JEAN-LUC GODARD –
LES CARABINERS – 1963
Plus nul que moi tu meurs.
C’était un temps où le cinéma français étant largement subventionné, il
pouvait se permettre de produire à peu près n’importe quoi. La télévision noir
et blanc commençait tout juste à devenir populaire et en 1963 la concurrence
avec le cinéma commençait tout juste à se faire sentir. Les propriétaires de
salles firent même grève un après-midi pour protester contre la taxation de
tous les sièges des salles, occupés ou non, et obtinrent gain de cause et la
taxation passa aux billets effectivement vendus. J’ai vu un Phèdre gratuitement
grâce à cette grève qui devait être un jeudi après-midi puisque je n’avais pas
de cours.
Et ce fut la Nouvelle Vague qui décida de ne faire que des films qui soient
totalement antinomiques par rapport à ce qu’Hollywood faisait. Et c’est ainsi
que mis à part les films d’action de Delon et Belmondo et les films comiques de
Louis de Funès et Bourvil, le cinéma français commença à s’enliser dans une
boue moribonde et mortifère qui laissa le champ libre au cinéma américain. Dans
ce magma informe des gens comme Jean Delannoy eurent tout le mal du monde à continuer
à travailler car ils refusaient de faire du nouvelle vague, du Françoise Sagan
et même du Truffaut ou du Chabrol. Dans tout ce fumier il y avait en plus du
bon et du mauvais et la série B était vingt étages en sous-sol plus bas que ce
film de Godard qui vole au ras des pâquerettes.
Car, soyons clair ce film est un navet, peut-être un tout petit peu plus
gros que cela, disons un rutabaga. C’est ringard, c’est dépassé, c’est
insignifiant, c’est insensé, c’est plus con-dé-plaisant que déplacé, même les
tondues de fin de guerre.
Mais il est évident qu’historiquement, que dis-je archéologiquement, mais
où ai-je la tête anthropologiquement ce film est un moment capital dans la
chute infernale du cinéma français subventionné jusqu’au plus profond des
chaussettes, ou serait-ce des bas ? Et si le cinéma français commence tout
juste peut-être depuis une dizaine d’années à ressortir la tête de l’eau c’est
qu’ils ont enfin essayé d’apprendre à Hollywood comment on peut faire un film,
mais avec dix fois moins de moyens, et autant d’imagination que l’oiseau en
cage de Jacques Prévert. Heureusement qu’il y a toujours un cancre Godard pour
ouvrir la cage.
Si vous le trouvez, ce DVD, essayez de le regarder pour le plaisir d’avoir
la nausée, mais pas celle de Sartre devant une racine au Jardin du Luxembourg,
la vraie nausée devant un étron non doré de quelque César égaré dans un parking
souterrain. Mais je divague, oui certes je dis-terrain-vague et je vois le
jardin de Versailles, comme je regarde Les Carabiniers par Jean Luc Godard et
je vois un chef d’œuvre qui durera pour les siècles des siècles, jusqu’à ce que
Dieu lui-même en attrape une crise de fou rire dérisoire.
Au rasoir que je vous dis, au coupe chou que nous devons aller dans ces
arrières ruelles des friches urbaines de cerveaux malades d’illusions
cancréliques, de cancrelat + colique = diarrhée diurétique.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 1:10 PM