Tuesday, November 26, 2013

 

Histoire de famille comme les pissotières de Topaze, sur roulettes.

LAUTNER – AUDIARD – LES TONTONS FLINGUEURS – 1963

C’est un film culte de son époque, juste après la fin  de la guerre d’Algérie. Et cela ne pardonne pas, pas le moins du monde. On a donc droit aux acteurs en vogue à l’époque dans les rôles de durs, et ceux qui jouent plutôt dans le roublard vicieux et enfin une actrice, et cela suffit dans ce milieu illicite et interlope qui joue à la fausse naïve totalement faussement innocente.

On n’en finit donc pas de mettre les durs à la botte de leur chef nouvellement promu par leur chef défunt. Ils veulent tous faire la banque et se barrer en se beurrant le fond de poche, sinon prendre la succession à condition de liquider le trouble fête. Alors c’est la guerre et il passe plus de balles sur l’écran que de mouettes dans le port de Brest.


Vous y découvrez un Paris vide de voitures, des Champs Elysées totalement désertés à cinq heures du matin, une église de quartier dans Paris est dont on ne nous montre pas le cimetière juste derrière, un lieu de tout repos pour gens aimant le silence, on nous impose u n peu de musique moderne de ce temps-là, un délice grinçant, du twist pour la bonne cause, un président du Fonds Monétaire International sourd et peut-être aussi aveugle, j’entends, et de la bonne oreille, celle qu’il me reste alors que deux sont déjà patraques, qui n’ entend que le bruissement des billets de banque et ne voit que les liasses des mêmes.

Amusant comme remise en ordre des affaires interloquantes de ce Paris de 1963. Et ils tombent les uns après les autres. Les camions brûlent, les voitures explosent, d’autres se retournent, on reçoit une bombe en cadeau d’anniversaire qui vient comme un cheveu sur la soupe et des poils sur une mamelle de vache. Et je ne dirai rien des embouteillages, j’entends la mise en bouteille d’alcool au moins frelatée dans des bouteilles tout ce qu’il y a de plus clandestin. Vive le pastis de contrebande : il monte facilement à 75 degrés.


Vous jouirez des DS de l’époque, de ces crapauds de la route, de ces grenouilles de boulevard et à l’horizon pas une seule grenouille de bénitier, un prodige pour un film français  Vous ne pourrez pas y manger le moindre petit curé. Ils ont tous viré leur cuti et se retrouvent tous sur les bancs du catéchisme, mais je ne donnerais la communion à aucun de ces messieurs car ils ont tous un air louche ou écumoire qui me fait froid droit dans le dos.

C’était le temps où les effets spéciaux étaient très réduits et il fallait donner l’illusion d’une action trépidante sans le moindre mouvement à l’écran. Une course effrénée mais statique, un vol de bolide du ciel mais entièrement sur place, un champion du cent mètres qui ne décolle pas de son starting-block, une bombe qui fait boum mais sans la moindre fumée, ou l’inverse peu importe pourvu qu’on ait l’ivresse


C’était le bon vieux temps où l’illusion était dans le bruitage et dans la tête du spectateur. Aujourd’hui il faut tout mettre sur l’écran. C’est bien dommage. C’était bien plus amusant avant, même si cela ne pouvait pas vous donner un infarctus du myocarde ou de la cocarde ou encore de l’hydropéricarde.

Mais amenez votre en cas dans tous les cas car ils ne servent rien aux spectateurs, pas même le plus petit bobard ou un rencard sur un brancard. Bonne appétit.


Dr Jacques COULARDEAU



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