Thursday, March 27, 2014
La censure est un mal qui ronge la France
Ici très ciblée catholique, la censure est aussi un mal laïcard pour ne parler que de cette autre forme de censure très française.
Je ne peux que diffuser, mais j'ai des réserves, comme je viens d'écrire à mes collègues du SNAC (Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs) qui diffuse lui aussi ce texte pour examen.
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Chers Collègues,
Je suis pour la signature de ce texte, et
l'adhésion à cet Observatoire, même si j'aurais quelques réserves sur des points
qui ne sont pas nécessairement de détail.
Il serait bon aussi de voir comment certains ont
fait des promesses qui ne coûtaient rien et qui ne seront jamais
tenues
« Pendant sa campagne électorale, le candidat François Hollande
s’est publiquement engagé auprès de l’Observatoire de la liberté de création, le
2 mai 2012, à « revoir profondément la législation en vigueur », dénonçant les
attaques et remises en cause de manifestations artistiques, et affirmant qu’il
convient de faire « cesser » « les poursuites contre des commissaires
d’exposition ou l’autocensure des élus ».
Il
est temps de passer aux actes. »
Ma conviction est que ce sont les victimes qui
doivent apprendre à se défendre avec le soutien de tous ceux qui le veulent
bien. Il est peut-être nécessaire de se poser la question d'une attaque en
justice contre des associations qui mettent en péril la liberté d'expression et
de création qui est un droit constitutionnel. Il faudrait aussi parler de la
liberté de conscience et de pratique de toutes les religions, qui sont aussi des
droits constitutionnels, et là il faut dire que dans le champ laïque il y a
aussi des extrêmistes qui en appellent à la démocratie de la rue et des foules
dès que l'on montre un voile quelconque ou une kipa banale.
Je conseille la lecture du
Rapport au Premier ministre
sur la refondation des politiques
d’intégration
1er février 2013
L'évolution sur ces questions est lente en France,
beaucoup plus lente que dans les autres pays d'Europe, pour ne pas citer les USA
ou le Canada. Et je le regrette.
Bonne soirée.
Jacques
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Contre la censure, aux actes !
Lettre ouverte de l’Observatoire de
la liberté de création, dont est membre la SRF.
Il y
a eu, en 2000, Présumés innocents, exposition au CAPC de Bordeaux dont
les commissaires ont été poursuivies, a posteriori, au pénal, par une
association s’occupant de rechercher les enfants disparus, la Mouette. La
procédure a fini par un non-lieu, de nombreuses années après, mais elle a
marqué les esprits et le retour de l’ordre moral qui n’a fait que s’aggraver
ces dernières années.
En
2010, Le Baiser de la Lune, film d’animation de Sébastien Watel,
montrait un poisson-lune qui aimait un poisson-chat. Il devait être diffusé à
l’école dans le cadre d’une campagne de prévention contre les
discriminations, mais le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, l’a
interdit. Christine Boutin, sous couvert de son parti chrétien, soutint que
ce film privait les enfants « des repères les plus fondamentaux que sont la
différence des sexes et la dimension structurante pour chacun de l’altérité
». Prévenir contre l’homophobie serait faire de l’idéologie.
En
avril 2011, Immersion (Piss Christ) et Sœur Jeanne Myriam, deux
œuvres d’Andres Serrano, furent vandalisées à la Collection Lambert d’Avignon
à la suite d’une manifestation conduite par Civitas. Certains évêques
s’étaient joints aux intégristes dans la dénonciation d’un prétendu
blasphème.
Quelques
mois plus tard, des représentations de la pièce Sur le concept du visage
du fils de Dieu, de Romeo Castellucci, furent empêchées par des
catholiques intégristes. Il a fallu que la police protège les théâtres, comme
ce fut le cas ensuite pour la pièce Golgota Picnic, de Rodrigo Garcia.
Le porte-parole de la Conférence des évêques dénonçait ces deux spectacles
sans les avoir vus, encourageant ainsi les manifestants.
Le
21 novembre 2013, le Fonds régional d’art contemporain de Lorraine a été
condamné pour la présentation des œuvres d’Éric Pougeau dans l’exposition
Infamilles à la demande de l’Agrif, une association « pour le respect de
l’identité française et chrétienne », sur le fondement de l’article 227-24 du
Code pénal, dont l’Observatoire de la liberté de création demande la
modification depuis 2003 (voir manifeste ci-joint). Les œuvres incriminées
sont considérées par la justice comme violentes à l’égard des mineurs, et
portant gravement atteinte à la dignité humaine. C’est la première fois
qu’une exposition est condamnée judiciairement sur ce fondement. La cour
d’appel est saisie.
En
février 2014, le film Tomboy, de Céline Sciamma, a été attaqué par
Civitas qui demande son retrait du dispositif d’éducation artistique « École
et cinéma », et a cherché à s’opposer à sa diffusion sur Arte. Une candidate
du FN à La Roche-sur-Yon dénonce Tragédie, spectacle chorégraphique
d’Olivier Dubois, jugé « décadent » pour cause de nudité. Tous à poil !,
livre de Claire Franek et Marc Daniau, est vilipendé au même moment par
Jean-François Copé au nom du « respect de l’autorité ».
Les
28 janvier et 5 février 2014, sont remis en cause les visas d’exploitation du
film Nymphomaniac Volume I et Volume II de Lars von Trier, par deux
décisions du juge des référés du tribunal administratif de Paris. La
délivrance de ces visas par la ministre de la Culture s’était pourtant
appuyée sur une consultation de la Commission de classification. Le juge des
référés est, par définition, seul. Il visionne et juge le film, seul. Et son
jugement donne raison à une association (Promouvoir) dont le but est
clairement confessionnel (« la promotion des valeurs judéo-chrétiennes, dans
tous les domaines de la vie sociale ») et qui développe une stratégie
d’actions contentieuses, administratives et pénales, contre les films et les
livres, depuis 20 ans.
Les
visas critiqués ont été délivrés par la ministre de la Culture après avis collégial
d’une commission présidée par un conseiller d’État, nommé par décret, et
composée de fonctionnaires représentant les ministères concernés par la
protection de l’enfance et de l’adolescence, de professionnels, d’experts,
dont des représentants de l’Union nationale des associations familiales
(UNAF) et du Défenseur des enfants. Le film est désormais interdit aux moins
de 16 ans (Volume I), et 18 ans (Volume II). Avec des conséquences lourdes
sur sa diffusion, dont la portée est loin de ne concerner que les mineurs
prétendument protégés par de telles mesures.
Le
20 février, le même juge des référés déboute l’association Promouvoir qui
prétendait faire casser le visa du film La vie d’Adèle, d’Abdellatif
Kechiche (interdit au moins de 12 ans), en faveur d’une interdiction aux
moins de 18 ans. Le juge des référés ne répond pas favorablement, uniquement
parce que l’association s’y est prise trop tard, ce qui laisse présager de la
suite.
Il y
a encore l’artiste Steven Cohen, arrêté en septembre 2013 au Trocadéro en
pleine performance, pour cause « d’exhibition sexuelle », car il était
partiellement nu, par les policiers du commissariat de la Faisanderie, proche
du bois de Boulogne. Il sera jugé par le tribunal correctionnel de Paris, le
24 mars prochain, à la demande du parquet.
Il y
a les pressions, exercées par des mouvements extrémistes, sur les
bibliothèques pour censurer tel ou tel ouvrage, jugé par eux immoral ou
scandaleux, demandant des comptes sur les politiques d’achat, de consultation
et de prêt.
Il y
a les mêmes anathèmes, lancés sur les manuels et les bibliothèques scolaires,
les enseignants et les éducateurs, au nom d’un ordre moral qui ne s’autorise
que de lui-même ou d’une rumeur autour d’une « théorie du genre »,
prétendument enseignée à l’école. Et cette fois, sont rassemblés les
fondamentalistes de toutes les religions.
Ce
n’est évidemment pas fini.
Ces
faits devenus réguliers ont plusieurs caractéristiques communes alarmantes. Quelques
groupes, très actifs et organisés en réseau, se sont érigés en arbitres et en
gardiens des bonnes mœurs, selon des principes le plus souvent empruntés à
l’ordre du religieux et de la morale. Ils s’attaquent à l’art et tentent
d’empêcher la diffusion des œuvres qui leur déplaisent par tous les moyens :
intimidation, rumeur, action violente... Les musées, les lieux d’exposition,
les cinémas, les théâtres, les bibliothèques et les écoles, tous les lieux
publics de culture et de connaissance sont devenus leur cible.
Or
nous vivons dans une république démocratique et laïque. Il est temps de
rappeler que la culture et l’éducation fondent notre pacte républicain,
autour des valeurs de diversité, de tolérance et de dialogue. Le débat sur
les œuvres est légitime et sain, chaque avis est respectable, mais rien ne
justifie l’action violente. Une oeuvre qui respecte ce pacte ne peut faire
l’objet d’aucune censure ni d’aucune forme de pression dictée par des
minorités agissant au nom de principes communautaristes, ou d’arguments
idéologiques, religieux ou moraux.
Le
travail des auteurs, des artistes et des interprètes n’est jamais de dire une
vérité unique. Une œuvre est une représentation, une fiction qui permet
d’exprimer une vision du monde, et cette vision est et doit rester libre. La
diffusion des œuvres ne doit pas être entravée par ceux qui n’en ont qu’une
vision étroite, injuste ou déformée, et demandent une censure, parfois sans
même voir, regarder ou entendre. Ce qui est en cause, ici, c’est le jugement
que chacun peut faire librement des œuvres qui lui sont données à voir ou à
entendre. Ce n’est pas seulement la liberté des créateurs que nous défendons,
mais c’est aussi celle du spectateur. La censure porte atteinte à ce qui
donne à chacun l’occasion d’exercer son intelligence et de questionner son
rapport à l’autre ou au monde. Il s’agit de défendre l’expérience offerte à
tous de la pensée et de la sensibilité, contre toute forme de puritanisme ou
de catéchisme de la haine. Il ne faut pas laisser vaincre ceux qui tentent
d’anéantir ce qui est un principe de toute vie démocratique. Si l’œuvre est
polémique, elle requiert un débat, pas une interdiction.
Il
est très préoccupant que l’Observatoire de la liberté de création ait à
rappeler ces évidences. Il dénonce, depuis plus de dix ans, le dispositif
légal qui permet aux associations d’agir contre les œuvres au nom de la
protection de l’enfance, alors qu’elles n’ont aucun titre à le faire. Il
dénonce les dispositions légales qui sont fort mal rédigées, et qui
permettent des sanctions pénales contre les œuvres pour des motifs touchant à
la morale.
Pendant
sa campagne électorale, le candidat François Hollande s’est publiquement
engagé auprès de l’Observatoire de la liberté de création, le 2 mai 2012, à «
revoir profondément la législation en vigueur », dénonçant les attaques et
remises en cause de manifestations artistiques, et affirmant qu’il convient
de faire « cesser » « les poursuites contre des commissaires d’exposition ou
l’autocensure des élus ».
Il
est temps de passer aux actes.
Nous
en appelons solennellement au président de la République, au gouvernement et
aux parlementaires, pour procéder aux modifications législatives qui
s’imposent, afin de garantir la liberté de création et de diffusion des
œuvres, et modifier le code pénal.
Nous
en appelons aux plus hautes instances de l’État, mais aussi aux élus locaux,
pour protéger, autant de fois qu’il sera nécessaire, les œuvres, les artistes
et les lieux de connaissance et de culture, par la garantie réaffirmée de la
liberté de création et de diffusion des œuvres.
Membres de l’Observatoire :
- la Fédération des salons et fêtes du livre de jeunesse ; - le Syndicat des artistes plasticiens (Snap – CGT) ; - l’association des Auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) ; - le Cipac – Fédération des professionnels de l’art contemporain ; - la Ligue de l’enseignement ; - la Ligue des droits de l’Homme (LDH) ; - l’Association du cinéma indépendant pour sa diffusion (Acid) ; - la section française de l’Association internationale des critiques d’art (AICA – France) ; - le Groupe 25 images ; - le Syndicat français des artistes interprètes (SFA) ; - la Société des gens de lettre (SGDL) ; - la Société des réalisateurs de films (SRF) ; - le Syndicat français de la critique de cinéma (SFCC).
Organisations signataires :
- l’Association des directrices et directeurs de bibliothèques municipales et de groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV) ; - le Syndicat des distributeurs indépendants (SDI) ; - l’Union des photographes professionnels-auteurs (UPP) ; - le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (SYNDEAC) ; - l’Association des auteurs réalisateurs du sud-est (AARSE) ; - le Syndicat des professionnels de l’industrie de l’audiovisuel et du cinéma (Sipac – CGT)
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Retrouvez le manifeste de l'Observatoire de la liberté de création :http://
http://www.ldh-france.org/Le-manifeste-de-l-Observatoire-de.html
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