Saturday, June 21, 2014

 

J'en ai attrapé un gonflement de la prostate

JEAN-LUC GODARD – LES CARABINERS – 1963

Plus nul que moi tu meurs.

C’était un temps où le cinéma français étant largement subventionné, il pouvait se permettre de produire à peu près n’importe quoi. La télévision noir et blanc commençait tout juste à devenir populaire et en 1963 la concurrence avec le cinéma commençait tout juste à se faire sentir. Les propriétaires de salles firent même grève un après-midi pour protester contre la taxation de tous les sièges des salles, occupés ou non, et obtinrent gain de cause et la taxation passa aux billets effectivement vendus. J’ai vu un Phèdre gratuitement grâce à cette grève qui devait être un jeudi après-midi puisque je n’avais pas de cours.


Et ce fut la Nouvelle Vague qui décida de ne faire que des films qui soient totalement antinomiques par rapport à ce qu’Hollywood faisait. Et c’est ainsi que mis à part les films d’action de Delon et Belmondo et les films comiques de Louis de Funès et Bourvil, le cinéma français commença à s’enliser dans une boue moribonde et mortifère qui laissa le champ libre au cinéma américain. Dans ce magma informe des gens comme Jean Delannoy eurent tout le mal du monde à continuer à travailler car ils refusaient de faire du nouvelle vague, du Françoise Sagan et même du Truffaut ou du Chabrol. Dans tout ce fumier il y avait en plus du bon et du mauvais et la série B était vingt étages en sous-sol plus bas que ce film de Godard qui vole au ras des pâquerettes.


Car, soyons clair ce film est un navet, peut-être un tout petit peu plus gros que cela, disons un rutabaga. C’est ringard, c’est dépassé, c’est insignifiant, c’est insensé, c’est plus con-dé-plaisant que déplacé, même les tondues de fin de guerre.


Mais il est évident qu’historiquement, que dis-je archéologiquement, mais où ai-je la tête anthropologiquement ce film est un moment capital dans la chute infernale du cinéma français subventionné jusqu’au plus profond des chaussettes, ou serait-ce des bas ? Et si le cinéma français commence tout juste peut-être depuis une dizaine d’années à ressortir la tête de l’eau c’est qu’ils ont enfin essayé d’apprendre à Hollywood comment on peut faire un film, mais avec dix fois moins de moyens, et autant d’imagination que l’oiseau en cage de Jacques Prévert. Heureusement qu’il y a toujours un cancre Godard pour ouvrir la cage.


Si vous le trouvez, ce DVD, essayez de le regarder pour le plaisir d’avoir la nausée, mais pas celle de Sartre devant une racine au Jardin du Luxembourg, la vraie nausée devant un étron non doré de quelque César égaré dans un parking souterrain. Mais je divague, oui certes je dis-terrain-vague et je vois le jardin de Versailles, comme je regarde Les Carabiniers par Jean Luc Godard et je vois un chef d’œuvre qui durera pour les siècles des siècles, jusqu’à ce que Dieu lui-même en attrape une crise de fou rire dérisoire.


Au rasoir que je vous dis, au coupe chou que nous devons aller dans ces arrières ruelles des friches urbaines de cerveaux malades d’illusions cancréliques, de cancrelat + colique = diarrhée diurétique.


Dr Jacques COULARDEAU

    


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