Monday, December 01, 2008
THE VISITOR
An interesting film about the very negative and inhumane consequences of the security policy that followed 9/11, though it was present already before. I got one of these famous letters giving you two weeks to leave the USA when I was in North Carolina, though I had been on a wrong visa for nine months and the immigration services knew about it and just tolerated it because I had to fulfill a contract that had been signed and the fault was that of a dumb bureaucrat in the US consulate in Bordeaux. 9/11 only increased the tension and made that policy a lot more systematic. But it is totally false to believe that this security policy is only trying to identify the illegal immigrants in the USA. The real aim is not to terrorize them (which it does of course), it is to really terrorize the potential illegal immigrants by treating those they catch like absolute manure: maybe like that a good proportion of them will not even envisage the trip. The point is not to control the flow but to keep it within reasonable limits because the millions of illegal immigrants are indispensable for the economy to go on working and be competitive. At the same time that enables labor costs to be brought down, hence to keep some rather high salaries at the top because at the bottom they are paid worse than slaves would be. At the same time the problem is a lot more complex than that. It is obvious that immigration would not be a problem if all countries in the world had the same chances to develop, which is not the case, and by developing I mean improve their lots at once economically, politically and culturally, if not psychologically and spiritually. What I consider the worst part of it is that these immigrants come into developed countries with the consumption requirements of their original living standards, just slightly improved, and thus they are able to live rather happily with very little, a lot lower than a fair proportion of us. The film is all the more interesting because it reveals that these immigrants are bringing in talents and qualifications that have little to do with the share of gross national product that enables them to live on the dream that they think is realized, though it is as precarious as precarious can be, like a sand castle on the tide line. In that particularly case it is music. In that particular case it also enables the university professor from Connecticut to admit that he is a pretender who is doing nothing in his life, teaching the same course he has been teaching for 25 years, writing books that are more or less nothing but patient pollen gathering that does not go beyond that and never reaches the level of honey, not to speak of royal jelly. But the end of the film is totally off the point. He has learned nothing after all, playing his drum in the Broadway-Lafayette Street subway station, when he should be playing in Central Park with all the other drum players because that’s what this contact should have led him to: sharing and enjoying with fellow-travelers in life the passion they have in common. He has not come out of his solitude or pretence: he has just learned to live his solitude in public. That’s very little.
Dr Jacques COULARDEAU, University Paris Dauphine, University Paris 1 Pantheon Sorbonne & University Versailles Saint Quentin en Yvelines
NE PAS EN RESTER A LA SURFACE DES CHOSES. Bien sûr que l’on nous parle d’immigration clandestine, à la mode américaine. Bien sûr que l’on nous parle de la folie sécuritaire d’après le 11 septembre aux Etats Unis. Mais cette politique du renvoi des illégaux ou des pas en règle est ancienne et a toujours existé aux USA. Je l’ai personnellement rencontrée en 1970 sans aucun problème. C’était la faute d’un bureaucrate un peu barjot du consulat US de Bordeaux. Neuf ou dix mois en parfaite illégalité reconnue et tolérée car il y avait un contrat à la clé qu’il fallait bien honorer. La nouveauté est que la chasse se fait plus dure non pas pour simplement terroriser ceux qui sont pris, mais pour, en terrorisant ceux-ci et en les traitant comme du fumier, maintenir le flot et les flux à des niveaux acceptables, ni trop hauts, ni trop bas, car l’économie a besoin de toute façon d’un volant de main d’œuvre sous payée pour permettre au haut de l’échelle de garder ses privilèges. Les CDD de La Poste sont la même tactique : renier à des travailleurs pendant dix, vingt ans et même plus toute ancienneté, et les garder à l’échelon le plus bas et dans les tâches les moins valorisantes pour permettre aux titulaires d’avoir des profils de carrière intéressants et de ne pas trop se salir les mains. Et là on parle de travailleurs non irréguliers, de travailleurs notoirement en règle et très majoritairement français. Mais les sans papiers acceptent de vivre à un niveau à peine plus élevé que celui de leurs pays d’origine, ne serait-ce que pour pouvoir envoyer une partir de leur maigre salaire chez eux. Mais le plus important c’est que ces irréguliers, qui croient que leur rêve est enfin réalisé, apportent quelque chose qui a bien plus de valeur que la maigre portion du produit national brut qu’ils reçoivent. Dans ce film c’est la musique, un djembé, et le professeur d’université finit par admettre qu’il ne fait rien, qu’il donne le même cours qu’il fait tous les ans depuis 25 ans (et ne croyez pas que c’est uniquement américain ni marginal, la liste de farniente de luxe et qu’on dira très bien payé pour ce qu’ils font est longue, très longue, comme d’ailleurs les pétitions qu’ils signent dès qu’on leur rappelle qu’ils doivent « peut-être » travailler un peu), qu’il n’écrit que des livres qui ne sont que des ratissages de feuilles mortes qui ne produiront jamais du miel sans parler de la gelée royale. Et il apprend enfin a partager avec d’autres cette musique qu’il doit vivre sans le moins du monde penser avec son esprit raisonneur qui lui demanderait ce que cela peut bien lui rapporter. Mais c’est là que la fin est maigre car jouer du djembé seul sur un banc sans auditoire dans la station de métro de Broadway-Lafayette Street, au lieu d’avec tous les autres à Central Park au centre d’une foule compacte, c’est l’échec car il n’a pas appris à partager avec les autres sa passion qu’il a en commun avec ces autres, mais seulement à être seul en public et non plus caché dans un placard à balai intellectuel et universitaire entre un écran d’ordinateur et une cafetière électrique. C’est là une fin un peu, beaucoup, passionnément maigre.
Dr Jacques COULARDEAU, Université Paris Dauphine, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne & Université Versailles Saint Quentin en Yvelines
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