STEVEN SPIELBERG
– LINCOLN
Is That a saga or is it
history ? We can ask the question and wonder. The inspiration from Walt
Whitman is quite obvious and strong, showing Lincoln as the father of the nation able to
filibuster like any other senator or representative, sacrificing his own life,
his own wife, his own sons to the only objective he had in mind: to save the
union by defeating the secessionists, which he did.
But the film centers on the
crucial period after Gettysburg
and the famous address, after the “government of the people, by the people, for
the people” till his death and his funeral. Those crucial two years of his
presidency and of his legacy. To finish the war he had to cast in iron the
freeing of the black slaves and that could only be performed with a
constitutional amendment to the constitution, the thirteenth to be more clear,
and then the rest and the next two amendments are what will come after him.
This battle is essential and Spielberg plays with the situation with obvious
pleasure. Votes of representatives or bought up, not with money but with
administrative jobs. The promise of defeat to some Democrats in the North is
also vastly used when necessary.
In that debate in the House of
Representatives in January 1865 some declarations by the slavery-leaning
conservatives are funny in retrospect: menacing the House with the Black vote,
with Black Representatives and Senators, and after that where will they stop?
The menace of the vote of women and all other catastrophes that could happen if
the Black slaves were finally freed by the Constitution. And the vote was won
with a simple argument: “I am not for the equality of all things, but only for
the equal rights of everyone in front of the law.” A typical compromise on the
side of the anti-slavery camp. The US Constitution cannot declare everyone
equal in real terms but only in rights. Yet it will take one more amendment for
that principle to become true, the fourteenth amendment that is at the core of
the debate on same-sex marriage right now, the Supreme Court’s decision pending
on the subject.
This is so true indeed that what
is important is not the real equality of people in material terms but their
equality in rights. Then the equality in real material terms has to be built,
constructed, won step by step, one step at a time. That’s the American way.
They do not look after every single individual case, but they state in general
terms rights for everyone and then everyone is supposed to conquer the
implementation of these rights. Real equality for the Black slaves was won only
one century later, in 1964-65 with the laws on equal rights and the vote, one
century after the full freeing of the slaves. A long, very long time and delay,
but that’s what it took for the slaves and then their descendants to get beyond
the Post Traumatic Slavery Disorder (or Syndrome), for them to re-conquer their
soul, rebuild their mind, reconstruct their self-pride and their future. And it
took them more than forty more years to reach the top, and yet the President is
not a descendant of slaves. The trip to equality is not complete yet, but it
will be some time soon now.
The film insists on a picture of
Abraham Lincoln as a fast aging man surrounded by personal tragedies, like the
loss of a first son to the war, and then the enlistment of his second son
against his mother’s wish and his father’s advice, and then the crazy emotional
state of his wife who is constantly oscillating between headaches and
breakdown, with some moments of sane political vision. She was instrumental in
Lincoln’s life and decisions, but not as a direct inspirer, rather as an
obstacle to negotiate, and that obstacle when negotiated opened doors to the
next step or steps on the road to eternal gratitude of the Black people, by the
White people and for the Black and the White people. Lincoln
turned Gettysburg
from a deadly defeat to a shining victory, and of the whole humanity as for
that. We still owe him a bundle.
The last element to say is of
course about the marvelous performance of the actor. It is a challenge for any
actor to impersonate a historical character of this magnitude. Daniel Day Lewis
is one of the greater American actors in the line of the greatest like Dustin
Hoffman or Jack Nicholson in the previous generation. It is so difficult to
embody both the crumbling physical shape of the man and his building up resolve
and stamina on the essential question that will make history, unluckily after
his death. A brilliant performance.
Think when you see the film of what
the Lincoln Monument
has become in Washington D.C. and you might understand the depth of
this history in the making that is only coming true today nearly 150 years
after the end of the Civil War. I will regret though the fact that Grant’s and Sherman’s sweeping fire trail down into the Deep South in 1864 and 65 is only alluded to and not
shown. The horror of the war is rather discreetly evoked with one or two strong
pictures here and there but very little altogether.
Dr Jacques COULARDEAU
AUTHENTIQUE CHEF D’ŒUVRE
Comment le savoir en définitive? Simple, mon cher Watson, élémentaire. Quelles
sont les recettes employées par Steven Spielberg ? Des plus élémentaires
bien sûr : un personnage historique, une période historique, un acteur
surdoué et le tour est joué.
Steven Spielberg
prend Lincoln et en fait une icône cinématographique dans un film qui fera date
dans l’histoire de ce personnage qui a son monument à Washington, un monument
qui sert de point de ralliement de toutes les grandes actions pour la liberté,
que ce soit pour les Noirs en premier lieu, mais aussi pour toutes les autres
causes. Lincoln est le Président qui en a vu passer par millions, des pèlerins
à ses pieds monumentaux. Nous ne pouvons pas comprendre cela en Europe puisque
nous n’avons pas de monuments de ce genre à la gloire de nos anciens leaders.
En Europe il ne doit guère y avoir que Lénine qui a un tel monument à Moscou et
la Reine Victoria devant Buckingham Palace à Londres, et ce n’est en définitive
qu’une statue au milieu d’un rond point. Il y a bien sûr des statues de rois,
d’empereurs, des arcs de triomphe et des colonnes Vendôme ou des obélisques,
mais pas de monuments à nos chers anciens dirigeants. On semble préférer donner
leurs noms à des hôpitaux, des musées, des ponts, comme le Centre Pompidou à
Paris, le futur Musée du Quai Branly qui devrait prendre le nom de Jacques
Chirac après sa mort, ou le Pont Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux. Et puisque
nous sommes à Bordeaux il y a bien sûr la Colonne des Girondins, mais c’est un
cas un peu spécial et plus personnes ne sait qui étaient les girondins, même à
Bordeaux, même en Gironde. Peut-être simplement l’équipe de foot.
Steven Spielberg
ensuite réduit le film aux deux dernières années de vie, ou de survie, et de
mémoire éternelle, de la vie de Lincoln de Gettysburg à sa mort, du
« gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » à
l’annonce de sa mort et à son éloge funèbre. Et cela lui permet de concentrer
l’entier du film sur le vote du treizième amendement de la constitution. Pour
conclure la guerre civile il devait couler dans le marbre et taille dans la
fonte la libération totale des esclaves qui n’avait été jusque là qu’une
émancipation comme mesure de guerre et d’appropriation des biens des rebelles,
mais ces biens, les esclaves en l’occurrence, avaient ainsi été traités comme
une marchandise, une propriété et non comme des hommes. Il fallait finir le
travail pour faire l’histoire et cela fut fait par une majorité de deux voix,
dont celle du Président de la Chambre des Représentants. Et Spielberg ne nous
épargne rien sur les manœuvres et les magouilles nécessaires pour faire voter
vingt démocrates du nord pour cet amendement. La ratification ensuite n’était
rien car les états du sud reconstruits après la capitulation ne s’opposeront
pas ouvertement à une mesure devenue incontournable, surtout – une erreur dans
le film – que la Louisiane voterait pour mais la Louisiane avait réintégré
l’Union dès 1862. Un héritage direct des Français dans cette région de
l’Amérique. De même le Tennessee avait plus ou moins abandonné le Sud et était
prêt à réintégrer l’Union.
Steven Spielberg
ajoute à cela une dose d’histoire personnelle avec les drames familiaux de Lincoln,
la perte d’un fils dans la guerre, le dilemme avec un second fils qui veut s’engager,
et le fera contre l’avis de sa mère et de son père qui, ce dernier, cependant
cèdera à la dernière minute en janvier 1864 pour que ce fils ne porte pas toute
sa vie le drame ne n’avoir pas servi son pays dans une heure noire de son
histoire. La femme de Lincoln oscille entre l’hystérie maternelle, les
migraines et les moments où elle s’élève au-dessus de sa mêlée et voit la
perspective humaine que le Président, son mari, essaie de tracer.
Et c’est là le
plus beau de ce film. Il démonte les arguments conservateurs simplement en les
exprimant : la peur contre le vote des quatre millions de Noirs, puis
contre le vote des femmes, puis contre des députés et sénateurs noirs, et en
cette année 2012-2013 qui a vu la réélection du premier Président noir, il n’y
a pas à faire de longue démonstration. Mais le treizième amendement ne sera
voté de justesse que parce que les anti-esclavagistes s’élèvent au-dessus de leur
mêlée et imposent une vision américaine à cette libération des esclaves. Il ne
s’agit pas de prêcher et acter dans la constitution l’égalité de tous dans la
réalité matérielle, car la constitution ne saurait viser à cela, mais d’acter
l’égalité en droits de tous devant la loi et donc la justice. Il faudra
cependant le quatorzième amendement pour spécifier cette égalité devant la loi
et cette égale protection de tous par les instituions légales des USA, et
encore le quinzième amendement pour donner le droit de vote aux Noirs, vote qui
ne sera acquis qu’en 1965 avec une loi sur le sujet.
C’est là la beauté
de ce film. Les droits fondamentaux ne sont que des droits et il faut des
batailles souvent longues pour faire que ces droits deviennent des réalités
matérielles, et encore ce n’est pas à la constitution de le faire mais à la
loi, ce qui est une toute autre histoire et la loi peut-être contestée et cela
finit à la Cour Suprême comme le mariage pour tous en juin, la Cour Suprême
adoptant à la majorité simple des mesures de constitutionalité pour lesquelles un
amendement exigerait des majorités de deux tiers et quatre cinquième.
Il ne reste plus
qu’à avoir un acteur de taille pour ce rôle impossible et Daniel Day Lewis est
un tel acteur dans la lignée de Dustin
Hoffman et de Jack Nicholson de la génération précédente. Cela devient
alors un pur plaisir de voir cet acteur mettre en scène la progressive dégénérescence
physique d’un Président usé par ses responsabilités et son courage, sa
détermination à réussir là où personne d’autre ne pourrait réussir :
libérer les esclaves des USA et libérer l’humanité de l’esclavage.
Je ne regretterai
qu’une seule chose. Le film ne montre pratiquement pas la marche triomphale de
Grant et de Sherman à travers le Sud, une marche de feu et de plomb sans la
moindre pitié pour ceux qui ont des armes contre les armées du Nord. L’horreur
de la guerre est très discrètement montrée, même si le bilan de six cent mille
morts est répété avec constance.
Dr Jacques
COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 4:22 AM