HERVE BAZIN – VIPERE AU POING – PHILIPPE DE BROCA
Voilà un film qui ne fera pleurer
personne dans les chaumières, s’il y en a encore quelques unes, en Vendée. Une
famille descendant de la noblesse terrienne d’antan nous raconte ses horreurs
familiales. Le seigneur plus hobereau que seigneur titré a épousé, sous contrat
de séparation de biens, la fille d’un riche sénateur qui est une véritable mère
fouettarde, fouette d’abord et pose des questions après. Le père ne fait rien
puisqu’il vit de ses terres que d’autres cultivent et la mère ne fait rien
puisqu’elle est riche.
Le portrait de ces deux parents désœuvrés,
même de bonnes œuvres, et de la mère qui n’a qu’une seule distraction dans la
vie, faire souffrir et torturer ses deux premiers fils qu’elle avait laissés
derrière chez leur grand-mère paternelle pendant qu’elle allait courir le
Vietnam où elle aura un autre fils d’un beau jeune homme à Saigon qui ne survit
que comme une vague silhouette dans une photo, est un portrait cruel pour cette
classe de gens qui ne savent rien faire de leurs dix doigts ou de leurs quatre
mains, pardon deux mains chacun.
Le fils cadet des deux restés
derrière va prendre sa mère en grippe et elle va le prendre en chantage
permanent. C’est purement écœurant de voir à quel niveau de bassesse cette mère
peut tomber dans sa puissance fondée sur l’argent qu’elle a et que son mari n’a
pas, ce qui le dessaisit de tout pouvoir.
Si le film montre quelque chose
c’est que la haine est la meilleure conseillère de ceux qui ont peur parce
qu’ils sont faibles ou se croient faibles. L’instinct de survie prend alors le
relais de toute autre émotion ou de tout autre sentiment et l’enfant devient
une machine à rendre coup pour coup et les coups sont toujours bas. Et
étrangement c’est l’enfant qui trouve le moyen de défaire sa propre mère en
envahissant la résidence dans le 16ème à Paris de son sénateur de
grand père qui impose la paix par la mise en pension de l’enfant récalcitrant
mais qui ne veut que cela pour échapper à jamais à son démon de mère.
L’ennui dans ce film c’est qu’il
n’y a aucune attente ou surprise de quoi que ce soit. C’est la victime des
exactions de la mère qui raconte en voix off l’histoire de cette rivalité. Il
est donc vivant, elle est donc morte, ou presque, en tout cas il lui a survécu
et on le sait depuis la première image. C’est dommage car cela tue le suspense
que tout film devrait avoir même quand il s’agit d’une harpie maternelle qui ne
l’est, nous explique le narrateur, que parce qu’elle fut totalement négligée par
ses propres parents. En mère elle se venge sur ses propres fils qu’elle a eu de
son mari, et elle est plus ou moins aimable avec le troisième fils d’un autre
père sans que cela ne soit officiel. Ce choix de réalisation du film fait qu’il
n’y a aucune puissance affective qui peut s’exprimer dans le spectateur. Le
film est un film de glace, littéralement congelé.
Je dois dire qu’en famille
tordue, je préfère Mauriac. Mais Bazin est un bon second, bien que Poil de
Carotte lui fait concurrence.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:20 PM