Thursday, May 14, 2015

 

Le Bouddhisme réduit à un folklore plus risible que sérieux

NICOLE MASSON – MAGUY LY – BOUDDHISME 365 US ET COUTUMES – 2013

Amusant gros recueil de petits faits et dires sur le bouddhisme plus que du bouddhisme proprement dit avec l’inénarrable subtilité fortement marquée de flou et d’inutilité de l’utilisation erratique des deux adjectifs « bouddhique » et « bouddhiste » sans que je ne voie la moindre raison à cette dichotomie. Héritage du français qui adore parfois couper les cheveux en quatre dans le sens de la longueur, raison de plus les cheveux ou les poils d’un bonze bouddhiste ou bouddhique dont le corps et rasé, épilé, imberbe, sans poil. N’est-ce pas là de l’esprit ?


Ceci étant dit, faisons quelques remarques.


1- Aucune vraie perspective n’est proposée. On mélange en vrac les divers bouddhismes sans la moindre rationalité. On met à égalité – et donc à identité – le bouddhisme déiste des Tibétains, tant du Tibet que de l’exil et tous les autres bouddhismes, de Chine, du Japon, du Sri Lanka, de l’Inde et même du monde entier, theravada ou petit véhicule ou grand véhicule. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, ici bien sûr, de la cogitation plus que de la méditation. On parle beaucoup des divers bouddhismes nationaux mais sans vraiment saisir la différence. Le bouddhisme japonais pourtant a peu à voir avec le bouddhisme birman.


2- On met à égalité des pratiques rituelles locales avec des enseignements centraux et essentiels. Des superstitions dictées par telle ou telle localité ont la même valeur qu’un précepte éthique fondamental. On signale que les Tibétains peuvent découper un mort et offrir les morceaux aux oiseaux de proie, mais on oublie de dire que c’est là un héritage de la religion BON antérieure au bouddhisme et que les Bouddhistes fuyant l’Inde ont trouvée et assimilée il y a fingt siècles, et on ne signale pas que dans ce cas tibétain, les os ainsi nettoyés sont utilisés dans la vie commune : les crâne comme coupes pour y boire, les fémurs comme des flûtes rituelles, etc. On fait un peu dans le folklorique mais surtout pas dans l’anthropologique.


3- Il n’y a aucune présentation systématique des concepts bouddhistes et on ne cite que très rarement les mots palis – pas plus que les mots sanskrits – comme si les mots français correspondaient à quoi que ce soit. On fait comme si. Vous ne saurez en définitive pas grand-chose du bouddhisme quand vous aurez fini de lire ces pages.


4- Les traductions françaises sont sujettes à caution. Les auteures emploient le terme « esprit » qui pour moi fait penser soit à l’esprit saint, soit à l’esprit d’un quelconque humoriste, pour un mot central en bouddhisme, « cita/mana », qui désigne la capacité mentale que le cerveau humain construit dans l’expérience et la souffrance d’un monde qui n’arrête pas de changer et dont je suis un des premiers éléments à changer à chaque instant. Le mental échappe à l’esprit car l’esprit est spirituel et non mental. L’esprit n’est qu’un poteau indicateur qui ne suit pas la route qu’il indique alors que le mental est d’abord et avant tout une qualité intérieure de l’homme cultivé par celui-ci en lui-même.


Ce livre est donc une distraction au sens pascalien du terme, une lecture qui va vous distraire pour sûr, peut-être vous amuser, mais surtout vous distraire de la vérité du bouddhisme et même d’une connaissance vraie sur ce bouddhisme. Il vous suffira de vous envelopper dans un drap safran pour jouer au bonze au coin de la rue, mais n’oubliez pas que votre corps doit être entièrement libéré de tous ses poils, ce que d’ailleurs nos auteures oublient de nous dire.


Dr Jacques COULARDEAU



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