Always between two trains, or two countries, or two towns, catch me if you can. You may find me in English, except if I am in Pali or some other more or less exotic language, or book. Have you tried the Dhammapada recently? If not, just give it a try, in Pali of course. You may also have a try at looking for me on the Internet, simply Coulardeau with Google, but on the global web, not on the French pages of it. Have a good trip.
Wednesday, December 31, 2014
En vers et contre tous, l'envers du décor
JEAN HAUTEPIERRE – TRISTAN ET YSEULT – PARDÈS, GREZ SUR LOING – 2013
AMAZON.FR 13 FÈVRIER 2014
Anglo-Saxon et Germanique en
terre Celte, 13 février 2014
Ce commentaire fait référence à cette
édition : Tristan et Yseult (Broché)
Rien à dire sur le choix de Tristan et
Yseult et la décision d’en faire une tragédie. On remarquera cependant que la
réécriture donne une architecture très serrée.
D’abord détruire le Morholt, ce
monstre à qui il faut donner trois cents jeunes gens et trois cents jeunes
filles tous les ans pour ses besoins de bouche, à la fois cannibales et
sanguinaires. Mais ce triste monstre est l’oncle de Yseult la Blonde, princesse
irlandaise.
Puis il faudra détruire le dragon qui
décime le pays d’Irlande, lui couper la langue et ainsi gagner la fille du roi,
Yseult la Blonde, en mariage.
Enfin avec Kaherdin à la demande de
Tristan le Nain il ira tuer Estult et ses six acolytes qui détiennent
prisonnière celle que Tristan le Nain aime.
Trois missions. Trois victoires contre
trois monstres ou bandes de barbares. Remarquons que les deux premiers épisodes
sont similaires à Beowulf, saga anglo-saxonne ancienne, qui lui aussi tue un
monstre – et sa mère pour détruire le moule d’où le monstre vient – et un
dragon. C’est un thème que l’on trouve très fréquemment dans les mythologies et
les légendes médiévales ou antérieures, avec des racines profondes dans des
cultures plus anciennes comme la culture grecque et son Minotaure qui lui aussi
exige des livraisons de jeunes gens et jeunes filles – ou est-ce seulement de
jeunes filles ? Le dragon remonte très loin, à la culture sumérienne et la
culture zoroastrienne qui ont évolué vers la culture mésopotamienne et la
culture védique dans le domaine indo-européen, ainsi qu’à la culture
colchidienne dans le domaine turkique intégrée à la mythologie grecque avec
Médée.
L’originalité de cette tragédie est
que chacun de ces exploits laisse Tristan empoisonné et mourant. Il sera soigné
par Yseult la Blonde la première fois à qui il fera croire qu’il est trouvère
ou troubadour et s’appelle Tantris. Il tombe follement amoureux.
Il sera à nouveau soigné par Yseult la
Blonde la deuxième fois bien qu’elle réalise alors qu’il est Tristan, celui qui
a tué son oncle le Morholt. Notons en passant que la haine contre les Irlandais
dans les îles britanniques ne date pas d’aujourd’hui même si on peut penser que
le présent et passé relativement récent ont entrainé la réécriture de certains
mythes dans le « bon » sens de la haine « justifiée ». Mais Tristan était venu
chercher Yseult la Blonde pour son oncle Marc, Roi de Cornouailles. D’où un
conflit d’intérêts. Pour passer outre ce conflit un filtre d’amour éternel est
fourni pour Marc et Yseult la Blonde quand ils se rencontreront. Hélas la
servante d’Yseult la Blonde sert le filtre à Tristan et Yseult justement.
Toute une cabale mène Tristan et Yseult en cavale dans la forêt pendant trois
ans où ils arrivent à vivre leur amour dans la pureté physique grâce à l’épée
de Tristan qu’ils posent entre eux deux la nuit pendant qu’ils dorment.
Marc découvre le stratagème et donc
vire sa cuti de la haine à l’amour retrouvé et reprend Yseult la Blonde.
Tristan part en Bretagne et épouse la sœur de Kaherdin, Yseult la Brune qui ne
dit rien mais consent et ne fait rien jusqu’à la dernière scène. Remarquons les
doublons que sont Tristan et Tristan le Nain, Yseult le Blonde et Yseult la
Brune.
Tristan est finalement la victime d’un
empoisonnement après le dernier exploit et se meurt lentement. Il demande à
Kaherdin d’aller chercher Yseult la Blonde pour qu’elle le guérisse.
Cette répétitivité de structure est très courante dans les mythes anciens, bien
que plus le mythe est ancien, plus il est répétitif en structure. Elle est ici
cependant mise en exergue fortement par la dernière scène.
Kaherdin qui ramène Yseult la Blonde dans son bateau, malgré la tempête, hisse
comme convenu une voile blanche pour annoncer l’heureuse nouvelle. Mais Yseult
la brune informe Tristan qui n’a pas vue sur l’océan que la voile est noire,
impliquant qu’Yseult n’est pas sur le bateau. Tristan meurt instantanément et
Yseult la Blonde mourra dès son arrivée à terre.
C’est là que le sens devient
mystérieux.
L’auteur a ajouté un contre-filtre qui
aurait pu annuler le premier si Tristan et Yseult n’avait pas été amoureux
avant l’absorption du premier. Ce n’est pas le cas donc cela n’apporte rien.
C’est une espèce de truc à la Roméo et Juliette totalement superflu. Par contre
la trahison de Yseult la Brune n’est pas explicitée et ne peut s’expliquer que
par sa jalousie. Je ne suis pas sûr que cela soit suffisant. Yseult la Brune
n’est pas suffisamment développée. Elle n’est qu’un doppelgänger. Mais elle est
la gâchette de la mort finale et son mensonge en est la balle, comme à nouveau
dans Roméo et Juliette. Une fausse interprétation tue Tristan et Yseult meurt
sur son corps. On peut remarquer qu’il n’y a pas de dimension amoureuse dans
Beowulf, mais il y en a une dans Siegfried, mythe germanique d’un grand
pourfendeur de dragons.
Mais cela mène à une autre
interprétation. L’amour, cette passion de l’âme et non du corps, bien qu’il
faille garder le corps sous contrôle, émerge dans le Moyen Âge comme une
conquête de l’homme sur la bête qu’il était avant et qu’il reste en profondeur.
On pense à l’amour courtois bien sûr. Mais il s’agit d’une évolution de la
culture humaine dans la tradition européenne située au Moyen Âge.
On voit émerger ce que l’on pourrait
appeler une empathie fusionnelle mentale et donc non pulsionnelle ou endocrine.
On remarquera que cela est très près des concepts bouddhistes et orientaux.
C’est dans ce creuset que l’amour est libéré de la sexualité et que
progressivement se développe une littérature amoureuse non érotique. C’est de
ce creuset que nait aujourd’hui, six siècles plus tard, une nouvelle conception
de l’amour qui est simplement ce que je viens de l’appeler, une empathie
fusionnelle mentale qui peut donc se développer entre deux personnes quelles
qu’elles soient.
L’hyper-dramatisation de la dimension
sexuelle de l’amour aujourd’hui avec les débats sur le mariage pour tous, la
théorie du genre et tous à poils empêche totalement l’émergence de la dimension
émotionnelle, de l’amour comme passion de l’âme, comme passion entre deux êtres
– ou plus – quels qu’ils soient et sans que la dimension sexuelle éventuelle –
et non obligatoire – obnubile les sentiments et les émotions.
Tristan et Yseult meurent d’amour
alors qu’ils n’ont pas consommé cet amour charnellement. Roméo et Juliette sont
un peu courts car ils ont consommé le fruit défendu, même si après un mariage,
cependant clandestin et tenu secret.
Il reste à parler du style. Nous avons
là une tragédie en vers. Ces vers sont réguliers mais des longueurs variables
peuvent se mêler. Je ne suis pas sûr cependant que cela soit pertinent pour la
scène car la diction prend des unités de souffle, trois, quatre, cinq ou six
pieds, voire, pourquoi pas sept, mais au-delà on passe à une autre unité de
souffle. Que les vers aient douze ou seize pieds importe peu. Ce qui est
important c’est qu’ils se décomposent en groupes réguliers ou contrastants de
trois, quatre, cinq, six, voire sept pieds. Et là je n’ai pas remarqué que cela
soit frappant. La rythmique interne des vers me semble plus proche du vers
libre car la diction est davantage une diction non emphatique, du moins dans la
lecture publique du mardi 4 février à l’Auguste Théâtre, Paris. Je dois dire
que les groupes de souffle n’étant pas des plus réguliers il est difficile de
donner de l’emphase à la diction. Cela d’ailleurs fait que les deux diérèses
inattendues mais soudainement nécessaires pour équilibre d’un vers nous font plus
sursauter que trouver un plaisir tout à coup renouvelé : « ci-erges » et «
aéri-enne ».
Je ne suis pas un spécialiste de
versification médiévale française, mais dans le domaine anglo-saxon et moyen
anglais d’où cette légende vient, et que je connais fort bien, la versification
était très formelle et régulière car elle était nécessairement chantée avec un
accompagnement musical joué par le trouvère ou le troubadour lui-même. Je ne
choisis pas entre les deux noms de ce poète car dans le domaine celtique ou
anglo-saxon on n’avait ni des trouvères (tradition de langue d’oïl ou picarde)
ni des troubadours (tradition de langue d’oc). Je verrai plutôt la tradition
Minnesang. Mais pour les Celtes, voyez Astérix. Cependant une chose est commune
à tous : ils s’accompagnaient musicalement et chantaient sur leur musique ; la
poésie était alors nécessairement être régulière. Voir en cela par exemple le
trouvère Conon de Béthune.
Le choix de l’écriture est alors à
mi-chemin entre une versification stricte et une versification libre. C’est un
choix mais cela ajoute-t-il quelque chose sur la scène ? Je pose la question et
n’ait pas de réponse. Encore faudrait-il voir ce qu’un génie de la
versification sur scène comme Daniel Mesguich en ferait.
Dr Jacques COULARDEAU
JEAN HAUTEPIERRE
17 février 2014
Dans le mythe, et comme font plus que le suggérer certains passages de ma
pièce, dont la fin du sixième tableau de l’acte II, Tristan et Yseult ont
bel et bien des relations charnelles (d’où l’épisode de la substitution, lors de
la nuit de noces, de la vierge Brangien à Yseult qui ne l’est plus). Mais
ici – et on retrouve toute la thématique de la magie sexuelle, et d’ailleurs
aussi de l’amour profane lorsqu’il est vécu avec authenticité –, l’union
charnelle représente un moyen indispensable suivant une telle voie initiatique
ou simplement humaine, mais uniquement un moyen permettant d’accéder à une
union d’ordre incommensurablement plus élevé. Ce n’est pas par hasard que l’existence terrestre d’Yseult s’achève
alchimiquement (dans ma pièce, sinon dans le mythe) par L’Or de la lumière
infinie.
L’emploi des hendécasyllabes suivi d’un décasyllabe 5/5 (au début de l’acte
II, par exemple) est censé exprimer (on peut bien sûr chercher d’autres
interprétations allant au-delà des intentions de l’auteur, qu’il ne se formule
d’ailleurs pas à lui-même aussi explicitement que dans les présentes lignes),
après une suite d’interrogations exprimées au moyen de ce vers imparfait par
excellence (11, chiffre de l’initiation imparfaite : Tu ne seras pas un
véritable Djeddaï tant que tu n’auras pas terminé ta formation, disait avec
justesse Anakin Skywalker à son fils Luke dans le dernier épisode de La Guerre
des étoiles ; eût-il parlé en vers – ! –, j’ose espérer qu’il
l’eût fait en hendécasyllabes), une certitude au moyen du décasyllabe 5/5, vers
solennel et même quelque peu funèbre (cf. parmi tant d’exemples le baudelairien
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,/Des divans profonds comme des
tombeaux), comme si Marc pressentait le Destin.
En ce qui concerne la diérèse, je me conforme le plus souvent à l’usage
courant, contrairement aux règles classiques et comme le préconisait Maurice
Grammont, l’existence d’une diérèse correspondant au contraire à un effet
sonore censé être évocateur. Pour les ci-erges, j’ai prévenu le lecteur dans
l’avant-propos et j’attire son attention par un trait d’union. Cette
diérèse me semble bien marquer la solennité du mariage royal, ou encore la
rêverie de Marc qui lui apaise l’âme entre deux accès de tristesse. Cet effet sonore disparaîtrait si l’on
intercalait un mot pour éviter cette diérèse, effectivement fautive au sens de
la diction classique.
Séparée qu'elle est de moi par les flots sombres,
Le contraste formé par ce mètre donne une image sonore de l’incohérence des
pensées successives qui investissent Marc. C’est également la raison
pour laquelle Si loin, que même en contemplant les cieux sans fond n’a pas été
conçu pour résonner comme un alexandrin, même s’il en est un. Par ailleurs (en s’éloignant un peu de la question
que vous soulevez), la coupe 7/4 est destinée à montrer la rupture de l’élan
énergique que faisait pressentir une unité rythmique de sept syllabes, prélude
éventuel à un vers de quatorze syllabes.
Et le ciel et le vent (…)
Le choix d’un vers très long, et même d’une longueur semble-t-il inédite
(le fameux dictionnaire de Charpentreau ne mentionne aucun mètre supérieur à
vingt syllabes, ai-je appris après avoir choisi un mètre de vingt-deux pour cet
unique vers), constitue essentiellement un effet visuel destiné au seul
lecteur, effet qui tente d’exprimer l’accumulation des obstacles dressés entre
Yseult et Marc (et ce dernier ne sait pas qu’il en est un plus considérable
encore que tous les gouffres du monde !). La grande unité rythmique centrale,
dont les abîmes gris et bleus ou noirs, donne cependant elle aussi une idée de
cette accumulation, indépendamment du choix métrique quelque peu étrange, j’en
conviens, d’un vers de vingt-deux syllabes.
Une parenthèse au sujet de décombre. Je ne me refuse pas la joie de
créer des mots lorsque j’en aime la sonorité (endormement, encaparaçonné, se
décombrer, que j’ai créé dans mon épopée Le Siège et qui signifie pour moi se
transformer lentement en décombres), mais en modifier le genre est plus difficile
à justifier, sinon par le fait que le féminin est plus poétique que le masculin
pour décombres. Je suis heureusement
sauvé par Martin du Gard (cela, je ne l’aurais jamais cru !) et par
Malègue (?), cités par le TLF :
Rem. Se rencontre parfois au fém. Il faut (...) qu'un cyclone, (...)
ait tout détruit, jusqu'aux dernières décombres! (MARTIN DU G., Thib., Été 14,
1936, p. 72). Poussiéreuses décombres (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 156).
p. 44 : imprécation et
malédiction. La diérèse me semble bien évoquer l’imprécation d’un spectre qui
se prolonge dans la nuit, la synérèse la malédiction jetée tel un éclair. Bien sûr, rien de strictement classique
dans ces considérations, mais (je me répète) la volonté d’utiliser comme des
effets sonores la synérèse, prononciation naturelle à notre époque (et point
inélégante, ce qui permet, me semble-t-il, de l’introduire dans des œuvres
poétiques contemporaines) et surtout la diérèse (surtout, puisqu’elle n’est
plus la formule sonore considérée comme allant de soi, et vise donc à susciter
une impression particulière chez l’auditeur).
Au début de l’acte V, Nous avons peut être considéré comme une incidente, à
laquelle je n’ai pas voulu donner la forme d’un vers de trois syllabes (qui eût
nécessité une rime, l’effet spécifique lié à une rime orpheline ne me
paraissant opportun, en général, que s’il est rare et se situe en fin de vers),
qui annonce les différentes séquences de six syllabes – l’existence de deux
vers de 18 syllabes renforçant, par l’éloignement de la rime qu’elle impose de
façon mécanique, l’impression d’éloignement dans les espaces où les deux
compagnons ont longtemps poursuivi leur errance. Voilà peut-être la raison
majeure pour laquelle j’ai souvent utilisé des mètres longs dans Tristan et
Yseult.
p. 88 : aéri-enne permet de découper le second hémistiche selon un
schéma 2/4 au lieu de 3/3, ce qui suggère un mouvement d’envol, de fusion avec
l’infini : l’anapeste plutôt que le spondée. En outre, la diérèse
placée sur aéri-enne répond en écho à la diérèse d’apparition (que je n’ai pas
signalée par un trait d’union, puisqu’elle se déduit de l’emplacement de la
césure de cet alexandrin).
Je vous remercie
de vos réactions. Je dois écrire pour Théâtres du Monde d'Avignon un article
sur le thème de l'amour. je n'ai pas encore choisi de sujet précis. Mais
Tristan et Yseult commence à m'intéresser.
Seulement je suis
boulimique et la revue n'est pas obése, ou du moins évite de l'être. Mais il
est vrai que l'intérêt de travailler sur un thème de ce genre est de remonter
bien au delà d'une seule oeuvre.
Je vous
informerai j'imagine de comment les choses bougent. Cet article ne sera écrit
qu'en été car il est du en décembre.
Bien à vous et
avec le plaisir d'une soirée dans un petit théâtre de poche qui était ma foi
passablement bien rempli. J'ai fui juste après la lecture car j'embauchais très
tôt le lendemain matin et j'étais épuisé.
Jacques
POST SCRIPT 31 DÉCEMBRE 2014
Après quelques milliers de pages lues, presque toutes les versions
anciennes et modernes déchiffrées et défrichées, reprendre cette réécriture qui
me fut un point de départ m’amène à faire quelques remarques supplémentaires.
Il y a d’abord l’effacement complet de la christianisation d’un fond
culturel celtique au point que le moine Ogrin, loin de tenir le discours
responsable qui condamne l’adultère et l’inceste (car cet adultère est
quasiment un inceste puisque Tristan est le « fils » au moins
adoptif de son oncle), appelle au repentir, à la confession, propose l’absolution
moyennant une pénitence, apporte un anti-philtre sur la table comme pour
combattre magiquement et non chrétiennement le philtre au moins magique sinon
ensorcelé et donc diabolique qui est à la source de tous les maux.
Ce philtre bien sûr ne fonctionne pas, pas plus d’ailleurs que tous les philtres
du monde (même Viagra n’a qu’un effet très limité dans le temps), mais révèle
que l’amour est antérieur à l’absorption initiale, et Ogrin d’ailleurs le dit
clairement page 73. Mais cette déchristianisation de la légende a pour
conséquence d’effacer toutes les racines celtiques que l’on aurait pu attendre,
d’autant plus que des monstres abattus, des monstres dignes de légendes
anciennes et superstitieuses, ne sont pas en bon nombre.
Le Morholt est bien là et son tribut de chair humaine vivante, le dragon
est bien là et sa ponction de chair humaine dûment tuée, l’orgueilleux est
aussi là avec ses six frères et leur captive, chair humaine vivante, mais il
manque le géant Urgan li Vilus et son tribut de chair animal vivante en vue d’une
consommation alimentaire dûment abattue. Dans ce creuset de trois qui en font quatre, trois
qui prennent un tribut et un quatrième qui prend une prisonnière, trois qui
empoisonnent Tristan et un quatrième qui meurt éborgné, amputé et fracassé,
trois monstres dont le premier est plutôt humain, et un quatrième qui est
franchement humain et démultiplié par six frères qui en font donc sept, la
christianisation tient dans ce quatre qui dépasse la trinité laquelle peut
sembler issue cependant des triades celtiques galloises par exemple : ce
quatre est celui de la crucifixion, du sacrifice chrétien par lequel Tristan se
doit de passer ainsi qu’Yseult pour être peut-être régénérés sans confession et
sans absolution, sans extrême onction et sans prêtre au moment de la mort venue
sans plus attendre. Et les six frères si proches de l’étoile de David et de la
sagesse salomonique, donc de l’ennemi juif posé par principe antisémite et par
passion anti-juive par les chrétiens du Moyen Âge sont dépassés en sept, la
semaine sainte, la crucifixion pour sûr le quatrième ou le cinquième jour, mais
aussi la résurrection le septième.
Toute cette dimension romane
de l’histoire disparaît au profit d’une simple dimension romanesque, j’entends romantique.
Mais justement à ce niveau là on ne peut guère faire mieux que Richard Wagner
et Frank Martin et leurs épures romantiques en trois actes et trois tableaux. Wagner
choisit le flagrant délit entre la potion magique sur le bateau et la mort
finale des deux amants, alors que Frank Martin choisit entre les deux mêmes
scènes initiale et finale la découverte des amants dormant dans leur caverne
par le Roi Marc, scène donc d’un pardon au moins temporaire opposée à la scène
de la condamnation sans retour possible. Wagner fait dans le drame romantique
alors que Frank Martin fait dans une possible rédemption par le pardon.
La forme classique de la tragédie à la française en cinq actes, certains
actes étant très encombrés de péripéties, empêche une telle épure et le drame
romantique se perd un peu dans les aléas et rebondissements guerriers, y
compris la réintroduction des trois félons, devenus quatre. Ce fait là n’est
pas la première fois, au point même que Philippe Walter fait mourir Audret
alors que les originaux (je ne l’ai encore trouvé qu’une seule fois) font que Tristan
simplement lui casse le bras dans le tournoi précédant l’ordalie avec le Roi
Arthur. Etrangement d’ailleurs dans cet élément médiéval et féodal des barons
qui complotent (illégalement car ils sont des vassaux du Roi nécessairement de
droit divin) et du nain sorcier et alchimiste, toute la dimension du passage d’un
monde de simple violence, rapport de force, caprice du roi, condamnation sans droit
de réponse, droit de défense et procédure régulière de mise en accusation et de
contre-interrogatoire, à un monde de justice régulée et christianisée au point
de faire appel à des jugements de Dieu que sont les ordalies, disparaît et est
effacée. On perd terriblement le drame du flagrant délit wagnérien ou de la
générosité du pardon martinien.
Si bien que la fin en est presque affaiblie comme n’étant plus qu’une
péripétie alors qu’elle est la preuve au Moyen Âge que l’on ne peut pas pêcher
sans avoir un prix à payer dans ce
monde comme dans l’autre et ce prix est la sépulture séparée, certes en terre
sacralisée par une chapelle mais sans garantie précédant la mort, donc au seul
bon vouloir de Dieu lui-même. La ronce mythique n’est que la marque d’un désir
anciennement charnel et maintenant devenu végétal ou végétatif et son miracle
est la preuve que Dieu approuve l’amour mais à condition que celui-ci reste
dans les clous des commandements et de la loi mosaïque, et donc qu’il reste
courtois, sans rapport charnel et exprimé avec des roses.
Cela aurait du mener aujourd’hui à la saisie de la dimension profondément psycho-sexuelle
du drame. Pour Tristan, orphelin de naissance, castration œdipienne s’il en
est, l’amour ne peut être que charnel mais comme compensation hétérosexuelle d’une
mise en danger homosexuelle de chaque combat singulier ou non : l’arme
phallique empoisonnée de Morholt, la langue fellatrice empoisonnée du dragon, l’arme
tout aussi phallique d’Urgan li Vilus et la castration par éborgnement et amputation
de la part de Tristan, et enfin la pieu phallique empoisonné de l’Orgueilleux. Les
trois cités dans cette version sont on ne peut plus des actes homosexuels qui
ne peuvent être soignés que par une femme, Yseut la Blonde. Notons que l’épisode
de la farine et du sang est allégé dans cette version justement de cette
dimension homosexuelle puisque dans l’original c’est une blessure de chasse
causée par un sanglier mâle phallique et ses défenses tout aussi phalliques.
On perd donc un peu de modernité en évidant ce drame de l’orientation
sexuelle d’un orphelin de naissance ayant perdu dans cette naissance ses
repères de genre. Et il en mourra. La recherche de la femme dans l’adultère
incestueux est une façon de prendre la place sexuelle de celui qui est à la
fois un concurrent avec Yseult et un père pour lui : plus encore que
désirer sa mère, il prend cette épouse de son père et par là même développe un
rapport sexuel symbolique avec ce père. On pourrait parler d’une compensation œdipienne
inversée (homosexuelle) du traumatisme de sa naissance.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 3:46 AM 0 comments
Tuesday, December 30, 2014
Warwick Rowers | Calendar 2015
We need more of those in our streets and on our rivers, like the Seine and the Dore
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 1:56 PM 0 comments
The complex christianization of our Celtic heritage
GOTTFRIED VON STRASSBURG – TRISTAN – 1210 – TRANSLATED
ENTIRE FOR THE FIRST TIME – PENGUINS BOOKS, LONDON – 1960-1967-2004
A.T. Hatto in his introduction of
the Penguins edition states page 9:
“The Tristan of Gottfried von Strassburg (fl 1210) has every right to be
considered the classic form of the romance.”
This is both true and false: true
since it is vastly developed and it demonstrates the Christianization of the
tale has reached a fair level, but unluckily false since we miss the second
half of the tale which is cut short before Tristan’s marriage to Isolde of the
White Hands. But it is long and developed enough to enable us to understand why
this story of forbidden love, I mean adulterous and quasi-incestuous, could be
accepted in the Middle Ages, in the 12th and 13th centuries,
two or three centuries after the main religious reform of the 9th-10th
centuries. We should develop this religious reform to understand why these
authors were not burnt at the stake, especially since this version insists on
the witchcraft that Tristan would have used in some of his enterprises.
Before entering the discussion it
is important to understand that “love” in English is not feminine, in spite of
the Goddess of Love. Love is just as much feminine as masculine according to
who feels it and who makes it. A man is a real man when he experiences love and
eventually makes love to the person he loves. In a similar way a women is a real
woman when she experiences love and eventually makes love to the person she
loves. In a traditional approach, that of this romance, the couple has to be a
man and a woman. But that is nothing but a convention. Love does not
necessarily imply making love. In the text there is an opposition between
“love” seen as feminine and “desire” seen as masculine (202). This reflects the
vision of the time that the male lover was dominant. The feminine gender of
“love” is of course transferred from German: the word used in the original is
not “die Liebe” but “die Minne,” the older word for “love” that produced
“Minnesänger” generally translated as “minstrel,” a poet, singer and musician
that went from castle to castle to sing lays and other poems or romances generally
centered on love, but also on heroic fights. This remark enables me to say
right away that Tristan and Isolde must have had a long oral career in Wales, Cornwall,
and maybe though marginally Ireland.
There might also have been a Breton or maybe even Gaulish tradition. The Celtic
roots of the tale are practically all erased in this versiun but they are quite
strong in previous versions and in traditional documents quoting Tristan, or
Dristan or Drystan such as the Triads of
the Island of Britain from Wales.
See Rachel Bromwich and her edition of these triads.
THE BEGINNING
This German version is written
from previous French versions, in fact Anglo-French which is the Norman French
dialect as it was spoken more than one century after Hastings (1066). English does not exist yet.
The natives are speaking some Anglo-Saxon dialects or languages whereas the
invaders or conquerors are speaking the French dialect of Normandy,
a dialect of the Oil language of Northern France
not to be mixed with Breton, Picard or Occitan. At the time, that of Eleanor of
Aquitania for example, the most dynamic culture was in Occitania and the South
West of what is France today. Troubadours existed already in some parts of
Occitania. Trouvères did not exist yet. The first one, Conon de Béthune, was
just born (c. 1150) and he wrote and spoke Picard and not Oil. Picard is highly
different at the time from Oil language and Norman French or Anglo-French.
Eleanor of Aquitania was speaking some Occitan dialect since she was from
Monségur (in Gironde today) in the very heart of the vast Gascony of the time.
The father is presented as a
military hero, a knight that gets his best reputation from fighting. He is a
traditional warrior and as such he seduces the sister of the young king of Cornwall, Mark. She
visits him under disguise when he is supposedly dying after a harsh battle and
she revived him so much that on his “death”-bed he makes her pregnant. When he
has to go home to defend his own territory she elopes with him. We assume that
the advice to marry is actually respected though it is not clearly described.
He goes to battle and is killed which means that he loses his territory to a
certain Morgan. His wife Blancheflor delivers a boy and dies in childbirth. The
boy will never know his mother alive since she dies when he was actually being
born. He was born from a dead mother. He will be hidden under the name of
Tristan, duly baptized, as one of the sons of the Steward or Marshall who will
take care of what’s left of Parmenie, Tristan’s land after accepting the
authority of the Morgan who killed Tristan’s father. This man, Tristan considers
his father, is Rual li Foitenant.
He gets the best education which
explains why he is abducted by Norwegian merchants who are at once taken in a
storm and have to release Tristan in Cornwall.
There he is helped by two pilgrims, joins a hunt and shows his mastery in
venery by demonstrating how excoriation (the break-up), then the fourchie and
finally the quarry are supposed to be performed. Taken to the court of King
Mark he is at once accepted. He later demonstrates his musical talent by
competing with a minstrel on the harp. He is only fourteen, which is the normal
age of adulthood at the time for boys. Girls were often married as soon as the
age of thirteen.
That’s when Rual who had been
looking for Tristan finally arrives in Cornwall
and is recognized by Tristan who introduces him as his father to King Mark. Tristan’s
real identity is revealed. He is the direct cousin of King Mark who at once
practically adopts him as his future heir declaring he has no intention of
marrying and having an heir of his own. Tristan has to go back to Parmenie to
avenge his father and kill Morgan.
CHRISTIAN HOD ANC
CELTIC TRADITION
It is necessary at this moment to
insist on the presence of God in this story. God is mentioned all the time as
the only protector of humanity, of justice, of stability on earth. This is not
a side remark. It is a fundamental characteristic of this version. Just in that
constant reference to God the story has been Christianized to the utmost and
this Christianization explains the eradication of all Celtic elements. But this
eradication has to be based on a sacrifice of some sort and that will come with
the Morold.
The Morold is the one who imposed
a tribute onto Cornwall and England. Note
we are definitely situated after King
Arthur, after the transition between the old ante-Christian world and
the introduction of Christianity. It is extremely important to understand this
new phase of the eradication of all Celtic and archaic practices. Morold is, as
the text says, “justly slain” because “ he had placed his trust not in God but
in his own strength, and had always come to battle with violence and pride, in
which he was laid low.” (137) That is the difference with Tristan who has always
invoked God and trusted God to support him in this battle because it is just in
God’s own terms: it is a battle to get rid of an unacceptable tribute, reduced
in this version to 30 boys and only boys (meaning still virginal hence before
puberty, so between ten and twelve) from Cornwall and England each. Note the
unity once again.
This is the first stage of the
eradication of Celtic mythology and what is probably considered superstitions
and identified as witchcraft in Queen Isolde and what the barons accuse Tristan
of practicing.
The second step of this stage is
the poisoned wound and its treatment. Tristan has to go to Ireland to get
the proper treatment from Queen Isolde. He is taken there on a ship and he is
accompanied by Curvenal. It’s only when they come close to Dublin that Tristan is set in a barque with
some provisions and his harp. Once again the magic of the full trip done in a
barque transported by winds and currents is gotten rid of because unrealistic.
Now he is able to charm the people with his harp and singing. That enables him
to get to the Queen and her daughter, the two Isolde. He is treated, healed and
he instructs Princess Isolde in Latin, the art of writing, and playing string
instruments (199). All that under the fake identity of Tantris
He comes back to Cornwall to be confronted to rumors about his
witchcraft. He is called a trickster. King Mark is manipulated into accepting
to marry to have an heir of his own and the woman chosen by the barons is
Princess Isolde. They even suggest Tristan is supposed to go. So he gets ready
for the second voyage with “twenty dependable knights . . . sixty mercenaries .
. . twenty barons without pay.” (154) Tristan declares the ship as a merchant
ship and he asks for protection from the King. This procedure is part of the
Peace of God movement that developed, at the initiative of the Catholic Church
from the end of the 10th century starting in Aurillac with the
support of Occitan bishops from Le Puy, Clermont Ferrand and the bishop of Poitiers attached at the time to Gascony
and Guyenne. That movement enabled merchants
to travel and take part in important markets all over Europe.
They were protected on their trips by local kings and nobles and then during
their stays on the markets. Tristan uses that privilege and the King of Ireland
grants him the favor. But the second stage of the eradication of Celtic roots
comes with the killing of a dragon, one Indo-European rooted important symbol
of Celtic culture. The hero has to kill the dragon in that tradition. But the
whole scene is set so that it becomes a ritual sacrifice. First the hero is
infested by the tongue of the dragon; then the head is removed by some cheater
who wants to get the credit of the killing. This leads the whole killing of the
dragon into a law suit in Ireland because the prize of the killing, the
daughter of the king and half the kingdom, is bluntly refused by the Queen
herself and of course the Princess.
THE DRAGON RITUAL
But, and that is the essential
element, to refuse without forcing the king to be unfaithful they have to prove
the fake killer is just that. So the two women go out and recuperate Tristan,
heal him from the poisoning and he is the one who is going to save their day by
proving, with the tongue, that he is the real killer. But He is discovered as
being Tristan and not Tantris as he was pretending. That requires the two Isolde
to be politicians and not avengers. It is rather easy for the queen but it is
very difficult for the princess. Tristan is nevertheless accepted, even by the
king at the request of the Queen and with the promise of an important gift.
Tristan thus saves the day, the pretending fake killer is sent back to his fief
and Isolde is won by Tristan for her to become the wife of his uncle. The
second stage of this eradication is successful. Note this dragon was taking any
time he wanted a tribute on the population of Ireland.
This second stage very clearly
brings in the Peace of God in the negotiation and agreement around an alliance
between the old foes of Ireland
and Cornwall-England with the marriage of King Mark and Princess Isolde. The
reconciliation is emphasized by the fact that Tristan speaks French or Breton
with Curvenal and it is clearly stated that the Barons who take part in the
celebration of this reconciliation cannot speak to the locals because they do
not have the language, which is Irish Celtic. This is partly surprising but is
important because the reconciliation is all the more seen as bridging more than
a piece of sea, but also two cultures, two countries, two worlds. The
reconciliation is also the proper time to repair the old tribute of Morold’s
time: all surviving slaves that had been taken are authorized to go back to
their families and are freed for that purpose.
Isolde is clearly depicted as
unable to drop her hatred against Tristan and her desire to get vengeance for
Morold’s death. That’s when she and Tristan are presented, by accident, by some
young maids, with the philter. And Love is then shown as the “reconciler.” From
this moment on love is the only passion that can exist between Isolde and
Tristan. Love is described and identified in all possible ways. Till the end of
the book. Love is an arch-disturber of tranquility, the way-layer of hearts,
the reconciler able to purge hearts of enmity. Love can wound Tristan’s heart
and soul with Isolde. Love is able to harass, torment, make Tristan suffer more
than Honor or Loyalty. Love is a noose. Love is a dyer and it can paint lovers’
cheeks. Love has huntsmen, lovers. Isolde is Love’s falcon. Love brings
suffering: it sees lovers “pining and languishing, sighing and sorrowing,
musing and dreaming and changing color.” (200) Love is also a physician, as
much as an ensnarer. Love is the instructor of perfidy, fraud and even murder.
Love can gild your joys, but love is blindness. “Love’s blindness blinds
outside and in” (275) But the author clearly opposes “love” seen as feminine
and “desire” seen as masculine and the previous blindness is immediately, on
the same page amplified: “no blindness blinds so utterly as lust and appetite.”
(200) This is the very heart of the romance here: love is maybe dangerous,
probably beautiful but love must not be abandoned to the domination of “lust”
and “desire.”
That’s probably the most
important originality of this romance. And yet the Celtic roots are not
completely eradicated.
AFTER THE MARRIAGE
After the marriage Tristan and
Isolde will continue their passion started on the ship with all traditional
elements: the loss of Isolde’s virginity, Brangane’s substitution for the
wedding night, the attempt to have Brangane killed (not by two serfs but by two
knights) and its lucky failure, the metaphor of the pure white nightshirts. The
traditional three (expanded to four in later versions) plotting barons are
dropped but replaced by another triplet: Melot the dwarf, Mark the king and
Marjodoc the Chief Steward. Of course we have the king – with the dwarf –
spying from up in a tree, and the subsequent fake rendezvous. But what is
essential is that this version insists constantly on justice and what is today
called “due course of justice.” The king summons his council at his own
initiative. In that council the best advice comes from the Bishop of the Thames, which leads to an ordeal: a judgment of God.
Isolde will have to swear an oath on the reliquary of the country and then
accept to seize a red-hot iron to prove her truth. She will arrange Tristan
disguised as a pilgrim to carry her across some ford and to fall with her in
his arms on the other bank. She will make fun on the incident and that will
enable her to lie without lying with some double-entendre in her oath: “No man
in the world had carnal knowledge of me or lay in my arms or beside me but you,
always excepting the poor pilgrim whom, with your own eyes, you saw laying in
my arms.” (247-248) She is lying and not lying since for the human audience the
man in whose arms she fell is a pilgrim, hence not Tristan, whereas the man
being Tristan in reality she did not lie in the eyes of God. And that is the
main contradiction of this Christian religion and its confession. You can
easily fool God. The author says is in quite more words than I.
“Thus it was made manifest and
confirmed to all the world that Christ in His great virtue is pliant as a
windblown sleeve. He falls into place and clings, whichever way you try Him,
closely and smoothly, as He is bound to do. He is at the beck of every heart,
for honest deeds or fraud. Be it deadly earnest or a game, He is just as you
would have Him. This was amply revealed in the facile Queen. She was saved by
her guile and by the doctored oath that went flying up to God, with the result
that she redeemed her honor and was again much beloved of her lord Mark, and
was praised, lauded, and esteemed among the people.” (248)
THIRD STAGE OF CELTIC
ERADICATION
For no reason at all Tristan
sails to Duke Gilan in Swales. There he will go through the third stage of the
eradication of all Celtic old traditions. In order to obtain a very bewitched
dog he will go out and kill a giant, Urgan li Vilus who is also a tribute
taker, this time cattle from the Duke. Tristan will be successful, the third
stage of the sacrifice will take place and be fulfilled. Tristan will win the
bewitched little dog and have it sent to Isolde who completes the eradication
by destroying the magic bell it carried. The dog will not be bewitched any
more.
But now the old Celtic roots have
been eradicated the story must go on as for love and the ethical morality that
has to come. So rumors going on King Mark finally bans the two suspects. They
disappear in some forest and live in a cave. The cave, dedicated to the Goddess
of Love, is ”la fossiure a la gent amant” or “the Cave of Lovers.”
We should spend a good twenty
pages on the description of the cave, in German if possible. But let me be
slightly less verbose. The cave embodies various qualities of Love. Its
roundness represents Love’s simplicity, no corners, no cunning, no treachery.
Its breadth represents love’s power without end. Its height represents love’s
aspiration to reach the crowning virtues. It being white, smooth and even
represents love’s integrity and love’s constancy. The bed being made of crystal
represents the full transparency and translucency of love. It has no lock or
key outside on love’s gate, so you cannot enter it by treachery, by deceit or
by force. Two bars outside are the seals of love. One is made of cedar, love’s
discretion and understanding. The other is made of ivory, love’s purity and
modesty. The spindle of tin is the symbol of love’s firm intent. The latch of
gold is the symbol of success for love’s transports. Finally the three small
windows in the cave represent kindness, humility and breeding. The light that
comes through these three windows is the symbol of Honor, the dearest of all
luminaries. And here we are in connection with two other fundamental allusion
to Genesis.
THE LUMINARIES
When Tristan is revived from his
swoon because of the dragon’s poisoned tongue, he says:
“Ah, merciful Lord, Thou has not
forgotten me! Three lights encompass me, the rarest in all the world, joy and
succor to many hearts, delight of many eyes – Isolde, the bright Sun; her
mother isolde, the glad Dawn; and noble Brangane, the fair Full Moon!” (166)
And it will be repeated page 185-187.
Genesis 1:14-16 King James
Version
“And God said, Let there be
lights in the firmament of the heaven to divide the day from the night; and let
them be for signs, and for seasons, and for days, and years:
And let them be for lights in the
firmament of the heaven to give light upon the earth: and it was so.
And God made two great lights; the
greater light to rule the day, and the
lesser light to rule the night: he made the stars also.”
The binary character of these two
luminaries, Sun and Moon, rejecting the stars out of this logic of light giving,
is made ternary in the most beautiful Christian way with the metaphor of dawn,
the daybreak that gives birth to the Sun itself applied to Queen Isolde, the
mother of Princess Isolde. We can also note the social stratification that
makes Brangane, Isolde’s cousin, a secondary person. Note the two luminaries,
the Sun and the Moon, are not really sexualized in this context and their
grammatical gender is rather not stiff in English, even if some popular version
might see the Sun as being male and the Moon as being female. In German it is
slightly different since “die lichte Sonne” is feminine, das fröhliche Morgenroth”
is neuter and “der Vollmond” is masculine. We can wonder where the stars are.
They are not very far. And they are attached to Tristan:
“On his head he wore an aureole
of cunning workmanship – an excellent chaplet that burned like candlelight and
from which topaz and sardonyx, chrysolite and ruby, shone out like stars.” (187-188)
These stars are Tristan. We have
to see the Christian symbols of the aureole and the chaplet. We could also
consider candlelight has going along with these two, building one more ternary
group. And yet the Christian symbol of four is imposed onto these happy
trinities. Sun, Dawn, Moon and the stars; Princess Isolde, Queen Isolde,
Brangane and Tristan ring out like the crucifixion in standard Romanesque
symbology. We should be more thorough with such numerical symbols and we would
find some others like five, six, seven, eight and nine, all having a heavy
meaning in Romanesque culture. But that would lead us too far here.
ADAM AND EVE
The last important element is
connected with Genesis. It is the strongly anti-women discourse of this version
of the romance. The philter that means hell for Tristan was prepared by a
woman, entrusted to a woman, served by several women, drunk along with another
woman and this last woman is heavily identified to Eve. But it is not only some
standard reference.
When King Mark discovers the two
lovers in the cave: he can’t go in because there is no way to open the gate. He
can only look through one window. He blocks it with flowers and earth because
the sun goes through and falls on Isolde’s face. So there is no ermine glove,
no exchange of swords, no exchange of rings, no confession to a monk, no
repentance (because the philter is no longer active or for any other reason),
no reference to Saint John’s night, no absolution and no penitence. The king
will just let them know they are welcome back, though he will at once suspect
something, will finally come upon them lying together amorously in the garden
one hot afternoon. They will be separated. No stake, no escape, no lepers, no
chapel and Tristan’s leap, just the plain banning of Tristan. No killing of
three or four barons. Just Tristan regressing to being a warrior in Germany
and Arundel. That brings in Kaedin and Isolde of the White Hands. But we can
overlook this beginning of this uncompleted second part of the story.
But let us come back to tha
anti-Eve anti-women discourse.
“But indeed it is my firm belief
today that Eve would never have done so [broken God’s commandment], had it
never been forbidden her. In the first thing she ever did, she proved true to
her nature and did what was forbidden. But as good judges will all agree, Eve
might very well have denied herself just that one fruit. When all is said and
done, she had all the rest at her pleasure without exception, yet she wanted
none but that one thing in which she devoured her honor! Thus they are all
daughters of Eve who are formed in Eve’s image after her. Oh for the man who
could forbid all the Eves he might find today, who would abandon themselves and
God because they were told not to do something! And since women are heirs to
it, and nature promotes it in them, all honor and praise to the woman who nevertheless
succeeds in abstaining! For when a woman grows in virtue despite her
inherited instincts and gladly keeps her honor, reputation, and person intact,
she is only a woman in name, but in spirit she is a man! . . . No, no, it is
not Love, but her deadly enemy, the vile and shameful one, base Lechery! She
brings no honor to the name of woman, as a true proverb says: “She who thinks
to love many, by many is unloved!” Let the woman who desires to be loved by all
first love herself and then show us all her love-tracks. If they are Love’s
true traces, all will love in sympathy.” (277-278)
It may sound ambiguous but it is
not. The idea that there should be no forbidden thing for women (not for men)
is in a way hypocritical and it forgets the commandments are mostly negative.
The first sentence might be the reflection of a slight awareness in this
beginning 13th century that women are maybe starting to emerge,
probably under the influence of the Catholic cult dedicated to Mary. But in
this book there is no mention of Mary in anyway, the Holy Virgin or the Mother
of God or whatever.
But I might consider there is
such a spark of liberation on the side of women if one page later the author
had not written:
“Now Tristan did just as Adam
did; he took the fruit which his Eve offered him and with her ate his death.” (280)
The story then can be concluded
at the moment of Tristan’s flight from Cornwall
and Isolde as follows by the barons of the King’s council.
“Sire, it is very wrong of you
continually to drag your wife and honor to judgment on scandalous charges
without reason. You hate your honor and your wife, but most of all yourself!
How can you ever be happy so long as you
thus injure your happiness in her, and make her the talk of the land? – for you
have never discovered anything that goes against her honor. Why do you reproach
the Queen? Why do you say that she is false, who never did a false act against
you? My lord, by your honor, do not do so again! Have done with such infamy,
for God’s sake and your own!” (282-283)
This spirit is definitely a
reflection of what is happening in England
for sure, but also in Europe at the time. In
1215, five years later, in Runnymede the barons of England in union with the Catholic
Church of England imposed the Magna Carta onto King John and this Magna Carta
for the first time recognized some rights to women, when they became widows,
and some rights to children, when they became orphans. There is in this
conclusion of the romance closing the first part of it, when Tristan was able
to see Isolde and satisfy his
passion, the emergence of some kind of state of law, a law based not on the
caprice of a ruler but on an agreed procedure to come to consensual decisions.
CONCLUSION
The tone is moralistic along a
Christian line of ethics.
The Celtic heritage is entirely
eliminated with three sacrifices to enforce that elimination: Morold, the
dragon and Ungar Li Vilus.
The Peace of God is instated with
the reconciliation between Ireland
and Cornwall-England. Yet this Peace of God is difficult for Tristan who cannot
manage to fit in that peaceful approach. He manages to break all consensual
decisions.
This implies the survival of some
kind of feudal militaristic practice, though not in England
or Cornwall, or as far as we know in Ireland, but on
the continent.
On the other hand we can see some
kind of feudal state of law emerging with at the same time some procedure of
justice that implies a due course of law.
Yet women who might have some say
in some ways are globally rejected as the heirs of Eve who are able to lie even
in order to manipulate God and Jesus themselves.
This version is a lot more
advanced in Christianization and feudalization than older versions and it is
proof that the 10th-12th century period, up to the
beginning of the 13th century, is witnessing the shifting from old
Celtic cultures to “modern” feudal Christian culture, though one reference is
missing, the reference to Mary, the Mother of God.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 10:05 AM 0 comments
Friday, December 26, 2014
Voilà pourquoi votre fille est muette, Madame l'Université Française!
Quelques citations seulement, même si les citations sont
les béquilles des imbéciles, selon Voltaire à qui on attribue cette servante
d’atelier intellectuel à rouleau, isocèle ou non peu importe.
La situation est catastrophique. Les étudiants ne
réalisent pas que les réseaux sociaux sont des sources d’information et les
professeurs ne les utilisent pas comme source d’information ni comme moyen de
communication. Dans les milieux professionnels les étudiants en formation
alternés ne savent pas qu’il faut TOUJOURS accuser réception d’un email,
particulièrement si un tel accusé de réception est demandé, et même si ce n’est
pas le cas.
Je dois dire qu’il est RARE que des accusés de
réception demandés soient envoyés par de
nombreux professionnels, y compris en poste depuis un certain temps.
Comment voulez-vous alors qu’ils soient conscients de la
société du savoir et de l’économie du savoir, raison de plus former leurs
étudiants à ce monde du savoir : « find, retrieve, communicate and
exchange knowledge within an integrating process of diverse-guaranteed
cooperation »
[En anglais dans mon texte car les trois quarts de cette
définition ne sont pas exprimables en français, ne serait-ce que la garantie de
la diversité de religion et d’orientation sexuelle dans le cadre même de la
fonction productrice du travail. ON EST LAÏQUE EN FRANCE QUE DIABLE, Ooops PARDON !
MAIS QUE PEUT-ON DIRE AUTRE QUE LE DIABLE ?Franchement me disent
certains, qu’est-ce qu’être homosexuel peut bien apporter à la conception d’une
voiture, raison de plus être musulman. Un cancrelat futé (ou est-ce buté) m’a
même dit un jour : « ce serait peut-être bon pour voiler les voitures
qui sont des machines féminines. »]
Cette définition doit répondre à peu près aux besoins. On
en est loin dans les universités françaises, dans les grandes écoles et dans
les classes prépas. Mais je n’ai pas le droit de dire cela car j’ai dépassé la
limite d’âge des universités publiques et à ce titre on m’a prié de ne plus
encombrer la messagerie de la Société des Anglicistes de l’Enseignement
Supérieur.
Il y a dans cela une vraie peur de la communication. Ils
et elles rêvent du retour au bistrot de village et ils ne voient pas que c’est
le passé et que cette communication n’est plus qu’une expérience de détente
plus ou moins chaleureuse mais n’a rien à voir avec le monde moderne. Le Café
du Commerce ne fait plus le monde, ni le refait d’ailleurs.
Dr Jacques COULARDEAU
« Les nouveaux modes de travail coopératif en
équipe, le partage des connaissances, la mutualisation des compétences sont
pourtant les pierres angulaires des organisations à l’ère digitale. »
« On aurait pu imaginer que la génération C – comme
Connecté, Cloud, Collaboration, Communication, Créativité –, si intime des
clics, soit non seulement une alliée gourmande des “forces de progrès”, mais un
accélérateur de changement grâce à une turbo-appropriation des innovations de
l’époque. Il n’en est rien. Leurs modes d’apprentissages sont différents : leur
capacité d’attention est limitée et aux longs discours, ils préfèrent
l’interactivité. “Souvent, ils ne savent même pas chercher dans une base
bibliographique après deux années de prépas. Il faut donc qu’ils soient très
accompagnés et les former à l’utilisation des outils, à la rédaction de
documents structurés, à la recherche efficace d’informations, ce qui ne va pas
toujours de soi. Ils sont familiers des applis, peu des machines” remarque
Henri Isaac, à Dauphine. »
« Avec plusieurs casquettes, comme les énumère
Nicolas Glady : “des animateurs de programmes à l’écoute des nouvelles
tendances, mais surtout qui garantissent la rigueur académique nécessaire à la
pérennité et le sérieux des institutions. Donner aux étudiants des ‘buzz words’
ou des techniques de management qui seront obsolètes dans 6 mois n’est pas
satisfaisant”. »
« D’une façon très pragmatique, à Grenoble,
Jean-François Fiorina, qui y dirige l’école de management, plaide pour des
enseignements concrets alimentés par les start-up logées sur le campus. “Nous
travaillons beaucoup avec les start-up que nous aidons grâce à notre
incubateur. Ce qui permet à nos étudiants de travailler concrètement au SRM,
[start-up research management, ndlr] dans les différentes dimensions de cette transformation
numérique. Nous devons intégrer la compétence digitale dans tous les
enseignements, une vraie culture générale avec des éléments de réflexion. Il ne
s’agit absolument pas de former aux outils et applications, il faut raisonner
en termes d’usages.” »
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 1:45 PM 0 comments
6 years spent in foreign countries: 1 year in North Carolina USA, 1 year in California USA, 1 year in Zaïre (Kinshasa), 3 months (2005, August-November) in Sri Lanka on research with an NGO attached to the UNESCO site of Sigiriya, numerous shorter periods in Great Britain, Ireland, Belgium, the Netherlands, Germany (East and West), Austria, among others