Une étudiante obtient 18 à son mémoire sur
« la méta-complexité chez Emmanuel Macron »
« La dualité correspond au fait d’avoir deux personnalités
distinctes, de s’inscrire dans une certaine perspective à un moment donné, et
dans une perspective opposée à un autre moment. L’étudiante a constaté que
cette dualité se retrouvait chez Emmanuel Macron dans ses relations avec
Poutine et Trump ou dans sa vision de la France et de l’Europe. À l’inverse, la
neutralité correspond au fait de n’être ni quelque chose, ni son contraire, par
exemple de se déclarer comme étant «ni de droite ni de gauche. »
MA
RÉACTION
La
dualité est dans le regard du regardeur.
Il
est assez clair que trois entités au moins sont capitales dans les relations
avec le monde : Trump, Poutine ET Merkel (et bientôt une nouvelle personne qui
fait que l'on doit parler des USA, de la Russie et de l'Allemagne. La Chine n'a
pas une place égale à ces trois-là dans la vision internationale, tout comme la
Grande Bretagne.
Si
on prend le cas de la politique de l'innovation on a aussi une palette
d'interventions et de positions : Station F d'une part et en même temps le
soutien à l'innovation industrielle, scientifique ou agricole mais dans ces
trois cas l'approche est tellement technique et relève des prérogatives de
ministres et du gouvernement qu'on ne voit pas le rôle du Président et c'est
dommage. Dans ce domaine il est sur plusieurs fronts à la fois.
Ainsi
le multi-quelquechose est une bonne piste mais le dualisme ne saurait l'être
surtout que dans ses discours il semble éviter la réduction à A ou B, OUI ou
NON, BLANC ou NOIR.
En
quelque sorte la crise des gilets jaunes révèle chez lui le besoin d'une
palette ouverte et la position qu'il a prise, les positions qu'il a défendues
ouvrent un débat qui n'est pas dualiste ou binaire mais bien
multi-quelquechose.
Quant
à se demander si cela relève d'une intelligence supérieure, c'est une erreur.
Cela relève de la culture depuis plusieurs siècles, en fait depuis la
Renaissance qui a refusé le dualisme: voyez par exemple Montaigne ou
Montesquieu (les trois pouvoirs), ou si vous préférez Shakespeare qui construit
toute sa poésie sur du binaire sans saveur, sans goût, sans surprise, opposé au
ternaire (le disrupteur, ce qui apporte le progrès, la mégère apprivoisée, le
ternaire qui se déguise en binaire ; Fortinbras, le troisième luron après
Claudius et Hamlet, tous deux morts) et/ou au quaternaire (la perfection divine
et donc non humaine parfois poussée jusqu’à huit).
Emmanuel
Macron a une culture littéraire et sait que la bonne dynamique rhétorique ne
peut pas fonctionner sur un dualisme binaire étroit. Dire par exemple que l’on
est ni de droite ni de gauche, c’est poser une réalité ternaire et certainement
pas neutre (si c’était neutre cela poserait que ce n’est pas réel, matériel,
mais virtuel, inexistant, fantasque, en bref un rêve : l’argument de la
gauche qui revendique sa propre incontournabilité), et qu’au-delà d’une vision
binaire droite-gauche il y a une troisième réalité qui transcende ce binarisme,
ne le nie pas mais effectivement le dépasse en posant que dans la France d’aujourd’hui
une troisième réalité existe, non pas le bi-partisanisme comme les USA disent,
mais une majorité de gens qui veulent que l’on fasse de la politique et pas une
politique de gauche ou de droite, et faire de la politique c’est donner la
parole à tous et accepter de composer avec tous les points de vue et laisser le
débat faire émerger une position majoritaire qui ne sera ni de gauche ni
de droite mais sera majoritaire au-delà des clivages binaires.
Ce
concept d’ailleurs est celui du Bouddhisme et se résume dans le terme « samsara »,
tout considérer et trouver le juste milieu, la synthèse qui intègre tout ou au
moins le maximum. Bouddha disait souvent « Je suis un homme du milieu ».
Dr.
Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:28 AM