Wednesday, January 16, 2019

 

18 peut être mais pas plus


Une étudiante obtient 18 à son mémoire sur « la méta-complexité chez Emmanuel Macron »

« La dualité correspond au fait d’avoir deux personnalités distinctes, de s’inscrire dans une certaine perspective à un moment donné, et dans une perspective opposée à un autre moment. L’étudiante a constaté que cette dualité se retrouvait chez Emmanuel Macron dans ses relations avec Poutine et Trump ou dans sa vision de la France et de l’Europe. À l’inverse, la neutralité correspond au fait de n’être ni quelque chose, ni son contraire, par exemple de se déclarer comme étant «ni de droite ni de gauche. »

MA RÉACTION

La dualité est dans le regard du regardeur.

Il est assez clair que trois entités au moins sont capitales dans les relations avec le monde : Trump, Poutine ET Merkel (et bientôt une nouvelle personne qui fait que l'on doit parler des USA, de la Russie et de l'Allemagne. La Chine n'a pas une place égale à ces trois-là dans la vision internationale, tout comme la Grande Bretagne.

Si on prend le cas de la politique de l'innovation on a aussi une palette d'interventions et de positions : Station F d'une part et en même temps le soutien à l'innovation industrielle, scientifique ou agricole mais dans ces trois cas l'approche est tellement technique et relève des prérogatives de ministres et du gouvernement qu'on ne voit pas le rôle du Président et c'est dommage. Dans ce domaine il est sur plusieurs fronts à la fois.

Ainsi le multi-quelquechose est une bonne piste mais le dualisme ne saurait l'être surtout que dans ses discours il semble éviter la réduction à A ou B, OUI ou NON, BLANC ou NOIR.

En quelque sorte la crise des gilets jaunes révèle chez lui le besoin d'une palette ouverte et la position qu'il a prise, les positions qu'il a défendues ouvrent un débat qui n'est pas dualiste ou binaire mais bien multi-quelquechose.

Quant à se demander si cela relève d'une intelligence supérieure, c'est une erreur. Cela relève de la culture depuis plusieurs siècles, en fait depuis la Renaissance qui a refusé le dualisme: voyez par exemple Montaigne ou Montesquieu (les trois pouvoirs), ou si vous préférez Shakespeare qui construit toute sa poésie sur du binaire sans saveur, sans goût, sans surprise, opposé au ternaire (le disrupteur, ce qui apporte le progrès, la mégère apprivoisée, le ternaire qui se déguise en binaire ; Fortinbras, le troisième luron après Claudius et Hamlet, tous deux morts) et/ou au quaternaire (la perfection divine et donc non humaine parfois poussée jusqu’à huit).

Emmanuel Macron a une culture littéraire et sait que la bonne dynamique rhétorique ne peut pas fonctionner sur un dualisme binaire étroit. Dire par exemple que l’on est ni de droite ni de gauche, c’est poser une réalité ternaire et certainement pas neutre (si c’était neutre cela poserait que ce n’est pas réel, matériel, mais virtuel, inexistant, fantasque, en bref un rêve : l’argument de la gauche qui revendique sa propre incontournabilité), et qu’au-delà d’une vision binaire droite-gauche il y a une troisième réalité qui transcende ce binarisme, ne le nie pas mais effectivement le dépasse en posant que dans la France d’aujourd’hui une troisième réalité existe, non pas le bi-partisanisme comme les USA disent, mais une majorité de gens qui veulent que l’on fasse de la politique et pas une politique de gauche ou de droite, et faire de la politique c’est donner la parole à tous et accepter de composer avec tous les points de vue et laisser le débat faire émerger une position majoritaire qui ne sera ni de gauche ni de droite mais sera majoritaire au-delà des clivages binaires.

Ce concept d’ailleurs est celui du Bouddhisme et se résume dans le terme « samsara », tout considérer et trouver le juste milieu, la synthèse qui intègre tout ou au moins le maximum. Bouddha disait souvent « Je suis un homme du milieu ».


Dr. Jacques COULARDEAU

Comments: Post a Comment



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?