Tuesday, November 29, 2016

 

The end of the world according to Saint Dolan

XAVIER DOLAN – IT’S ONLY THE END OF THE WORLD – JUSTE LA FIN DU MONDE – 2016

That’s a film I would recommend to neurotic people who are slightly paranoid and consider they are misunderstood and unable to communicate with anyone. And when they try it’s the end of the world because they can’t speak more than three words and because they dare address people directly and personally. Add to this Asperger syndrome the fact that we are in a family with a compulsive speaker, the mother who tells always and over and over again the same stories that everyone knows but that everyone is supposed to listen to and appreciate. Add to that we have an elder brother, Antoine, and a younger brother, Louis. And one more re-visit to Cain and Abel. The elder brother is the one who works in a factory, like Cain after his crime. Louis is apparently writing plays in a big distant city and he is successful, just like Abel was with God for his well grown vegetables, these things that you have to sweat to grow, whereas Cain, before his crime was just looking after herds of animals, no sweat or not too much anyway. Bad boy! And the symbols are crossed, mixed and we have lost the light of the divine curse in the meantime and replaced it with a simple human curse.


Add to those a sister, Suzanne, who is apparently completely locked up in her room, doing nothing, living on her mother and with her mother, sketching nice little drawings that she will never bring out to any fame. She is a recluse of sorts. Antoine is married and his wife, Catherine, is a mother of several children. If I have understood properly there is a son who is called Louis, not like the younger brother but like the father who is cruelly absent from the present situation, and one or two girls. The relation between Antoine and Catherine is explosive all the time because Antoine does not like to speak and he does not like to listen, so he does not like people who speak, particularly about things that may concern him.


Louis has come to say something but in the end he will say something that is not what has any importance, and is probably not what he wanted to say and he will not say what is so important for him at this moment and why he has come back “home.” In some short sentences here and there and not more than here and there, we learn he was living in the gay area of his city, but he has moved out though he has kept the address. He gets a phone call some time in the afternoon but we cannot know who it is from. He has a flashback about a love scene in the old place of his family, when he was a teenager, and we assume that we are dealing with a man by the body language more than anything else, and Antoine will tell him at the end of a car ride that was difficult that Pierre Jolicoeur just died of cancer, “Your Pierre!” That’s all we know.


Louis’ departure is very difficult because Antoine wants to drive him to the airport but everyone finds this departure slightly too fast and Antoine becomes violent with Louis, so the mother takes Antoine out, the sister disappears and Catherine goes out to rejoin Antoine and the mother on the back terrace.

Typical film by Xavier Nolan who is just, with age, getting more discreet about gayness and gay life but it all turns around the same thing: two brothers or two young men who are related in a way or another and a third one that becomes the lover of one of the two, causing the jealousy of the other and some kind of death falls onto the third one, the lover who is here called with the nice name of Jolicoeur, or Fair-heart. The style is very slow moments entirely centered on one or two close-up shots of faces and their facial language that is telling more than the words which are limited. With now and then one very short sequence of violence in words or in body language or in physical gestures. And yes in such families the end of the world could be happening outside they would not be able to see it. And in this case we will never know what important thing Louis wanted to tell, except that he had an episode of vomiting in the bathroom implying what he wanted to tell was serious, had to do with his health, but we will be frustrated for ever, and it can’t be morning sickness since we were told he can’t have children.

Dr Jacques COULARDEAU


Ce film est tellement typique de Xavier Dolan que j’ai envie d’en finir comme Louis en deux fois trois mots comme: “C’est plutôt moche ! » ou « Pourrait faire mieux ! » Mais après tout je peux délayer ces pépites tri-morphiques et vous en donner un peu plus.

Loin de la grande ville d’où Louis vient on découvre une famille Québécoise plus que dérangeante. Une mère trône au centre et est une parlante compulsive qui aime à raconter toujours les mêmes histoires que tout le monde connait mais que tout le monde doit apprécier. Ce qui n’est pas le cas du fils aîné Antoine qui travaille dans une petite usine locale à faire des outils. Le père est absolument absent, probablement mort, mais qu’importe. La seule chose que l’on apprend de lui est qu’il s’appelait Louis.


Le fils aîné Antoine est marié à Catherine et ils ont plusieurs enfants dont un fils nommé Louis du prénom de son grand-père (tradition oblige) et pas de son oncle. Il n’aime pas parler et il n’aime pas écouter si bien qu’il devient vociférant et linguistiquement violent quand les autres parlent, particulièrement son épouse. Ambiance de luxe. Le fils cadet a quitté la famille il y a longtemps. Il a 34 ans et est revenu pour dire quelque chose d’important. Il s’appelle Louis, montrant ainsi que le père était un personnage secondaire puisque la tradition du nom du père au fils aîné n’a pas été respectée. Ce fils Louis est allé à la grande ville et il écrit des pièces de théâtre. Il vivait dans le quartier gay mais il dit qu’il l’a quitté tout en gardant son adresse là. Il a un coup de téléphone dans la salle de bain dans l’après-midi avec une personne qu’on ne peut pas identifier. Mais à la fin d’une ballade en voiture Antoine dit à Louis que Pierre, Pierre Jolicoeur, est mort. Cancer. « Ton Pierre ! » On avait déjà eu un flashback peu avant d’une scène d’amour entre Louis jeune et un homme qu’l’on ne peut identifier comme tel que par le langage corporel. Il venait dans la chambre de Louis en passant par la fenêtre et en partant dès que c’était fini.


Ce flash back était venu après un épisode de vomissement de Louis dans la salle de bain, ce qui laissait entendre qu’il avait à révéler un état de santé délicat, et ce ne pouvait pas être une grossesse et sa maladie du matin. Quand il finira par dire quelque chose cela tournera si mal qu’il ne dira que des incongruités et n’aura pas le temps d’arriver aux choses sérieuses et comme il doit partir rapidement Antoine le brusque un peu pour le voiturer jusqu’à l’aéroport. La scène d’adieux devient violente car la sœur Suzanne, un être renfermé sur elle-même ,et sur sa chambre, devient véhémente. La mère s’en même, et même Catherine y va d’un mot ou deux. Antoine devient alors violent à l’égard de Louis et c’est la mère qui calme le jeu et entraîne Antoine dans le patio derrière la maison, suivie de Catherine, et Suzanne descend dans sa chambre de recluse. Louis partira seul sans avoir dit ce qu’il avait à dire.


On a là comme une matrice féconde pour Xavier Dolan. Deux jeunes hommes et un troisième qui se glisse entre eux, le troisième étant clairement gay. Le frère aîné dans ce cas devient jaloux et cela explique le départ précipité du cadet. Mais la mort punira Louis, Pierre Jolicoeur est mort. Autre matrice féconde mais routinière : la mère seule avec le père absent et deux jeunes hommes, frères ou pas, sur les bras et des frustrations hormonales multiples qu’elle ne sait pas guérir. Le film est techniquement très beau du fait des longues scènes lentes centrées sur un ou deux gros plans de visages avec des expressions faciales riches, mais ces longs moments lents qui sanglotent comme des violons dans un arrière plan invisible sont entrecoupés de moments brefs mais rares de violence verbale ou corporelle et même physique qui hache l’impossibilité de communiquer.


Dans une famille comme celle-là la fin du monde pourrait être en train d’arriver dehors ils ne s’en apercevraient même pas. Et Louis repartira sans avoir dit ce qu’il était venu dire. Merci maman, mais pas merci papa. Notons bien la réincarnation et l’inversion de Cain (qui a été banni par Dieu) et Abel (qui a été tué par Cain) avec Antoine qui reste dans son trou à rats, se marie et a des enfants et Louis qui est exilé, revient mais repart encore plus vite et il n’aura pas d’enfants, nous dit-on. Tiens donc et son vomissement alors … ?


Dr Jacques COULARDEAU



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