Friday, February 09, 2018

 

Rimbaud est une création sublime de Satan



ARTHUR RIMBAUD – UNE SAISON EN ANGFER – TEPS DES CERISES – 2011

Etrange assemblage de trois textes qui en trois ans font passer Arthur Rimbaud de ses fantasmes de collégien plus ou moins jésuite, en tout cas d’une prison rhétorique catholique intégriste et intégrale de « Un cœur Sous une Soutane » à son texte dernier, de « Une Saison en Enfer »  avant de partir pour l’Ethiopie où il sera un vendeur d’esclaves noirs pour colonisateurs blancs. Entre les deux la Commune de Paris où il trouvera sur quelque barricade la satisfaction de ses désirs les plus intimes en ce qui ne serait aujourd’hui qu’un viol homosexuel, plus ou moins consenti et consentant dans une situation de harcèlement sexuel libertaire. Récupéré par Verlaine il deviendra l’objet sexuel, que dis-je purement et simplement le jouet sexuel que Verlaine exhibe plus ou moins nu, promène dans ses chairs révélées et prête à qui veut bien le prendre, mais pour un instant seulement.


De l’enfer du collège de Jésuites à l’enfer du salon de Verlaine il n’y a que le pas de la fuite vers un troisième enfer, celui du colonialisme. Et c’est ce rêve de fuite, de libération, de délivrance sans avenir que Rimbaud nous livre dans sa Saison en Enfer.


La préface d’Aragon apporte peu. Trop ancienne. « Une sorte de radium intellectuel, dont on ne peut deviner l’usage, mais dont les ravages au loin se font déjà merveilleusement sentir. » Il est sûr que la poésie finale de Rimbaud est un radium radical nucléaire qui vous brûle la thyroïde et vous ensemence le corps tout entier d’un cancer qui vous dévore. Quant à se poser la question d’un quelconque utilitarisme d’usage, il faudrait avoir l’esprit tordu de qui verrait Rimbaud comme un gigolo, une prostituée, un simple jouet de chair, de sang et de jus prostatique. Rimbaud est un jeune homme d’à peine vingt ans qui a été trahi par sa famille, par sa religion, par l’histoire de la Commune et par son sauveur Verlaine. Il n’est qu’une épave radioactive qui vous aveugle de son rayonnement absolument assassin.

S’il n’est que le « moucheron enivré de la pissotière de l’auberge, amoureux de la bourrache, et que dissout un rayon » nous ne sommes que les voyeurs de cette tasse de pissotière qui comme Rimbaud sommes attirés par l’odeur âcre de cette bourrache qu’il déguste goutte à goutte dans son palais buccal gourmand, goulu, vorace. Et nous regardons ébahis cette scène inouïe de nos yeux devenus sourds à la simple morale de survie. Ce n’est pas tant la bourrache qui nous gêne, que l’absolue asservissement de Rimbaud à n’être justement que ce moucheron rejeté dès qu’il a bu le jus de bourrache que l’on sait, condamné à n’être que cela et à ne jamais naître à la vie réelle.


Il cherchait l’amour et il n’a trouvé que le viol et la prostitution.

Toute l’œuvre n’est qu’un recueil littéralement obsédé de tous les oxymorons que l’on peut imaginer. Rimbaud est à ce moment-là une simple condensation d’acides et de bases qui se déclarent la guerre sur le terrain de sa peau. Il n’est qu’un champ de bataille pour bourgeois monnayés qui veulent se payer un moment de plaisir illicite et pervers. Il n’est qu’une tempête de silence, d’absolue immobilité et de violence à la fois inexistante et retenue qui lui détruit « le cœur, l’âme, l’esprit » de « mille amours qui m’ont crucifié. » Et la trinité sainte et divine se transforme en crucifixion sans le moindre avenir. « Quand irons-nous . . . saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la fin de la superstition. » L’espoir du salut est crucifié d’une naissance, d’une sagesse, d’une fuite et d’une fin. Il ne reste alors qu’un rêve mythique « d’adorer . . . Noël sur la terre. »


Et cette adoration devient le cinquième clou du pentacle diabolique de cette métaphore rythmique qui enterre à jamais un quelconque espoir d’un monde de vérité, de liberté et de sincérité dans l’amour des autres et pour les autres. Nous ne sommes que les esclaves des vendeurs d’esclaves que nous sommes en même temps et parallèlement. Et si nous n’avons pas d’esclaves à vendre, nous sommes prêts à nous vendre nous-mêmes pour le simple plaisir de l’échange et de n’être plus qu’une marchandise dans ce monde de mercantis et de marchands. Nous sommes les pourvoyeurs de la valeur ajoutée de cet achat en chair et en os.

Et ce cri de désespoir et de fuite se termine sur une dénonciation de tout ce que le monde actuel peut appeler amour ou amitié, crucifiant haut et fort tout ce que le cœur, l’âme et l’esprit pourraient souhaiter dans la vie.


« Que parlais-je de main amie ! » Il n’y a que la main du tyran qui vous possède puis vous vend au plus offrant. « Un bel avantage, c’est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, » Les amours de ces bourgeois qui se paient, s’achètent et s’entretiennent quelque jouet jouissif le soir après le spectacle ou le midi entre deux alcools. Peu importe le genre, peu importe le jeu, car de toute façon on ne les montre pas ces jouets. « - j’ai vu l’enfer des femmes là-bas ; » Et il part pour l’Ethiopie pour gérer et marchander cet enfer de marchandises femelles humaines. « et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps. » Dans son âme et son corps ? Dualité non chrétienne, non païenne, mais juive et sémitique, heureusement ternarisée par une vérité que l’on possède comme une marchandise dûment achetée et qui n’est alors qu’un supplément d’âme, une valeur ajoutée au corps que l’on utilise comme un outil pour le plaisir.


Beaucoup ont vu cette souffrance extrême d’un Rimbaud qui se nie en partant et qui se régénère en fuyant. Mais il ne sera et restera que ces trois années infernales qui l’ont mis à cheval sur les barricades de la Commune et l’on violé autant que cela était possible, c’est-à-dire des milliers de fois, pour la simple suffisance et satisfaction d’un Verlaine et de sa clientèle. C’est du moins ce que le chat de chez Verlaine a pu voir et revoir, de jour et de nuit, jour après jour, nuit après nuit. Et mon ternarisme de trois paires nominales me permets d’atteindre la sagesse de Salomon, que Rimbaud n’a jamais pu atteindre et n’a probablement pas même soupçonnée. Mais amplifiée de la paire verbale initiale cette sagesse se hisse à une Seconde Venue du Sauveur suprême, à la résurrection finale et au jugement dernier. Apocalypse salvatrice des âmes d’amour libérées des corps de lucre et de luxure.


Dr. Jacques COULARDEAU

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