DOUMÉ CASTAGNET – INCROYABLE JUNGLE BEAT – ODE À L’X –
1998
Et dire que je
connais cet énergumène depuis quarante ans, en fait quarante-et-un et
quarante-deux dans quelques jours. Il était le grand gaillard qui … mais au
fait je ne me souviens pas s’il était au fond, au milieu ou au premier rang de
cette classe que j’animais en clown anglophone et anglophile y compris le
samedi matin au Lycée Camille Jullian de Bordeaux quand mes deux amis juifs
venaient en cours d’anglais après que je les ai autorisés à faire Shabbat
c’est-à-dire ne rien dire, ne pas ouvrir un livre et ne pas prendre une note.
J’étais honoré de leur présence et je respectais le Shabbat qu’ils faisaient et
que je ne pouvais guère faire.
Nous étions une
bande de Dominique et de Paprika, de Pierre et de Paul, de Jacques et de Jean,
de José et de Manuel et Doumé était le plus alerte avec les dames. Je le savais
un chaud blaireau et un coquin lapin et il n’y avait guère de compétition entre
lui et moi, nos orientations et destinations étant sensiblement différentes. Mais
Dieu qu’il a fait des progrès ! J’ai dû lui apprendre quelques mots
d’anglais mais il ne semble n’en avoir retenu que le « man with the candy
bar » et encore c’est le « candy bar » qui le fascine qu’il
semble considérer comme vital et même probablement con-vital, l’alliance unique
qu’il con-sidère et en reste sidéré entre toutes les Ève du monde et lui le
seul Adam digne de son intérêt. Désolé les mecs, il se semble pas beaucoup
apprécier les balochards, qui généralement en ont deux, baloches, et pas sous
les yeux, qui l’entourent et pour lesquels il n’a aucun intérêt. Il ne sait pas
ce qu’il manque, mais c’est son choix.
Entrez donc dans
son univers XXX et laissez-vous porter par le bonheur qu’il pianote du bout de ses
dix doigts sur le clavier de quelque synthétiseur, si du moins il fait
encore cela, et de ses dix bouts digitaux, d’ailleurs je me demande s’il ne
faudrait pas plutôt parler de onze, il vous mettra tout en nage et vous aurez
la rage au cœur car il ne vous laissera même pas une miette de ses friandises
aguichantes toutes plus féminines les unes que les autres, parées de
fanfreluches que l’on dévêt pour mieux pianoter, que l’on dévie pour mieux
caresser, et c’est ainsi que l’on dévisse dans le gouffre tendre et profond de
ce ne sais quelle conflagration. Et ainsi de chanson en chanson il construit sa
Tour de Babel qui ne parle que d’une seule langue, la sienne bien sûr, ajoutant
un étage à sa tour dressée au centre cde Babylone à chacune de ses conquêtes et
atteignant le septième ciel où règne le Dieu Pan et la Déesse Diane, tous ceux
partisans de la chasse, à courre s’il le faut, et bien sûr sans chemise et sans
pantalon.
Même vous serait
probablement surpris, comme moi, que sa Tour de Babel puisse frétiller comme
une anguille, ce qui est pratique pour se faufiler au cœur d’une foule, au
creux d’une fissure à la berge de quelque lit de rivière, mais moins efficace
pour le type de travail qui va et qui vient et qu’il veut bien partager avec
quelque ouvrière qui me semble être plus de la rue, ou même puisqu’il s’agit de
pied, de panard qu’il faut et qu’il s’agit de prendre d’assaut, de trottoir
pédestre pour passant pérambulatoire à la recherche de quelque fine truite,
douce tanche ou quelque autre poisson qu’on a l’habitude d’appeler bacalan à
Bordeaux et bacalao au Portugal. Ils emploient un autre mot à Paris mais le mot
n’est pas gentil.
Ne laissez pas ces
chansons tomber entre les oreilles d’enfants, surtout de garçons, de moins de
trois ans car elles pourraient leur donner des idées perverses. Au-delà de cet
âge ne vous inquiétez pas de cacher vos musiques préférées car après trois ans
les enfants, et surtout les garçons, ont tout appris de ces choses à la
télévision, quand ce n’est pas sur l’Internet puisqu’aujourd’hui on fait des
navigateurs Internet pour enfant de trois ans. Les mots sont explicites mais
les musiques sont douces et caressantes et peu à peu vous laisserez les mots
tout explicites qu’ils fussent vous caresser là où ça vous démange, vous
tripoter là où ça vous dérange, vous fricoter là où ça vous régale le chêne,
vous vous astiquer là où ça vous délecte en l’air. C’est comme cela que
l’estomac vous descend dans les talons et que vos commencez à penser
cannibalisme de survie jouissive.
Dr Jacques
COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 1:11 PM