STROMAE – RACINE
CARRÉE
Bienvenue au nouveau Brel flamand et mes oreilles sifflent comme c’est pas
possible. Bien sûr qu’il est du vingt-et-unième siècle et qu’il a oublié la valse,
mais la vache, et surtout la mater-vache enragée, il l’a en plein dans le cœur
et je ne peux que lui apporter des bonbpons parce que les fleurs c’est trop…
bien que les fleurs soient plus …, mais vous savez la suite.
Il y a chez lui une vigueur flamande que l’on ne trouve que dans le Nord de
la France et en Belgique. Sa musique c’est une ducasse à la fois culottée et
déculottée. Il appelle cela la fête. On pourrait lui objecter le carnaval de
Dunkerque. Ça danse parce que les pieds ne savent guère faire autre chose, mais
ça gigote pas mal quand ces pieds-là prennent leur pied entre deux gigots
définitivement sans culotte.

Sans chemise et sans pantalon ? Parlons-en. Pour lui c’est d’abord et
avant tout sans papa. Il cherche ce papa qui s’est évanoui dans la nature aussi
vite qu’il était apparu, mais il n’était pas encore là pour en témoigner. Mais
qu’est-ce qu’il lui veut à ce papa hypothétique ? Aujourd’hui un garçon
normal doit savoir se passer d’un papa car sans papa le monde tourne quand
même. Tournerait-il encore s’il était sans ces dames que les papas transitoires
utilisent pour déposer leurs suppositoires hormonaux ? J’en doute car
comme disait le poète et chantait Jean Ferrat, la femme c’est l’avenir de
l’homme, et probablement des petits garçons aussi, du moins pour la plupart
d’entre eux.
De droite ou de gauche, macho ou homo, soit l’un soit l’autre, ni l’un ni
l’autre et même parfois l’un et l’autre à la fois. On peut être macho et homo,
ça je vous le garantis. Mais en définitive tu es marron comme un rond de frite
derrière une malle ou comme un trou de balle de Kalachnikov. Sale bâtard !
un cri de l’ADN de ce gamin multiracial qui veut être, qui a été, et qui veut
rester ni l’un ni l’autre parce qu’il est l’un et l’autre, le Janus du monde
moderne.

Une chanson d’amour se glisse dans ce fatras et c’est bien sûr une femme
qui est partie et l’a laissé sur le trottoir. Elle est partie pour sa Rome
natale et lui il reste dans un bouge du port d’Amsterdam ou d’Anvers à boire du
rhum comme du jus de fruit cunilingual. Il croit, le Pôvre, qu’une fille perdue
on la retrouve toujours. Effectivement sa romaine vient lui couper le goût du
rhum car elle revient mais elle est saluée comme une légion romaine qui envahie
la Belgique de ses trouffions à moitié esclaves. Ave Cesaria. Avec elle c’est
l’amour en uniforme et à la baguette. On se demande qui porte justement la
baguette magique, ou serait-ce simplement une petite bague au doigt, ou encore
un pain plus petit et plus long qu’un bâtard ? Il se fait même romantique
dans le genre chialeur glacé, le gamin, un chagrin qu’il noie dans le rhum
chaud des îles.
Clin d’œil à Mozart et son troisième opéra sur un livret de Da Ponte, Cosi
van tutte. Mais il se fait sexuellement déjanté car ce ne sont plus les femmes,
souricières pour attraper les hommes, qu’il chante mais les hommes, gros rats
musqués qui se font la malle, pour ne pas se faire trop mâle et encore moins
mal, aussi vite qu’ils ont dit deux mots un peu juteux et poisseux. C’est qu’il
savent jacter aussi bien que tout autre gris-gris qui n’aime pas les règles de
bonne conscience et de bienséance, surtout quand elles sont menstruelles. C’est
bien sûr qu’il fait le beau en bisexuel déjanté en laisse de sa maman. Si vous
n’aimez pas vous pouvez toujours laisser la bébête à sa maman.

Sur la grand place de Bruxelles ou à la Gare du Midi, il fait la cour à
n’importe qui, qui veut bien l’écouter deux secondes, car il est bourré. Ça
c’est le Mankenpiss quand il a trop bu
et qu’il n’arrête pas justement de pisser. Alors il drague, la première venue,
le premier mec qui passe, et même le premier gamin qui le regarde. Il se dit
singe mais d’opéra ou de foire qui danse et mange ses cacahuètes sur un air
d’orgue de Barbarie. C’est qu’on en voit des belles et des pas mûres à
Bruxelles de l’autre côté du Palais Royal.
On passe ensuite à la braderie de Lille après la nuit tombée et on se laisse aller à un verre de blanc, bien que
la bière c’est plus moussant même si le petit blanc c’est plus présentable. Pauvre
Paulo ! Il se perd, il se noie dans la mayonnaise de ses frites et de ses
moules au vin blanc justement avec une branche de céleri. Mais les moules ne
sont plus ce qu’elles étaient. Elles sont contaminées de MST et de radiation de
Gravelines. On n’arrête pas le progrès nucléaire qui vous explose dans le bas
ventre quinze jours à peine après la rencontre thermo-tactile. Où sont donc les
bouchots d’antan ?

Bien sûr qu’il ne peut pas résister à l’opéra de Bizet le plus célèbre chez
les clowns du Prato de Lille justement. Et il se paie une visite à une salle de
garde où il leur pique une chanson carminée qu’il jette à la foule qui ne crie
pas gare avant de prendre les fruits défendus, le diable au corps. L’amour
n’est plus un enfant de Bohème mais un enfant de la consommation. Sortez
couverts, les mecs ! Ça mousse sur la chair de culture, tous les
rétrovirus du désir que l’on jette plus vite en un moins de temps qu’il n’en
faut pour le dire. L’amour part avec la capote. Encore un papa qui ne sera pas.
Dur de jouer à l’humain déshumanisé, trans-humanisé à qui il pousse déjà
des oreilles vertes entre les genoux et des dents de sagesse autour des
paupières. C’est ce que l’on appelle déléguer la morsure à la pupille de mes
yeux, implants garantis à vie, tandis que le pénis de l’oiseau migrateur qui
fuit ses terres équatoriales et tropicales finira dans la chaudière vaginale de
la vengeance coupé en tranches et laminé dans le sens de la longueur.

C’est alors que la plus Brellienne de toutes arrive sur un plateau sous la
forme d’une question. On attend un Jacky quelconque ou un Jeff de service,
peut-être un capitaine Casse-pompons, mais on a pire, bien pire que cela. Le
visiteur nocturne de la maman sans papa ! Et c’est qu’en plus il te
reluque le gamin qui n’en peut mais, car lui il les aime les petits enfants.
Tiens donc. J’ai déjà entendu cela qui montait en plainte du trou de balle du
fusillé de l’aube qui ne le sera pas. Dommage. C’était un beau spectacle.
Une caresse par-ci par-là, le petit
garçon en a ras le bol mais le visiteur nocturne à la main facile et le bol
sans fond dans tous les sens qu’on puisse imaginer et les sens en ébullition.
Et cela recommencera avec le suivant de Brel et de son conseil de révision des
fantassins de maman.
Un homme qui ne dort pas c’est un voleur qui sommeille sous une pierre
tombale. Plus ambigu encore que ces moutons-là
tu meurs car fumer tue et ce fumet de garçon qui s’ennuie sans le
sur-mec d’un papa vous fusille son homme trois fois par jour et quatre la nuit.
La nostalgie du sommeil qui fait danser tout ce qu’il vous manque, tous ceux
qui vous manquent, et qui vous fait pilonner une java entre les draps.

Merci bien, ce sera pour plus tard. Finir avec un instrumental plus
caverneux et ténébreux qu’un film catastrophe. Un grand super-héro de manga
japonais qui parcourt les autoroutes de Los Angeles à la recherche des
alligators de Floride. Un peu déraillé le super-héro. Puis une mélopée sinistre
explose à la fin qui n’est qu’un cri du diable qui veut nous prendre par les
sentiments de nos organes hormonaux et endocrine. C’est poignant, empoignant,
violent comme un viol de corbeaux sur un champ de bataille jonché de cadavres.
Voilà le monde qu’ils nous donnent, les pots-lits-tiquards perclus de tiques
qui vous infusent la fièvre de la danse de Saint Gui.
Allez donc vous faire refaire le portrait postérieur à coups de bottes.
Clôture antipoliticarde, car ils sont tous pareils, prêts à nous envoyer à l’hôpital
PSY pour qu’on ne perturbe pas les défilés militaires de la fête nationale sur
les champs de mars élyséens des euros que l’on se doit bien sûr de cracher car ils
vous masturbitionnent nos comptes en banque pour que toutes leurs secrétaires
dans les ministères puissent avoir du campagne au petit déjeuner et eux du
caviar cinq fois par jours. C’est qu’ils n’ont rien contre l’Islam, pourvu que
la vodka coule à flots.

Et la musique dans tout ça ? Elle n’a pas de limites. Il joue sur tous
les rythmes et sur toutes les portées et il vous engloutit dans des rythmiques
sataniques qui s’entrecroisent aussi vite que les aiguilles de ma grand-mère
quand elle tricotait un avortement. Lancinant, trépidant, disloquant même,
sinon volcanique. « Com’ in disot dins ch’Nord, li i mettot sin
loques por que li il allasse à ch’ducasse. » Et sa musique est aussi
impolie, j’entends qu’elle manque de polissage bien que pas de polisson, que
ses histoires sont mal embouchées ou embouchées de travers. Il est grossier,
rude, rugueux même, mais on le sent passer entre nos oreilles.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:29 AM