Sunday, December 01, 2013

 

Stromae nous met à l'aise dans le malaise du siècle

STROMAE – RACINE CARRÉE

Bienvenue au nouveau Brel flamand et mes oreilles sifflent comme c’est pas possible. Bien sûr qu’il est du vingt-et-unième siècle et qu’il a oublié la valse, mais la vache, et surtout la mater-vache enragée, il l’a en plein dans le cœur et je ne peux que lui apporter des bonbpons parce que les fleurs c’est trop… bien que les fleurs soient plus …, mais vous savez la suite.

Il y a chez lui une vigueur flamande que l’on ne trouve que dans le Nord de la France et en Belgique. Sa musique c’est une ducasse à la fois culottée et déculottée. Il appelle cela la fête. On pourrait lui objecter le carnaval de Dunkerque. Ça danse parce que les pieds ne savent guère faire autre chose, mais ça gigote pas mal quand ces pieds-là prennent leur pied entre deux gigots définitivement sans culotte.


Sans chemise et sans pantalon ? Parlons-en. Pour lui c’est d’abord et avant tout sans papa. Il cherche ce papa qui s’est évanoui dans la nature aussi vite qu’il était apparu, mais il n’était pas encore là pour en témoigner. Mais qu’est-ce qu’il lui veut à ce papa hypothétique ? Aujourd’hui un garçon normal doit savoir se passer d’un papa car sans papa le monde tourne quand même. Tournerait-il encore s’il était sans ces dames que les papas transitoires utilisent pour déposer leurs suppositoires hormonaux ? J’en doute car comme disait le poète et chantait Jean Ferrat, la femme c’est l’avenir de l’homme, et probablement des petits garçons aussi, du moins pour la plupart d’entre eux.

De droite ou de gauche, macho ou homo, soit l’un soit l’autre, ni l’un ni l’autre et même parfois l’un et l’autre à la fois. On peut être macho et homo, ça je vous le garantis. Mais en définitive tu es marron comme un rond de frite derrière une malle ou comme un trou de balle de Kalachnikov. Sale bâtard ! un cri de l’ADN de ce gamin multiracial qui veut être, qui a été, et qui veut rester ni l’un ni l’autre parce qu’il est l’un et l’autre, le Janus du monde moderne.


Une chanson d’amour se glisse dans ce fatras et c’est bien sûr une femme qui est partie et l’a laissé sur le trottoir. Elle est partie pour sa Rome natale et lui il reste dans un bouge du port d’Amsterdam ou d’Anvers à boire du rhum comme du jus de fruit cunilingual. Il croit, le Pôvre, qu’une fille perdue on la retrouve toujours. Effectivement sa romaine vient lui couper le goût du rhum car elle revient mais elle est saluée comme une légion romaine qui envahie la Belgique de ses trouffions à moitié esclaves. Ave Cesaria. Avec elle c’est l’amour en uniforme et à la baguette. On se demande qui porte justement la baguette magique, ou serait-ce simplement une petite bague au doigt, ou encore un pain plus petit et plus long qu’un bâtard ? Il se fait même romantique dans le genre chialeur glacé, le gamin, un chagrin qu’il noie dans le rhum chaud des îles.

Clin d’œil à Mozart et son troisième opéra sur un livret de Da Ponte, Cosi van tutte. Mais il se fait sexuellement déjanté car ce ne sont plus les femmes, souricières pour attraper les hommes, qu’il chante mais les hommes, gros rats musqués qui se font la malle, pour ne pas se faire trop mâle et encore moins mal, aussi vite qu’ils ont dit deux mots un peu juteux et poisseux. C’est qu’il savent jacter aussi bien que tout autre gris-gris qui n’aime pas les règles de bonne conscience et de bienséance, surtout quand elles sont menstruelles. C’est bien sûr qu’il fait le beau en bisexuel déjanté en laisse de sa maman. Si vous n’aimez pas vous pouvez toujours laisser la bébête à sa maman.


Sur la grand place de Bruxelles ou à la Gare du Midi, il fait la cour à n’importe qui, qui veut bien l’écouter deux secondes, car il est bourré. Ça c’est le Mankenpiss  quand il a trop bu et qu’il n’arrête pas justement de pisser. Alors il drague, la première venue, le premier mec qui passe, et même le premier gamin qui le regarde. Il se dit singe mais d’opéra ou de foire qui danse et mange ses cacahuètes sur un air d’orgue de Barbarie. C’est qu’on en voit des belles et des pas mûres à Bruxelles de l’autre côté du Palais Royal.

On passe ensuite à la braderie de Lille après la nuit tombée et on  se laisse aller à un verre de blanc, bien que la bière c’est plus moussant même si le petit blanc c’est plus présentable. Pauvre Paulo ! Il se perd, il se noie dans la mayonnaise de ses frites et de ses moules au vin blanc justement avec une branche de céleri. Mais les moules ne sont plus ce qu’elles étaient. Elles sont contaminées de MST et de radiation de Gravelines. On n’arrête pas le progrès nucléaire qui vous explose dans le bas ventre quinze jours à peine après la rencontre thermo-tactile. Où sont donc les bouchots d’antan ?


Bien sûr qu’il ne peut pas résister à l’opéra de Bizet le plus célèbre chez les clowns du Prato de Lille justement. Et il se paie une visite à une salle de garde où il leur pique une chanson carminée qu’il jette à la foule qui ne crie pas gare avant de prendre les fruits défendus, le diable au corps. L’amour n’est plus un enfant de Bohème mais un enfant de la consommation. Sortez couverts, les mecs ! Ça mousse sur la chair de culture, tous les rétrovirus du désir que l’on jette plus vite en un moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. L’amour part avec la capote. Encore un papa qui ne sera pas.

Dur de jouer à l’humain déshumanisé, trans-humanisé à qui il pousse déjà des oreilles vertes entre les genoux et des dents de sagesse autour des paupières. C’est ce que l’on appelle déléguer la morsure à la pupille de mes yeux, implants garantis à vie, tandis que le pénis de l’oiseau migrateur qui fuit ses terres équatoriales et tropicales finira dans la chaudière vaginale de la vengeance coupé en tranches et laminé dans le sens de la longueur.


C’est alors que la plus Brellienne de toutes arrive sur un plateau sous la forme d’une question. On attend un Jacky quelconque ou un Jeff de service, peut-être un capitaine Casse-pompons, mais on a pire, bien pire que cela. Le visiteur nocturne de la maman sans papa ! Et c’est qu’en plus il te reluque le gamin qui n’en peut mais, car lui il les aime les petits enfants. Tiens donc. J’ai déjà entendu cela qui montait en plainte du trou de balle du fusillé de l’aube qui ne le sera pas. Dommage. C’était un beau spectacle. Une  caresse par-ci par-là, le petit garçon en a ras le bol mais le visiteur nocturne à la main facile et le bol sans fond dans tous les sens qu’on puisse imaginer et les sens en ébullition. Et cela recommencera avec le suivant de Brel et de son conseil de révision des fantassins de maman.

Un homme qui ne dort pas c’est un voleur qui sommeille sous une pierre tombale. Plus ambigu encore que ces moutons-là  tu meurs car fumer tue et ce fumet de garçon qui s’ennuie sans le sur-mec d’un papa vous fusille son homme trois fois par jour et quatre la nuit. La nostalgie du sommeil qui fait danser tout ce qu’il vous manque, tous ceux qui vous manquent, et qui vous fait pilonner une java entre les draps.


Merci bien, ce sera pour plus tard. Finir avec un instrumental plus caverneux et ténébreux qu’un film catastrophe. Un grand super-héro de manga japonais qui parcourt les autoroutes de Los Angeles à la recherche des alligators de Floride. Un peu déraillé le super-héro. Puis une mélopée sinistre explose à la fin qui n’est qu’un cri du diable qui veut nous prendre par les sentiments de nos organes hormonaux et endocrine. C’est poignant, empoignant, violent comme un viol de corbeaux sur un champ de bataille jonché de cadavres. Voilà le monde qu’ils nous donnent, les pots-lits-tiquards perclus de tiques qui vous infusent la fièvre de la danse de Saint Gui.

Allez donc vous faire refaire le portrait postérieur à coups de bottes. Clôture antipoliticarde, car ils sont tous pareils, prêts à nous envoyer à l’hôpital PSY pour qu’on ne perturbe pas les défilés militaires de la fête nationale sur les champs de mars élyséens des euros que l’on se doit bien sûr de cracher car ils vous masturbitionnent nos comptes en banque pour que toutes leurs secrétaires dans les ministères puissent avoir du campagne au petit déjeuner et eux du caviar cinq fois par jours. C’est qu’ils n’ont rien contre l’Islam, pourvu que la vodka coule à flots.


Et la musique dans tout ça ? Elle n’a pas de limites. Il joue sur tous les rythmes et sur toutes les portées et il vous engloutit dans des rythmiques sataniques qui s’entrecroisent aussi vite que les aiguilles de ma grand-mère quand elle tricotait un avortement. Lancinant, trépidant, disloquant même, sinon volcanique. « Com’ in disot dins ch’Nord, li i mettot sin loques por que li il allasse à ch’ducasse. » Et sa musique est aussi impolie, j’entends qu’elle manque de polissage bien que pas de polisson, que ses histoires sont mal embouchées ou embouchées de travers. Il est grossier, rude, rugueux même, mais on le sent passer entre nos oreilles.


Dr Jacques COULARDEAU



Comments: Post a Comment



<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?