METTEZ-VOUS AU VERT DANS LA VIGNE
DE CHEVALARD À CADILLAC VIA MIMIZAN
LAURENT MATHOUX – SOUS
PRESSION – RevoiR ÉDITIONS – 2017
Laurent Mathoux
va en étonner plus d’un avec son dernier roman, « Sous Pression ».
C’est l’histoire d’un jeune obsédé sexuel parisien qui finit par se marier avec
un cep de vigne appelé Marinella (comme la chanson de Tino Rossi, https://www.youtube.com/watch?v=f6wTxk39Wns), dites Marie c’est plus simple et moins
guindé.
Quand je te tiens là, sur mon cœur
Pour moi c'est un tel bonheur
Qu'aucun mot ne peut l'exprimer
Tout mon être est transformé
Et je voudrais que ce moment
Qui me trouble éperdument
Se prolonge éternellement
Et c’est ainsi
qu’il finira entre deux chiens Peugeot et Renault, un ado de 17 ans, presqu’un
homme, Alex, fils de Marinella et d’un père exilé en export-import en Chine. Il
va devoir apprendre à cultiver la vigne du vignoble de Marinella, et donc
d’Alex. Mais Alex n’est pas bavard, alors ça ira à la lanterne ou à la
chandelle, peu importe.
Et dire qu’il fut
parisien, instituteur de maternelle obsédé sexuel en direction des mères de ses
charmants élèves. Mais à trop tenter parfois on se casse une dent et c’est ce
qui lui arrive avec le mari handicapé physique d’une de ces
« mamans » dragueuses qui a mis son mari dans le fauteuil roulant
d’un coup de pétard parti volontairement par accident. Il fuit donc de Paris à
Clermont-Ferrand et Aubière et devient le bureaucrate gratte papier sur clavier
d’ordinateur à l’Inspection académique du Puy de Dôme responsable de la gestion
des brigadiers remplaçants.
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Mais sa vie est
compliquée et il devra laisser tout derrière. Son voisin, un certain Raoul Morhange
qui n’en a qu’une qu’il fait échographier régulièrement pour éviter quelques
remplacements, est un instituteur remplaçant plutôt barjot et tire au flanc, au
flanc des volcans à Aubière. Difficile voisinage qui s’améliorera rapidement.
Une certaine Jenny allemande prospère entre eux, qui est une manipulatrice du
sexe qui ne cherche en définitive qu’à piéger un père sans qu’il le sache pour
en tirer une pension alimentaire grâce aux conventions européennes. Qui
réussira-t-elle à piéger dans son piège à bébés. Ce n’est pas simple. La route
d’Aubière à Vichy en passant par l’Allemagne est des plus compliquée, mais
simple à l’heure de l’ADN dont elle collectionne des échantillons chauds en
diable de ses innombrables amants.
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Il rencontre dès
le première jour une gitane qui fait un BTS et vit en ville. Et il tombe à cul
et chemise en une heure environ avec elle, notre Tristan – comme Tristan et
Isolde comme il dit une fois qu’il ne connait qu’en allemand et attribue à
Wagner alors que Wagner n’est qu’un des derniers venus sur ce bateau de
l’Irlande à la Cornouaille en passant par la Bretagne et qui fut rédigé par
écrit en français normand du 11ème siècle et existait plus
profondément en Gallois, en Cornouaillais et probablement en Breton et en
Irlandais bien avant dans la tradition orale, donc dans des langues celtes et
donc avec des racines dans le celte gaulois pour sûr, racines à retrouver, mais
personne ne connait la littérature orale gauloise écrasée et détruite par la
conquête romaine. Dieu ait l’âme de Jules César, un JC entre autre au tournant
d’un millénaire.
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Et il est alors
le gadjo de ladite Rosette et de sa famille, les Klaxon, dont il côtoie sans le
savoir un des oncles historiques au café d’Aubière tous les matins vers six
heures, un dénommé Jojo qu’il ne connut jamais sous son nom patronymique, jusqu’à
sa mort : et c’est lui qui le découvre mort dans sa voiture un matin
devant le café La Taupinière. Et le voilà transformé en taupe mortuaire.
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Et c’est ainsi
qu’il est mêlé à la résurrection de l’attraction familiale des Klaxons détenue
par Jojo Klaxon et enlisée dans la broussaille depuis les années quatre-vingt
ou deux frères se moururent l’un l’autre sur le mur de la mort de cette
attraction. Inutile de dire que Raoul et Rosette (un choix imposé par l’éditeur
RevoiR j’imagine) font un beau couple et quand on ajoute le couple Raoul et
Tino – une autre allusion à Tino Rossi, décidément – sur les motos dans
l’attraction de ce mur de la mort en lutte mortelle – ou presque – pour les
beaux yeux et la rose de Rosette on a une merveilleuse trinité faite pour la
classe moyenne plus ou moins cultivée qui a envie d’avoir des émotions fortes
par intermédiaires plus courageux que simplement téméraires.
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Mais le sujet
central est l’Education nationale et son fonctionnement de triste machine à
normaliser les têtes mises au carré bien plus par l’école de la république que
par la télévision aux plus de cent chaines aujourd’hui alors que la vision
scolaire reste le maître normalisé – en fonction du quartier où il officie –
aux besoins, souhaits et normes de la classe sociale de chacun de ces
quartiers. Le maître ne fait que transmettre des savoirs et des savoir-faire
qui doivent être absolument en osmose avec la position sociale des familles, et
peu de mixage social s’il vous plait, et surtout pas ethnique. Les écoles
d’application pour la classe supérieure, sinon l’enseignement privée,
catholique ou pas. Les classes pour voyageurs sur les terrains communaux de ces
voyageurs pour les Gitans. Et le moyen de gamme – d’une gamme si avachie qu’on
dirait à peine une taupinière dans une prairie à vaches – pour le restant des
populations socialement déprimées ou ethniquement marginalisées sinon
ghettoïsée.
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La charge est
lourde mais l’Education Nationale en a vu d’autres – comme l’église catholique
– et les contestataires ou ceux qui veulent faire les choses autrement n’ont
pour eux que la porte soit vers les échelons supérieurs de l’université s’ils
supportent, ou bien les établissements industriels qui peuvent avoir un peu
plus de liberté pédagogique, ou encore le privé encore, mais le privé qui ne
joue pas le jeu de l’Education Nationale et de l’éducation privée sous contrat.
C’est d’un sinistre ! Le pire des vices dans cette institution est la peur
panique de la pédophilie et tout instituteur – notez pas institutrice – qui a
des rapports trop proches, en confiance, de grand frère est suspecté d’avoir
des tendances de mauvais aloi, alors qu’en fait dans cette profession c’est
bien plus celui ou celle qui garde des distances bien fermes et claires qui
révèle sa peur de surtout ne pas apparaître comme il ne faut pas – et Freud
nous dit tout de suite que qui ne veut pas paraître est trop souvent
inconsciemment ce qu’il ne veut pas paraître.
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Mon dieu comme
les choses deviennent compliquées ! Peut-être qu’il est plus simple
d’enfourcher une moto et de monter au mur de la mort, ou bien d’aiguiser des
sécateurs et de faire la vendange après avoir effeuillé la vigne un mois plus
tôt pour que les raisins encore verts puissent mûrir, bien que tirer les cavaillons
restent la chose la plus amusante de tout cycle de travail viticole. Il est
vrai qu’il me manque en souvenir le cheval et la charrue qui déchausse le rang
de vigne avant de tirer les cavaillons. Mathoux suit sa Marinella et parle de
désherbage. Un peu court. Mais il est vrai qu’au temps des tracteurs parfois
volants il est difficile de voir un cheval et une charrue au mitan des règes de
vignes.
Dr. Jacques
COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:26 PM