Monday, October 24, 2016
Danse Des Canards Bobos, ou queue de pie en goguette
GÉRALD SIBLEYRAS –
LA DANSE DE L’ALBATROS – PATRICE KERBRAT – 2007
Une charmante petite pièce dans un décor léger, léger, tellement qu’il s’envole
parfois, mais comme l’albatros il a les ailes trop longues, et les dents trop
courtes, et donc reste au sol la plupart du temps. Et dans ce décor une
exploration des bobos classes moyennes, plus ou moins intellectuels mais sans
plus, trente ans après qu’ils aient eu l’âge de s’adonner au rock métal dur et
aux manifs trotskystes, Seule référence datée l’élection perdue de Giscard d’Estaing
en 1981 et la guerre du Soudan (celle-là elle a eu l’art de s’éterniser).
Alors envoyez-nous nos bobos écolos, primo-génération dans tous les
domaines, naïfs comme des sous neufs que personne n’a encore touchés, avant même
qu’ils poussent leur premier vagissement de plaisir, aux alentours de 15 ans
avec des familles à l’aise mais pas nécessairement plus, allant aller à l’université
avec allant mais sans garantie de réussir, bien qu’ils se débrouilleront bien
pour s’en sortir dans la vie ou pour rester à l’université le plus longtemps
possible surtout s’ils ont une bourse (la totale s’ils sont élevés par un
parent isolé, une mère célibataire par exemple), enfin bref ces jeunes qui ne
doutent de rien car ils n’ont jamais manqué de quoi que ce soit.
Que deviennent-ils trente ans plus tard ?
Pas grand-chose. Ils sont dans des bureaux plus ou moins financiers mais
surtout très fonctionnarisés. Ils se sont mariés au moins une fois et ont
divorcé souvent deux fois plutôt qu’une. Ils ont bien des enfants mais ils ne
savent pas trop de qui ils sont et qu’importe de toute façon car ils ont tous
un téléphone, ces enfants, et ils appellent à la fin du weekend chez leur autre
parent et disent où ils sont. Il ne reste plus qu’à envoyer un taxi les
récupérer. La recomposition des familles c’est aussi la course fébrile, et qui
rend sénile, après chaque bout d’authenticité perdue.
Alors on va dans les manifs, à condition qu’elles ne soient pas trop dures
ou politiques. Une manif pour la paix c’est OK mais la manif pour tous ou
contre la loi travail ce serait définitivement trop leur demander car pour la
première ils ne se sentent plus une âme religieuse et pour la seconde ils n’ont
pas trop envie de se coltiner les gros bras de la CGT. Trotskystes oui mais cégétistes
certainement pas. On est pour la révolution prolétarienne universelle mais pas
pour se mêler à des gens en bleus de travail un peu graisseux et qui ont les mains
un poisseuses, j’entends qui porte la poisse pour la prochaine promotion au
grade supérieur vers le seuil d’incompétence du principe de Peter qu’ils
atteignent généralement vers 35 ans.
Et ils survivent donc de liaison en liaison, de non-mariage en séparation,
de mariage en divorce, d’union libre en liberté désunie avec un appartement à Paris
et une maison à la campagne, une voiture par personne dans la famille
recomposée, y compris les mineurs en dessous de 16 ans : mieux vaut
acheter des voitures diésels aujourd’hui car les écolos vont les faire
interdire à la production d’ici quelques années. Pensez donc, les particules
fines, ma chère, mon cher et vous tous. Il ne leur manque qu’une chose dans cette
pièce : le téléphone avec oreillette et micro réglable pour pouvoir être
en ligne tout le temps. Les Bobos vieillissants ont gardés ou pris cette habitude
aussi facilement que de se laver les pieds avant d’aller au lit. Et quand je
dis les pieds… Il est vrai que cette pièce est très prude dans son langage. Mivres
de bains obligent mais la nudité de salle de bain hors de question.
Et à la cinquantaine ils ne rêvent que des jeunes, j’entends les hommes ne
rêvent que de jeunes filles, les femmes ne veulent pas être classées cougars
mais elles le sont en catimini, bien que pour elles, l’homme doit avoir des moyens,
j’entends principalement financiers, le reste est accessoire, plus ou moins,
cela dépend des moments, tandis que l’argent c’est tout le temps. C’est
tellement tout le temps qu’ils n’en parlent jamais car c’est réglé comme du
papier à musique, clé de sol bien sûr pour rester terre à terre, avant même que
l’on prenne un café ensemble au bistrot de Flore à Saint Germain. Ce n’est pas
très romantique, mais c’est classe.
Le meilleur moment reste le vieux de 50 ans qui se déboitent les vertèbres en
faisant la danse de l’albatros. Comment qu’on dit à propos de ces idiots qui
veulent p… plus haut que leur c… ? Vous savez ce petit mot de trois
lettres commençant par un c et finissant par un n ? Ma maman disait
toujours que ce mot et bon commençaient pas la même lettre. Mais ma mémoire me
quitte. De toute évidence je ne suis pas un bobo mais plutôt un Alzheimer
atteint du syndrome d’Asperger et souffrant d’un fort PTSS résultant des trois
divorces de mon père et des errements dans les couloirs de deux orphelinats et
d’une famille d’accueil. Car les bobos ils font des victimes tous les jours et
sans même avoir le moindre remord, bien qu’il leur arrive parfois d’avoir des
regrets quant aux opportunités manquées
Amusez-vous de la pièce, elle est plutôt babache mais comme nous sommes
tous NAF-NAF sur les bords et inondés au milieu il n’y a pas de danger de
contagion et de devenir gnangnan. C’est le mal du bobo, métro boulot loto dodo
panpan QQ maman lolo papa bobo. Désolé ton père est au PMU en train de faire
vivre les inutiles de la FDJ. Voilà quelques espèces qui ne sont pas voie de
disparition, mais savent donner de la voix quand on leur marche sur les
panards.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 1:35 PM 
