ALEXIS MICHALIK – EDMOND – 2019
Voilà un film dont on ne peut rien dire vraiment car il est
parfait, tel que nous ne pouvons que le rêver de bout en bout, alors pourquoi alourdir
le verdict d’une dissection décortiquante. Bien sûr que nous portons en mémoire
cinq ou six versions de cette pièce que nous avons vues dans des théâtres ou au
cinéma. Bien sûr que nous ne pouvons que penser à Depardieu, mais ici le rôle
étant explosé entre la vie réelle et la pièce, entre l’auteur, Edmond Rostand
qui crée et invente la pièce, lettre à lettre, et dieu sait s’il en écrit beaucoup,
certainement plus de trois car SOT n’est pas dans notre univers, et d’autre
part un de ses amis qui jouera un second rôle et qui est amoureux d’une actrice
et ne sait pas lui faire la cour, ami de Cyrano dans la pièce (et la vie réelle
il y a fort longtemps ?), et enfin le Cyrano dans la pièce, le Cyrano
historique Constant Coquelin, bien sûr joué par un autre acteur vivant, lui.
Le plus amusant est que le film n’hésite pas à citer une ou deux
fois Daniel Mesguich et son éternel éphémère, et la trappe est un tour que ce
Daniel Mesguich a souvent utilisé dans son inspiration farcesque de boulevard.
Mais surtout quelque part nous nous y perdons dans les temps, et le seul temps
qui ne se propulse pas sur scène est le temps du vrai Cyrano de Bergerac au 17ème
siècle, sinon une épitaphe que nous nous devons de tous connaître. Mais il est
bien sûr que Cyrano n’est que le prétexte pour parler d’Edmond Rostand qui a
perdu dans la brume de ce monde son frère, le grand spécialiste qui disséquait
des grenouilles, vivantes bien sûr, Jean Rostand.
Mais c’était un temps troublé, la troisième république qui
se finit en 1939 et qui offrit quatre années de boucherie guerrière à la fin de
la vie de notre Edmond Rostand. Mais Jean Rostand devait ne pas être bien loin.
Mais il est sûr que l’on nous mène en bateau sur la Seine, à la godille plus qu’à
la rame, et que les lieux ne sont pas tous, loin de là, vraiment ceux que l’on
vous dit. Le théâtre de la Porte Saint- Martin prend à la fin une ampleur qui
ressemble plutôt à un Palais Royal. Mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait
l’ivresse, j’entends l’absinthe.
Dr. Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:22 PM