Jacques Coulardeau @ComédieFrançaise
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La Comédie
Française en Six Pièces
LA
COMÉDIE FRANÇAISE EST UN MYTHE
MAIS HÉLAS ! J’AI ICI UN CHOIX INÉGAL !
Il est vrai que
si vous ne vivez pas à Paris vous ne pourrez pas aller à la Comédie Française
toutes les semaines. Mais c’est aussi vrai de l’Opéra, du Ballet et de tant
d’autres institutions culturelles qui ne se déplacent que TRÈS rarement en
province.
Pour nous qui
voulons – et pas seulement voudrions – apprécier le travail de ces compagnies
et troupes souvent sans égales le DVD est devenu le moyen le plus sûr de
pouvoir y accéder. Je regrette cependant que le prix soit en fonction non du
coût mais du prestige de la troupe, de l’auteur, des acteurs, etc., et non du
coût réel de production. Sur ce marché je dois dire que les Français sont en
retard et qu’ils ne sont pas compétitifs.
Et ne nous
trompons pas de cible. Nous avons globalement perdu le marché musical de la
télévision ou même du cinéma car les orchestres de l’est de l’Europe, ou même
de pays voisins, sont compétitifs car ils travaillent plus pour un revenu
garanti et régulier au lieu de jouer aux intermittents à moitié chômeurs. Et ce
n’est pas que la musique. Pourquoi la série « Un Village Français » de Frédéric
Krivine sur FR3 a-t-elle un casting pour l’essentiel Belge ?
L’affaire la plus
récente est Netflix qui produit et diffuse des milliers de films et séries TV
dans le monde entier et doit les doubler ou les sous-titrer. Pour les quatre,
cinq ou six langues majeures ce n’est pas un problème, même si la concurrence
du Québec ou de la Belgique peuvent faire mal aux Français. Mais pour les vingt
ou vingt-cinq autres langues nécessaires mais rares, le marché national est
vide : des doubleurs et des sous-titreurs de langues comme le Hongrois, le
Bulgare, le Kazakh, l’Urdu, le Tamil et bien d’autres, que ce soit du français vers
ces langues ou de ces langues vers le français, sont rares en France et la
concurrence avec ces pays étrangers est mortelle.
Netflix a donc
lancé un appel mondial pour des traducteurs doubleurs et sous-titreurs,
recrutés sur qualifications dans les langues concernées et à des tarifs
corrects car moyens pour la planète toute entière. Il est sûr qu’un doubleur au
Kazakhstan ou en Inde ou même en Afrique du Sud ne sont pas payés comme en France.
Les tarifs de Netflix vont être généreux pour ces pays mais seront inférieurs
aux tarifs moyens français, bien que nous n’ayons ni « convention
collective » comme le regrette Le Monde, ni grille de tarifs consensuels
entre auteurs doubleurs et sous-titreurs d’une part et employeurs des studios
de doublage et sous-titrage d’autre part. Il y a quelques années le Délégué
Général du Syndicat National des Auteurs et Compositeurs a été convoqué par la
justice pour répondre d’une « tentative de fixation monopolistique »
de tarifs pour doublage et sous-titrage parce que sur le site du SNAC sous sa
seule responsabilité, sans la moindre précaution, le SNAC avait publié les
tarifs recommandés par lui comme étant plus ou moins les seuls tarifs à
appliquer.
C’est triste
comment la France est en train de ne pas gagner des marchés nouveaux et d’en
perdre de plus en plus. Nous vivons dans une économie de marché, mais dans la
culture au nom de l’exception culturelle et de la diversité culturelle nous
refusons de sortir du marché français et nous refusons le principe de l’économie
de marché elle-même. Demain peut-être que l’on rasera gratuit, mais les vaches
seront maigres. Ça je peux vous le garantir si nous ne nous bougeons pas le
popotin, et le popotin chez nous est trop couvent collé sur le fauteuil devant
la télé.
Voilà donc six
critiques de six pièces. Une moyenne, deux très bonnes et trois médiocres ou
plus que médiocres.
Bonne jouissance.
Dans votre fauteuil
Dr. Jacques COULARDEAU
Research Interests:
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:39 PM