Sunday, May 24, 2015

 

Une bataille perdue aux mains des trafiquants à pavillons de complaisance

CATHERINE DENEUVE – PHILIPPE NOIRET – L’AFRICAIN – 1983

Un beau film, d’une certaine façon, mais si triste.

Il y a en Afrique des zones où la civilisation n’a pas encore atteint et contaminé la vie « naturelle » et les habitants autochtones comme les pygmées. Les guerres civiles n’y sont pas arrivées. Les autoroutes non plus et les aéroports sont des auberges branlantes au fond de la brousse. Des réserves et des parcs naturels ont été installés pour protéger la faune et la flore et quelques idéalistes européens se sont installés pour survivre dans cette nature sans la perturber. Un petit commerce d’épicerie sur un bateau qui peut bouger sur un fleuve. Une épicerie qui fonctionne à crédit et probablement à fonds un peu perdus. C’est Victor, un homme un peu fou qui a son petit avion, seul moyen vraiment sérieux pour voyager.


Mais ces idéalistes romantiques ont dur à faire avec les braconniers qui ne sont là que pour massacrer les éléphants et récupérer les défenses, l’ivoire, pour l’exporter clandestinement. Une bataille de tous les jours.


Imaginez alors le Club Méditerranée – pas encore racheté par les Chinois – dans ses plus belles années qui décide à Paris, Charlotte en tête, qui est la femme non divorcée de Victor, d’installer un village dans ce parc, près des pygmées pour que les touristes fortunés – j’entends qui flottent dans le fric – et à la recherche de dépaysement puissent les rencontrer. Un projet complètement fou. Le premier pas vers la déportation de ces pygmées vers des HLM du 93 où ils pourraient ternir plein d’emplois industriels vue leur petite taille, comme curer les égouts comme les Dalits en Inde. Et ils coûteraient peu à nourrir, peu à vêtir, et même peu à loger, toujours vue leur taille.


Victor veut faire capoter ce projet, arrêter le trafiquant d’ivoire grec qui arrive en même temps que Charlotte et faire capoter l’exportation d’une centaine de défenses d’éléphants ou plus.

Les paysages sont jolis et les pygmées gentils pour ceux qui veulent bien les aider.


Et tout finira bien qui a commencé mal. Charlotte abandonnera son projet de camp de vacances en zone pygmée. Elle oubliera de faire signer les papiers du divorce à Victor car de toute façon elle ne les a pas sur elle. Et elle partira en invitant Victor à Paris : « Tu pourras m’en faire un, garçon ou fille, cela m’est égal. » Et c’est pourtant un  départ sans retour, du moins tout de suite.


Philippe Noiret et si amusant dans ses colères de fin de vie et Catherine Deneuve est désarmante d’adaptabilité, de flexibilité, de caractère têtu qui cependant sait courber la tête devant le destin cosmique plus fort qu’elle.


Dr Jacques COULARDEAU



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