Sunday, April 23, 2017

 

Deux CD crowd funded par MyMajorCompagny.com


ZERO – LE HASARD – MYMAJOR.COM – 2016  

LA VÉRITÉ EST TROP DURE.

Lancinante rythmique qui d’harcelante devient martelante et même trépidante créant une polyrythmie mesmérisante qui littéralement emporte la voix d’Adrien Bricard. Et sa question, à elle, à lui, résonne comme un cri d’animal blessé, Quand est-ce qu’on arrive ? Mais tout de suite car tout se passe dans votre tête.

Et c’est la femme qui le mène, qui le tient, qui le fait se fondre dans cette musique aux tempos multiples et endiablés, mi diable mi ange, saraph le serpent punisseur de Dieu, et seraph l’ange libérateur de ce même Dieu. Ou ce Dieu est-il en fait quelque diable travesti ?


Et il ne peut donc espérer qu’une chose, partir, fuir, quitter la grisaille urbaine avant de s’y fondre, de s’y confondre en désolation et de s’y morfondre comme dans une cage même si elle est dorée car on a perdu la clé, on a jeté la clé au plus profond de quelque fleuve boueux.

Mais, mon frère, il ne suffit pas de rêver la fuite car le lion ne sortira jamais de sa cage dorée, même pour distraire les spectateurs simiesques d’un cirque urbain où que ce soit, de La Villette aux Tuileries, ce cirque qui n’en finit pas de dresser ses tentes et ses mâts pour l’oubli des enfants gâtés, pourris, dépérissants dans l’absence d’amour.


Lion, fauve ou autre, peu importe la cage dorée est la tare qui le fera se couler dans la grisaille comme une brume du matin et il s’enfuira en gouttelettes minuscules, microparticules de la pollution vitale de l’évasion entre les barreaux de sa cage.

Mais Par Terre il tombe dans un romantisme rêvé de je ne sais quelle aventure qui ne sera qu’une fuite en avant, peut-être à deux, vers un autre monde, une autre vie qui semble tellement lointaine. Et l’homme ne perd le sens du froid et la morsure du gel que dans la tombe qui est au-delà des sens, qui est insensée, insensible. Le cocon de la tombe qui retient la chaleur de la terre.

Et ce’ n’est pas un hasard si la fanfare tonitruante de la foule tambourinante, battante, combattante revient en force. La vérité fait-elle vraiment si mal ? J’ai l’impression que plus que la vérité il cherche une fable qui pourrait être vraie du moins là où elle ne sera pas rejetée. La vérité n’est que fiction, une œuvre de fiction. Mais dieu que ce diable qui se hurle Zéro est vrombissant et il peut faire un tour à Berlin, le rouleau compresseur d’une musique qui veut vous convertir à ce monde cruel qu’il décrit ne laisse rien sur le tarmac qu’une tâche humide d’huile humanoïde.


Il veut vivre cependant et que sa vie commence tout de suite. Il se jette dans la mêlée et il court après je ne sais quelle balle. Qu’importe la balle pourvu qu’on ait la course folle, affolée, affolante Et il essaie d’oublier le dernier placage et la prochaine chute, le prochain dévissage de n’importe quel Himalaya.

Et la chute vient comme un silence d’une simple guitare qui égrène quelques notes. Adrien demande des nouvelles, ignorant que la curiosité tue le chat et parfois la chatte, petit ou grande, méchant ou douce, qu’importe. Quémander à l’autre s’il a peur ou si elle a peur et de quoi ne fait qu’amplifier le malheur, la solitude, les pleurs, le silence des larmes, ces armes qui coulent sans le moindre mot, sans le moindre cri. Malheur à qui les voit au visage de l’autre. Et le silence peu à peu se peuple de rapaces goulus, velus et voraces. Et il peut toujours rêver. Le rêve est l’opium des pauvres. Le rêve est la religion des abandonnés. Et pauvres et abandonnés ne savent pas s’unir dans le monde entier, et s’unir contre qui, contre quoi ?

Et l’opium veut nous assommer jusqu’au suicide. Facile, mon frère, d’outre-solitude. C’est vrai que ce ne sont pas les raisons qui manquent et que c’est confortable de fermer la porte de son crâne sur ce monde invivable. Si invivable que l’on ne sait même pas que l’on est déjà mort et que mourir est déjà fait et qu’il ne reste plus qu’à se laisser porter par ce flot musical jusqu’à l’océan de l’oubli. Adrien atteint là un profond précipice qu’il gravit de deux enjambées et il nous ensevelit dans un blues qui atteint des sommets de douleur, de noirceur, de frayeur, le silence des foules où un simple pauvre paumé pourrait se pendre sans que personne ne coupe la corde.


Cette vie mortelle ou cette mort vitale vous donnera des insomnies avec son mal au cœur et une musique d’orgue de barbarie barbarement pesante. Et pourtant ce n’est pas un manège vénitien mais nous souffriront de son désolement, de son isolement, de son isolation, de sa désolation.

Avec Transporter il se mue en charge encombrante pour les autres car n’ayant rien demandé à personne, surtout pas de venir dans ce monde, et ce ne fut qu’une histoire de cinq minutes sans raison, déraisonnées, irraisonnables, il transforme la foule du monde qui l’étouffe et l’assomme en sa propre décharge. Puisque demain il ne fera pas beau, loin de là, jouissons donc de l’instant présent de souffrance exquise. Et il ne restera qu’une écuelle de larmes essorées de cet instant évanescent qui n’a pas de lendemain pour le pauvre gosse mal aimé de la vie. Vous n’aurez plus jamais envie de sourire, encore moins de rire, à la rive de cette écuelle d’amertume.

Dans ce bas monde tout finit par commencer par des confessions. Mais se confesser de tous ses crimes, ses désirs, ses manquements est simplement un rouleau compresseur qui vous lamine et quand vous êtes laminés vous pouvez simplement partir. Il n’y a aucun espoir dans cette mort ambulatoire.


Johnny nous amène alors son piano que noie Adrien dans une langueur profonde et une horreur mutilante, militante. La mort de quelqu’un qu’on connait ou qu’on a connu est comme la fin d’une histoire qui n’arrive pas à trouver sa fin car la mémoire tue le présent au nom du passé qui n’a aucun futur en perspective dans tous ces monuments commémoratifs, ces tombes itinérantes de ville en ville auquel on accroche qui sait quoi deux ou trois fois par an, des drapeaux, des cris, des pleurs, des souvenirs, des discours inutiles. Vive la paix des cimetières. La vérité fait vraiment trop mal. Restons-en aux histoires des batailles anciennes.

Il ne reste plus alors qu’à aller chercher Les Vieux pour fermer cette impasse, j’entends l’entrée de cette impasse, et puis se rapetisser dans son petit trou crânial, sa petite tombe cervicale. C’est peut-être le moyen de ne pas vieillir et finir abandonné, parqué, oublié comme justement ces vieux. Adrien, tu peux le dire tant que tu le veux et le peux, tu finiras tout seul, sans un ami, sans personne, sauf si cet autre, cet ami, cette personne autre nous l’avons en mémoire. On emporte ses souvenirs de mémoire dans ce petit passage d’ici à ici à peine plus loin qu’ici. N’oubliez pas qu’Adrien nous a dit qu’on est déjà mort. Apprenez à vous enfermer dans la cellule monastique de l’attente de la mort et pour ne pas mourir seul, vivez avec un ange dans votre tête et dans vos yeux, mi saraph mi seraph. Cet ange partira avec vous le jour de votre mort, sans désir de vous quitter pour revenir chez les vivants car il n’y a aucune place pour lui.

Zero est un de ces jeunes groupes de rock français qui essaient de donner forme et corps au malheur de ne pas avoir faim, sauf d’amour, ni soif sauf d’amitié. Ces jeunes ont trop pratiqué les marges de la normalité pour réussir à se fondre, confondre et morfondre dans cette normalité qui en devient un cri de mort au cœur de leur vie.

Dr. Jacques COULARDEAU


MORPHÉ – MON IMAGE ET MES MANIÈRES – 2016

ÉROTISME À FLEUR DE MOTS

Ce brave jeune homme est absolument centré sur celle qu’il aime, qu’il désire, dont il se souvient, qu’il imagine, qu’il regrette, qu’il espère être éternelle, le naïf. Et pour évoquer cet amour qui n’a duré qu’un temps et qui reste pour toujours dans sa tête il se laisse aller dans des images de fleurs et dans des métaphores, des méta-fleurs de latitude et de longitude, de Bermudes et autres paradis qui étrangement sont des paradis fiscaux autant que des plages de sable fin et des ghettos d’enfants riches qui fuient tout contrôle et essaient de dépenser des fortunes en simple vue de réaliser leurs désirs les plus profonds, les plus fous. Rêve trahi ?

Amour propriété. Il aime quand il contrôle des yeux ou des oreilles, des doigts ou simplement de sa peau, de son corps. Il n’y a pas de secret sinon celui de simplement prendre possession et jouir de cette possession. Il est un possédé alors même qu’il croit qu’il possède. Il est amoureux du centre du monde qu’il projette dans celle qu’il aime, centre du monde qu’il réduit à celle qu’il aime sans voir qu’ainsi il la possède mais aussi qu’elle le possède à jamais, car son monde se met à) virevolter comme une toupie autour de ce centre du monde auto-proclamé. Et il ne reste plus dans ce monde décentré que des corps. Quel avenir que la rencontre d’épiderme d’un épicentre perdu.


« C’est quand on veut qu’on est heureux,
C’est quand on veut qu’on peut
Prendre la vie comme un jeu. »

Oh le naïf, comme si la vie peut être, pourrait être, sera jamais un jeu. C’est gentil mais c’est une folie impossible. Son amour est une drogue fascinante, accoutumante, mesmérisante et hypnotisante. Et ainsi ne va plus la vie. Au plus fort de n’importe quel hasard il tombe et devient aveugle à la vie et il se met à faire des rimes qui sont des échos de Ronsard et sa rose mignonne autant que d’un slam facile, un peu facile, beaucoup facile, à la Grand Corps Malade. Et ainsi va la vie d’impression soudaine en oubli quasi immédiat. Il est comme un homme qui n’a pas le temps de simplement conserver ce qu’il désire, qu’il prend et qu’il consomme, et aussitôt qu’il perd, ou laisse partir, ou rejette, ou gaspille.


En somme il se laisse ainsi aller à ces rimes qui vous tuent parce qu’elles ne sont que des rimes et que le slam n’est pas autre chose que des mots. Le duo avec Shaké est comme un de ces moments où il rencontre, conquiert et prend en mots celle qu’il rêve, qu’il découvre tout en simplement s’en souvenant comme si le souvenir était la vie quand il devient le souvenir d’un rêve ou d’un fantasme, d’un désir brûlant mais qui se consume en un simple coup de feu. Il y a peut-être trop de ce peut-être dans l’invitation de celle qui l’obsède sans que jamais il ne soit satisfait car la satisfaction n’est que dans la durée qu’il n’atteint jamais, sinon la durée de l’évanescent permanent.

Et ne croyez pas que ces métaphores ne sont pas érotiques. La flamme de cet homme qui enflamme la mèche de celle qu’il désire qui réussit ainsi à lui tendre la mèche, une image pour le moins phallique. Mais pourtant son désir est de parler à la femme, de parler d’amour, parler tout court, mais parler n’est pas jouer et le jeu se perd dans un événement évanescent, sans queue ni tête, sinon le début, le milieu, la fin qui arrive presque avant le début et qui est programmé bien avant le début.

Ah ! c’est amoureux éternels qui ne savent satisfaire leur amour que dans des mots et des contacts charnels sans plus de tambour que la peau, sans plus de résonance que cette même peau et d’une ou deux muqueuses furtives et flatteuses. « Tu sais la vie n’est pas toujours comme on l’imagine. »


Il ne reste plus qu’à faire un petit effort et sortir de l’imagination ou de l’écriture de simples mots sur du simple papier et découvrir que la vie c’est dur, long, pénible, et qu’il faut tous les jours la gagner et que ce n’est pas avec des mots d’amour qu’on peut faire cela. La musique peut cependant marteler nos oreilles et nos âmes, en plus de nos sens, de rythmes qui nous feront oublier la rumeur du trafic dehors, le retard du train qui a perdu sa locomotive, de la journée perturbée et ruinée par cet incident qu’il faut assumer. Alors l’amour dans tout cela ?

Cet album est en plus l’œuvre d’un aventurier qui à 31ans décide de passer de l’autre côté de la butte du rêve et de se saisir de MyMajorCompany pour mettre sur CD ses belles chansons et ses belles amours et ses beaux rêves qui sont et seront toujours des rêves aussi beaux que beau. Mais l’homme ne vit pas que de rêves, mêmes parfois de lendemains qui chantent alors que nous savons tous que ces lendemains ne chantent pas du tout sauf bien sûr pour les maîtres de ce monde pour qui seuls on rase gratis. Les autres n’ont plus qu’à raser les murs.


Dr. Jacques COULARDEAU



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