Tuesday, February 13, 2018

 

Il nous enterrera tous, nus et désemparés


ROCH FERRÉ, UN CAS DE MÉDECINE LÉGALE – DOSIER DRAMATIQUE DE JEAN MARIE BESSET

Il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre à proprement parler mais d’une présentation dramatique d’une situation historique réelle, le cas de l’instituteur Roch Ferré sous Louis Philippe qui pratiquait avec les garçons qui lui étaient confiés une initiation sexuelle directe par manipulation, en d’autres termes la masturbation personnelle ou d’une ou par une tierce personne.

On avait là un cas de pédophilie ouverte mais au 19ème siècle ce n’est pas l’argument majeur, ni même mineur d’ailleurs. L’argument majeur est celui de la morale, de la pudeur, de l’initiation trop tôt de jeunes adolescents au plaisir sexuel. L’idée de l’époque et qu’il est plus sain de restreindre le discours autant que l’action concernant la sexualité des jeunes garçons.


Encore une fois, la pédophilie en tant que telle n’est pas un argument. Le rapport psychiatrique sur l’instituteur met en avant un dérangement mental qui ne saisit plus les limites de la morale et de la pudeur. On ne parle jamais de viol, mais toujours de gestes déplacés du fait de l’âge des enfants, et donc d’une erreur de jugement de l’instituteur.

Pourquoi ressortir ce cas aujourd’hui alors qu’il mérite un travail historique important car le « crime » ou le « délit » de pédophilie est récent dans la jurisprudence, tout autant que dans la loi ? Je vois deux directions intéressantes mais que ce texte qui en reste à la surface historique (sans analyse plus profonde) ne suit pas.

La première est justement un approfondissement de la dimension historique pour montrer comment l’enfant n’est enfant que jusqu’à l’âge de raison établi par la plupart des religions, et la religion chrétienne ou la religion juive pour l’Europe, à l’âge de 11 ou 12 ans. Dans cette perspective après 11 ou 12 ans l’enfant est un adulte sexuel, d’où l’autorisation de marier les filles à 11 ans parfois moins, et c’est apparemment encore la loi non modifiée dans la plupart des états américains. Au 19ème siècle on remet en cause cette règle et l’éducation va être un des moyens employés pour maintenir l’enfant le plus longtemps possible hors du champ social où il est alors assimilé à un égal. Dans le textile roubaisien les enfants commençaient à travailler à au plus tard 13 and dans les années 1920 et c’était le devoir du père d’emmener son fils le jour de sa première paye au bistrot ou estaminet du coin de la rue pour y rencontrer sa première femme, une prostituée bien sûr spécialisée dans l’initiation des garçons de 13 ans, fils des clients de l’estaminet.

Il est clair ici que le délit de pédophilie n’existe même pas. Les cas avec des enfants en bas âge (en dessous de dix voire de huit ans) sont des cas de cruauté et de mal-traitement et non de pédophilie.


Si on remonte plus loin l’enfant est un objet sexuel dès qu’il peut marcher et les pages des chevaliers du Moyen Âge qui entraient en service à 8-9 ans étaient bien sûr les serviteurs intimes de leurs chevaliers. Cela faisait partie de l’emploi.

Le deuxième point non abordé ici est la définition de la sexualité pour des adolescents et surtout la définition du rôle de l’adulte dans ces cas. Si on parle d’amour ou d’infatuation ou de simple attirance-curiosité c’est à l’adulte de poser les limites que l’adolescent ne peut pas connaître – ou ne veut pas connaître. Il est évident, sauf s’il y a violence, qu’on ne parlera pas de viol de la part d’un adolescent qui imposerait un rapport sexuel à un ou une adulte. Qualifier de rapport de viol de l’adulte par l’adolescent semble improbable. Mais c’est là le cœur du débat. Qu’est-ce que l’amour, le désir, la sexualité ? Peut-on les séparer et les tenir comme autonomes, voire indépendants ? Qu’est-ce que le consentement ? A quel âge le consentement d’un mineur est-il un vrai consentement, raison de plus pour un premier rapport dont l’adolescent ne peut pas connaître les détails et les conséquences ?

On comprend la prudence de l’auteur qui en reste aux deux psychiatres et aux documents officiels de ces psychiatres et des interrogatoires de Roch Ferré.

Dr. Jacques COULARDEAU

JEAN MARIE BESSET – LA FONCTION

Un homme d’âge moyen veut avoir un enfant et donc a besoin d’une femme pour porter son enfant. Mais il est homosexuel et n’a de sexualité qu’avec des hommes.

Il héberge chez lui – sous contrat d’entretien et de rémunération pour le service – la jeune femme qui porte son enfant sans qu’il n’y ait entre eux le moindre contact, raison de plus rapport sexuel.

Un soir il ramène pour la nuit un jeune homme dont il fait son amant d’une nuit. Celui-ci découvre au matin, en l’absence de l’homme, la situation et il développe alors une jalousie à l’égard de la femme car il voudrait être l’homme entretenu de la sorte par l’homme de la maison.

Cela se règle banalement avec l’homme de la maison qui met le jeune homme à la porte et réactive et renforce le contrat avec la jeune femme, la mère de son enfant.


C’est une pièce distrayante sur les mères porteuses, une pratique totalement illégale en France, bien que les enfants nés dans ces conditions dans des pays étrangers sont en principe reconnus légalement, ou du moins un début de reconnaissance apparaît pour des couples hétérosexuels. C’est nettement plus compliqué pour les couples gays.

La pièce est amusante quand on considère les noms des trois personnages. La jeune fille s’appelle bien sûr Evelyne, Eve en bref. Et pour elle la pomme c’est le contrat qu’elle a avec l’homme, un contrat d’insémination artificielle avec un homme qui s’appelle Henri, banal, mais Eden, moins banal. Elle cultive le fruit de cet homme dans le jardin d’Eden qu’il est pour elle, enfin l’appartement d’Eden qu’il lui fournit avec tout le confort.

Le jeune homme lui s’appelle Adamson, il est donc le fils d’Adam, il est donc Adam lui-même. Comme Adam il ne sait rien à la procréation et ne pratique pas l’amour avec les femmes, pas plus d’ailleurs que Henri Eden qui, lui, cependant semble savoir comment les choses se font. En tout cas dans ce jardin d’Eden Adam et Eve non aucun rapport sexuel. Compliqué car qui est le serpent tentateur ? Eden bien sûr. Qui est le pommier de la pomme, Eden bien sûr. Mais le fruit était une figue et l’arbre un figuier. Si l’on en croit DH Lawrence la figue est nécessairement la vulve féminine et donc c’est Eve la tentatrice qui fournit sa figue à qui veut bien l’utiliser pour ses fins propres, moyennant paiement bien sûr.

Comme tout cela est compliqué dans le monde moderne où rien ne peut être fait sans l’encensement de la loi qui semble souvent plutôt un enterrement de première classe de tout désir qui soit un tout petit peu libidineux, comme si nous avions besoin d’un avocat pour . . . etc.

Et dieu seul sait combien cet avocat est utile pour éviter toute contestation ou accusation de harcèlement sexuel ou pire encore marital.

Dr. Jacques COULARDEAU

JEAN MARIE BESSET – LA FILLE ET LE GARÇON

Une situation hirsute dans notre monde moderne. Un couple d’intellectuels qu’on dira du monde culturel ou d’ailleurs vivent leur première crise de mi-vie et en arrive à ne plus vraiment se désirer. Le mari semble pencher pour des jeunes hommes et la femme semble pencher pour à la fois des jeunes filles et des jeunes hommes.

Un artisan de passage d’origine albanaise devient l’objet de désir du mari mais la jeune fille d’origine colombienne avec laquelle ce jeune homme vit est à la fois catholique, donc choquée par le désir de cet homme mûr, jalouse car possessive, et intéressée par le prix de l’opération. Ils en arrivent à un ménage à quatre avec le jeune couple qui emménage dans l’appartement de luxe du couple d’intellectuels qu’on dira blasés et qui ont besoin d’émotions sentimentales et sensuelles un peu plus fortes que la vie quotidienne et un peu plus réelles et charnelles que le porno sur l’Internet.


Mais voilà-t-il pas que la jeune fille tombe enceinte – officiellement de son jeune homme d’amant, ce qui est fort probable car le mari du couple intellectuel préfère le garçon à la fille.

Mais qu’à cela ne tienne. On fera maintenant ménage à cinq. Mais cinq c’est un pentacle diabolique et comme quatre c’est une crucifixion, il va bien falloir passer à la casserole.

Le gardien ou concierge de l’immeuble de luxe décide un jour dans l’entrée de l’immeuble de violer la jeune fille puisqu’elle vit pour le moins en concubinage multiple dans l’appartement des intellos. Il le fait donc illico et illicitement bien sûr. Le jeune homme et père de l’enfant que le concierge ignorait décide alors de venger ce viol sur ce cinquième luron, parasite de ce pentacle infernal. Il le confronte, l’affronte, le violente un tout petit peu trop au point de le trucider, à plat, parti sur le pavé de la ruelle.

Drame maximum. Les quatre acteurs de ce drame, avec un cinquième en gestation s’enferment dans leur appartement et refusent d’ouvrir à la police. Vous pouvez imaginer la situation impossible qui mêle à la fois des fantasmes intellectuels d’intellos frustrés par la vie, les espoirs de jeunes immigrés tout aussi frustrés par la clandestinité, la survie, le fait d’être sans papiers, et bien d’autres choses, sans compter un tout petit peu de catholicisme pour la jeune colombienne et l’absence de tout fantasme religieux pour le jeune albanais, et si fantasme il y avait ce serait un fantasme islamique.

Voilà ce qui arrive quand on remplace le harcèlement sexuel de la frime et du flirt par la complaisance et la licence de la liberté sexuelle du monde actuel de la contraception et du viagra. Le monde est loin d’être prêt à accepter de telles pratiques et il y a encore dans nos rues et nos résidences, y compris de luxe, des barbares qui refusent de ne pas recevoir leur quote-part des plaisirs que les autres se donnent, et un viol est toujours à la portée de chacun, du moins surtout de chaque homme premier venu comme dernier arrivé.


Mais c’est sans compter sur la fermeté des personnes libidineuses libérées des tabous mais qui pourtant vivent leur liberté en cercle absolument clos, même si exhibitionniste en diable, et c’est bien le cas de le dire : le diable lui-même ne saurait résister aux épanchements et débordements de carnalité et de sensualité de certains amants. Mais n’est pas diable qui le veut. Cela se mérite. Et le concierge de cette résidence de luxe de toute évidence ne le mérite pas.

Fin de l’histoire : déportation, prison et qui sait quoi d’autre ! Vive la justice !


Dr. Jacques COULARDEAU

Comments: Post a Comment



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?