Friday, January 25, 2013

 

Il fait meilleur vivre en Allemagne si vous êtes Turc


ALMANYA – YASMINE SAMDERELI

VOUS CROIREZ RÊVER.

L’histoire d’une famille de trois générations d’immigrants turcs en Allemagne. On pourrait s’attendre à in film sur les malheurs profonds de cette nouvelle tribu des indigènes de la république, dans ce cas côté rive droite du Rhin. Et il n’en est rien. Pas un seul slogan, drapeau ou manifestation descendus tout droit de 1933.

Une comédie un peu sentimentale et nostalgique mais pratiquement rien de l’horreur que d’autres communautés étrangères invitées dans d’autres pays européens ont rencontrée, rencontrent et rencontreront encore demain. Le film montre systématiquement les efforts importants accomplis par les Allemands pour accueillir dans la dignité et le confort ces travailleurs étrangers et leurs familles indispensables à la prospérité allemande.

Il ne saurait s’agir en rien d’une immigration clandestine, illégale, sans papiers mais de gens recrutés dans leur pays et qui arrivent donc avec toutes les cartes de séjour nécessaires pour s’installer et prospérer, même si les travaux sont des travaux de reconstruction des villes après la guerre ou des travaux d’hygiène publique comme éboueurs. On a en France inventé un autre nom pour ce travail, agent de collecte, équipier de collecte, ripeur, comme pour donner un habillage digne à un métier que beaucoup considèrent comme dégradant, comme si maintenir la propreté d’un pays était une maladie contagieuse et honteuse.

Qui plus est l’école n’est pas une sorte d’intégration forcée, mais bien un lieu où chacun arrive avec ses particularités, ses particularismes et en est fier car il n’y a aucune honte à venir d’un autre pays que l’Allemagne. Avoir au tableau aimanté une carte d’Europe agrandie d’une carte de la Turquie pour placer chaque élève en fonction de l’origine de sa famille est un exercice d’accueil autrement plus efficace que de traiter tout le monde comme s’ils étaient tous sortis de la même matrice républicaine et constitutionnelle, comme si la France était une légion étrangère où il est interdit d’utiliser son nom d’origine et de mentionner son pays d’origine et tous reçoivent un nom du genre Dupont, Diurand ou Dumoulin, quand ce n’est pas simplement Pierre, Paul ou Patrick.

Il est amusant aussi de voir les préjugés colportés par les enfants Turcs qui viennent d’arriver et qui transportent avec eux des clichés de Jésus et du Christ qui font sourire mais qui sont le résultat d’une langue métaphorique prise au seul pied de la lettre qu’un enfant peut connaître : après tout les Chrétiens mangent bien le corps du Christ et boivent sans vergogne son sang. Alors Cannibales ? Et ils adorent un humain pendu sur une croix, le tout fait de bois avec un peu de peinture. Pour un Musulman il n’y a pas plus idole que ça.

Il faut espérer que ce film permette en France de faire réfléchir certains qui voient les étrangers comme des vaches folles, surtout qu’ils parlent parfois comme des vaches vénusiennes. En Allemagne le film a atteint son but et a reçu pas mal de prix, mais l’Allemagne n’a pas de problème avec ses étrangers, loin de là, ce qui cependant ne veut pas dire qu’il n’y a pas quelques hurluberlus descendus de quelque arbre antédiluvien qui brandissent des slogans et des fanions avec des gribouillis indignes de ce siècle mais qui hélas n’ont pas encore été éradiqués de toutes les mémoires ou de toutes les cervelles.

Un record battu en 2012 : le nombre d’étrangers renvoyés dans leurs pays. C’est la France digne et généreuse, mais certainement pas forte. Dans dix jours je prends une classe qui est en grande majorité issue de ces communautés immigrées, parfois depuis longtemps ou même forcés comme les anciens esclaves des Antilles qui ont fait la richesse de Rouen, de Nantes et de Bordeaux, rien qu’en France.

Dr Jacques COULARDEAU



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