JIMMY P.
PSYCHOTHERAPY OF A PLAINS INDIAN – PSYCHOTH2RAPIE D’UN INDIEN DES PLAINES – ARNAUD
DESPLECHIN – 2013
Based on a true story, this film
is a documentary fiction. A Blackfoot Indian who has fought in France in the Second World War and had had an
accident there that let him comatose for a couple of days experiences great
behavior disorder when back I n the USA. He is treated in Topeka, Kansas,
as a veteran and they come to the conclusion that there is nothing
physiologically wrong with him and at the same time the diagnosis that comes
next, that of schizophrenia, does not accommodate all the symptoms. The boss of
this military hospital knows a French anthropologist, trained as a
psychoanalyst, in New York
and he invites him for a couple of consultations with the patient. From a couple
it will lead to a few dozens if not more, one a day for a rather long period.
At the time psychoanalysis could
only look for personal disorders at the sexual level having to do with parents,
infancy, childhood, and then women (for men). The case concentrates on women
and the patient finds some relief in that approach. This is very interesting
how the anthropologist who is a specialist of come North American Indians, the
Mojave actually, uses his knowledge of Indian culture and one language to build
some trust between him and the Indian and on the basis of that trust he is able
to penetrate the private life and mind of the Indian. But he does not really
use the understanding of Indian culture to see what is shown in the film but
not exploited at all, the fact that the Indians are systematically negated in
their culture by all kinds of institutions. We can see in the film the fact
that this military hospital for veterans does not have one Indian nurse or
doctor able to understand the alienation of Indians in white society. Then you
have the daughter of the Indian who is in the hands of catholic nuns for her education.
Then you could speak of the way these Indians dress in the most white American
way possible, with ties, shirts, suits, and the girls the very same way with
scarves, dresses, etc. Hair cuts are standard north American.
At the same time this Indian cannot
get money at the post office or the bank without a good Caucasian (not North American
since the French doctor is able to do it) signing for him. A white nurse tells
the Indian a tall tale one day in another hospital where he is supposed to go
through special tests, and she cannot in any way ignore that what she is
telling him is B.S. And even the French doctor who was called in because he was
an anthropologist who had spent two years with the Mojave Indians, at the end,
asserts that he did not help the Indian because he was an Indian but because he
was suffering. In other words he negates his own expertise. And that is
justified in his mind because he did think his expertise was not with Indian
culture (that was only a means to build trust) but psychoanalysis. He even,
early in the film, creates some blurred situation when he advocates the typically
French godless secular philosophy to an Indian who declares himself a Catholic
though he knows about old Indian religions that he has “rejected” under the
influence of course, but not of alcohol this time. It is also called duress.
The problem we are dealing with
here is Post Traumatic Stress Syndrome of American Indians who have been vastly
exterminated, then locked up in reservations under rules that forced them to
drop their cultures, their dances and their languages, to get educated and
integrated in the American society, language, culture and all. What is the
intention of Arnaud Desplechin? To remain as close as possible to the way the
case was treated at the time? Maybe but naïve since the audience cannot sort
out the real stake here. Yet it is surprising he does not use what has become
standard today over the last ten years. It is called the decolonization of the
mind. He only shows how the Indian mind is colonized and never questions his
psychoanalytical approach that makes the syndrome the result of personal sexual
problems.
Dr Jacques COULARDEAU
UN FILM SURPRENANT PLUS QU’ÉMOUVANT.
Il s’agit d’une histoire réelle, et le film est donc une fiction
documentaire ( Ne dit-on pas bio fiction ?). Un Indien Blackfoot qui a
combattu en France pendant la Deuxième Guerre Mondiale et a subi là un accident
qui l’a laissé dans le coma pendant une paire de jours est la victime de
troubles comportementaux graves après son retour aux USA. Il est traité, en
tant qu’ancien combattant, à l’hôpital militaire de Topeka au Kansas. Les
docteurs ne trouvent aucun trouble physiologique et il est donc un malade en
excellente santé. Le diagnostic suivant de schizophrénie ne correspond pas à
tous les symptômes. C’est alors que le directeur de cet hôpital qui connaît un
anthropologue français à New York qui a passé deux ans chez les Indiens Mojave
et a une formation de psychanalyste, fait appel à ce docteur pour une paire de
consultations qui deviendront rapidement une consultation par jour pendant une
longue période.
A l’époque la psychanalyse en était encore à vouloir tout expliquer au
niveau sexuel et donc en faisant référence à l’enfance, les parents, la
jeunesse et bien sûr les femmes (pour les hommes). Le cas se concentre donc sur
les femmes et le patient trouve quelque soulagement dans cette approche. Le
plus intéressant cependant est comment l’anthropologue utilise sa connaissance de
la culture indienne et d’une langue indienne pour établir un climat de
confiance entre lui et l’Indien en remontant au nom indien de l’Indien par
exemple, et sur la base de cette confiance il est capable de pénétrer la vie
privée personnelle de l’Indien. Mais il n’utilise en rien sa connaissance de la
culture indienne pour comprendre ce que le film montre partiellement sans
jamais l’exploiter, le fait que les Indiens ont vu et voient encore leur
culture être niée par d’innombrables institutions. L’hôpital militaire n’a
aucun infirmier ou docteur d’origine indienne qui puisse comprendre l’aliénation
des Indiens dans la société blanche. La fille de l’Indien est entre les mains
de religieuses catholiques pour son éducation. Les Indiens s’habillent à l’américaine
avec cravates, chemises, costumes et les femmes avec robes et chemisiers. Les
coupes de cheveux sont américaines. Il n’y a pas un seul élément indien dans ce
que l’on nous montre.
D’un autre côté l’Indien ne peut pas retirer de l’argent de son propre
compte à la banque ou à la poste sans avoir la signature d’un blanc (même pas d’un
Américain puisque le docteur français peut le faire). Une infirmière blanche
affirme une absurdité à l’Indien dans un autre hôpital où il est sensé subir
des examens et il est absolument inconcevable qu’elle ne puisse pas savoir que
ce qu’elle affirme est un mensonge éhonté. Et même le docteur français, à la
fin du film, ose affirmer qu’il n’a pas aidé l’Indien parce qu’il était Indien
mais parce qu’il souffrait. On ne voit alors pas pourquoi on a fait appel à un
anthropologue avec deux ans d’expérience directe des indiens Mojave. Lui-même
ne pense pas que cette expertise ne lui ai été autre chose qu’un moyen de
pénétrer et mettre en confiance l’Indien. Son absence de compréhension le
pousse même au début à causer un trouble chez l’Indien qui ne se révèlera que
beaucoup plus tard en défendant la bonne vielle positon française laïque et
sans dieu à cet Indien qui se définit comme catholique et qui sait qu’il y a
des religions indiennes anciennes qu’il a « abandonnées » sous
influence bien sûr, mais pas de l’alcool cette fois. On pourrait dire « sous
pression ».
Le problème que nous considérons ici s’appelle le Syndrome du Stress Post Traumatique
des Indiens qui ont été largement exterminés, puis ont été enfermés dans des
réserves et ont été soumis à des règles qui posaient le rejet et l’interdiction
des cultures, des danses, des langues indiennes et imposaient l’éducation américaine
pour s’intégrer à la société blanche, donc la totale déculturation indienne et
la totale acculturation caucasienne et américaine. Quelle est alors l’intention
d’Arnaud Desplechin ? Rester aussi près que possible de la façon dont la
cas a été traité à l’époque ? Peut-être. Mais cela est bien naïf puisque
le public ne peut pas comprendre les véritables enjeux si on ne les lui
explique pas. Cela est d’autant plus surprenant que ce dont je parle ici est
devenu tout à fait standard depuis cinq à dix ans, sans parler du Mouvement des
Indiens d’Amérique créé en 1969 et qui se bat depuis cette date pour la reconquête
des cultures, des langues, des danses, des terres indiennes. On appelle cela la
décolonisation des esprits ou mentale. Desplechin ne montre que comment l’esprit
indien est colonisé sans jamais remettre en question l’approche psychanalytique
qui attribue le syndrome dont nous parlons aux seuls dérèglements sexuels de l’individu.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 4:04 PM