Bienvenue dans l'arrière boutique de Sganarelle, un maître sorcier en danse vaudou du ventre et du bas ventre à coup de balai et de fosse septique qui doit vous laisser sceptique sur les bords des naseaux.
ALCESTE A
BICYCLETTE – FABRICE LUCHINI – LAMBERT WILSON
UN FILM AMUSANT SUR LE TON GRINÇANT.
Les acteurs, comme il est dit si bien dans le film, sont narcissiques et ne
pensent qu’à et qu’avec leur nombril. Mais leur nombril a la couleur et la
forme de leurs multiples personnages. Vous pouvez leur dire n’importe quoi sur
eux-mêmes ils ne sont pas si touchés que cela, mais si vous attaquez un de leurs
personnages ils deviennent fous furieux sans s’apercevoir que c’est du
narcissisme de leur propre image virtuelle totalement fausse car ils ne sont
pas leurs personnages. Mais une brique entendrait cela mieux et plus
distinctement qu’un acteur. N’est sourd que qui veut bien ne pas entendre.
Ici le réalisateur veut jouer avec le Misanthrope de Molière mais sans
monter le Misanthrope de Molière, sous prétexte de faire moderne, de parler au
public moderne. Donc finit les alexandrins et la diction doit être de
boulevard, niveau certificat d’études, d’autrefois car autrefois à ce niveau-là
ils savaient encore lire, mais guère plus.
Donc finies les simagrées baroques ou classiques, les tenues droites et
bien campées en accord avec la définition du personnage. Il faut aller chercher
dans le passé du personnage des éléments qui le font boiter, tousser, maugréer,
se noyer dans un jacuzzi, pourquoi pas ?
Ce souci de faire moderne est poussé un peu loin dans la cruauté contre les
acteurs à l’ancienne et contre les acteurs à la moderne. Ils poussent même un
tantinet trop loin. L’actrice moderne est une actrice porno soutenue par son
amant et futur mari et qui part tout de suite pour Bucarest en Roumanie,
capitale actuelle du porno mondial. On ne sera pas étonné que cette jeune fille
trouve qu’une double péné- (sous entendu car on parle SMS dans cette société
–tration, ne demandez pas de détails : ou faites-le sur twitter avec un
message du genre : « double péné- 7 2 quoi - J ») soit un peu pénible à huit heures
du matin. Je suis d’ailleurs étonné que ce film voulant faire moderne s’arrête
au porno hétéro-. L’est de l’Europe est aussi un très grand centre en plein
développement du porno homo- comme on disait il y a encore peu, gay pour être
moderne et LGBT pour être hyper politiquement correct. La double péné- devient
alors très athlétique.
Le film fait jouer les deux rôles fondamentaux à deux acteurs pris dans
leur vie réelle, enfin la vie réelle de ces deux personnages sui sont acteurs
dans cette vie virtuelle, et ils sont les parfaites incarnations des deux
personnages : Alceste, le misanthrope et Philinte son ami. Plus gay que
ces deux là y a pas, mais le film évacue une telle lecture et au contraire
ajoute à ces deux amis et acteurs une italienne qui tombe pour l’un en mots
émotionnels mais tombe pour l’autre sexuellement. Et c’est bien sûr Gauthier
Valence, alias Dr Morange, alias Lambert Wilson qui se paie l’italienne en
parfaite infidélité à son évanescente Christine de compagne, et en parfaite
traitrise de son ami qui s’était pris pour la belle Italienne. Et ce fat de
metteur en scène qui s’attribue le rôle principal de la pièce qu’il monte ne
trouve rien de mieux que de croire que cela n’a aucune importance. La vengeance
est mortelle et jusque sur la scène du Théâtre du Rond Point qui aurait pu être
la Comédie Française le pauvre et traitreusement trahi Serge Tanneur, alias
virtuel et potentiel Alceste, alias Fabrice Luchini trahira à son tour par un
tour de passe-passe de magie vaudou son ex- ci-devant prétendu ami de toujours
et le terrorisera et ridiculisera dans son intime ego antagonique et plus
nombriliste que le plus narcissique de tous les nombrils du monde. Vivement que
Dmitri Chostakovitch nous ponde un
opéra sur le Nombril, s’il le peut encore.
Mais justement ce film manque quelque chose, manque un objectif. Il ne
touche pas le cœur du problème mais simplement la vessie. Et quand je dis la
vessie… Le cœur c’est le plaisir immense qu’un public peut retirer d’une
performance de théâtre quelle qu’elle soit, même au cinéma, à condition qu’elle
leur torde et triture les tripes de la façon la plus exquise et mortelle qui
puisse être. Ça c’est le grand Molière. On nous a donné un vulgaire Sganarelle.
Amusant, mais le coup du balai on l’a déjà vu dans le film « Molière »
d’Ariane Mnouchkine et remplacer le coup du balai par la fosse sceptique qui
pue, ce qui est difficile à rendre à l’écran, c’est plutôt scatologique sans
s’assumer vraiment. Rebouchez tout s’il vous plait.
AMEN.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 3:25 AM