buté) m’a même dit un jour : « ce serait peut-être bon pour voiler les voitures qui sont des machines féminines. »]

Cette définition doit répondre à peu près aux besoins. On en est loin dans les universités françaises, dans les grandes écoles et dans les classes prépas. Mais je n’ai pas le droit de dire cela car j’ai dépassé la limite d’âge des universités publiques et à ce titre on m’a prié de ne plus encombrer la messagerie de la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur.

Il y a dans cela une vraie peur de la communication. Ils et elles rêvent du retour au bistrot de village et ils ne voient pas que c’est le passé et que cette communication n’est plus qu’une expérience de détente plus ou moins chaleureuse mais n’a rien à voir avec le monde moderne. Le Café du Commerce ne fait plus le monde, ni le refait d’ailleurs.

Dr Jacques COULARDEAU

« Les nouveaux modes de travail coopératif en équipe, le partage des connaissances, la mutualisation des compétences sont pourtant les pierres angulaires des organisations à l’ère digitale. »

« On aurait pu imaginer que la génération C – comme Connecté, Cloud, Collaboration, Communication, Créativité –, si intime des clics, soit non seulement une alliée gourmande des “forces de progrès”, mais un accélérateur de changement grâce à une turbo-appropriation des innovations de l’époque. Il n’en est rien. Leurs modes d’apprentissages sont différents : leur capacité d’attention est limitée et aux longs discours, ils préfèrent l’interactivité. “Souvent, ils ne savent même pas chercher dans une base bibliographique après deux années de prépas. Il faut donc qu’ils soient très accompagnés et les former à l’utilisation des outils, à la rédaction de documents structurés, à la recherche efficace d’informations, ce qui ne va pas toujours de soi. Ils sont familiers des applis, peu des machines” remarque Henri Isaac, à Dauphine. »


« Avec plusieurs casquettes, comme les énumère Nicolas Glady : “des animateurs de programmes à l’écoute des nouvelles tendances, mais surtout qui garantissent la rigueur académique nécessaire à la pérennité et le sérieux des institutions. Donner aux étudiants des ‘buzz words’ ou des techniques de management qui seront obsolètes dans 6 mois n’est pas satisfaisant”. »


« D’une façon très pragmatique, à Grenoble, Jean-François Fiorina, qui y dirige l’école de management, plaide pour des enseignements concrets alimentés par les start-up logées sur le campus. “Nous travaillons beaucoup avec les start-up que nous aidons grâce à notre incubateur. Ce qui permet à nos étudiants de travailler concrètement au SRM, [start-up research management, ndlr] dans les différentes dimensions de cette transformation numérique. Nous devons intégrer la compétence digitale dans tous les enseignements, une vraie culture générale avec des éléments de réflexion. Il ne s’agit absolument pas de former aux outils et applications, il faut raisonner en termes d’usages.” »

This page is powered by Blogger. Isn't yours?