Saturday, October 01, 2016

 

Les Grecs sont un mythe à la fois suranné et surestimé.

JEAN-MARIE BESSET – LES GRECS – THÉÂTRE DU PETIT MONTPARNASSE – 2006

Quatre personnages. Trois hommes et une femme. Un couple hétéro marié et un couple gay non marié, celui-ci se composant d’un vieil ami de la femme mariée et de son ami algérien sans papiers. Les circonstances font que l’homme marié, père de deux fils, se trouve pris dans un engrenage qui l’amène à se laisser aller avec le vieil ami de sa femme pendant que sa femme se laisse aller avec l’ami algérien de son vieil ami avant que les deux couples officiels ne se retrouvent après cette double aventure, interrompue pour l’Algérien par le plus jeune des deux fils qui vient se blottir entre les deux amants, la mère et l’Algérien, choquant celui-ci comme ce n’est pas possible.

Il ya chez les trois Européens un complexe de supériorité qui se niche dans leur culture antique grecque sans qu’ils voient que c’est d’une part un prétexte, un paravent pour ne pas parler de choses personnelles, et en même temps une façon de ne parler que de ces affaires personnelles par intermédiaire de guerriers et de leurs femmes. Ceux qui ne sont pas gay parlent des personnages gay de l’Iliade ou de l’Odyssée, ce qui les titillent intimement mais de la seule façon qui puisse être : de façon clandestine. Et ce n’est pas mieux avec les pauvres Hélène et Andromaque, sans parler d’Astyanax dans les coulisses, pour ceux ou celles qui sont hétéros et ne peuvent parler en public de leurs désirs que par transfert et intermédiaires.


Cela rend la première moitié de la pièce particulièrement lassante d’érudition inutile puisque ce ne sont que des détails qui sont cités, des bribes de textes et jamais la moindre réflexion un peu plus construite. Ce sont des balivernes et même des impostures de gens éduqués qui n’ont rien à dire de sérieux car ils n’ont que des détails et la culture est ce qui reste quand ces détails ont été oubliés. Ce sont ces gens-là qui votent pour les présidents, qu’ils soient en place ou qu’ils soient alternatifs. C’est du vernis ou de la peinture qui n’a aucun sens réel pour eux, et encore moins pour nous. C’est comme une messe en latin, enfin ici en grec.

Quand ils commencent enfin à parler de choses réelles pour eux, cela les mène immanquablement au charnel et infailliblement à l’orientation qui n’est pas majoritaire, qu’elle soit celle de celui qui parle ou non. D’une façon ou d’une autre chacun désire celui qui est de l’autre côté de la ligne de partage. Pour la femme en plus elle en traverse deux : elle en pince pour l’Algérien gay. Vous savez ce que l’on dit : « Certains de mes meilleurs amis sont des Algériens. » Ce sont aussi des Noirs, des Russes, des Chinois, et même bientôt des Martiens.


Mais tout cela n’est qu’aventure et occasion spontanée et temporaire. Les deux couples se retrouvent avec un peu de bruit et pas mal de fureur et la touche finale est l’appel des deux fils qui ont été pris par leurs grands-parents très tôt ce dimanche matin, concernant leur désir d’aller au cinéma que leurs parents bloquent en prétextant le film de Charlie Chaplin dont le père a acheté le DVD. Pensez un peu, « Les feux de la rampe ». Cette touche finale comme produit un changement dans ce couple, et pour le public elle impose une vision négative pour le couple gay déjà parti. Jamais un couple gay ne pourra avoir deux enfants qui soient leurs enfants, et la jouissance qui va avec.

On voit le vrai débat derrière qui n’est même pas effleuré. Un couple gay n’est en rien équivalent, voire égal à un couple hétéro parce qu’ils n’auront jamais d’enfants à eux.


Jean-Marie Besset est un étrange auteur. Il touche des sujets qui pourraient être scabreux mais qui restent dans la normalité de l’exception acceptable pour la majorité qui de toute façon sera toujours supérieure. Et si les gays n’aiment pas cela, eh bien qu’ils se fassent hétéros ou qu’ils deviennent comme dans « Rue de Babylone » criminels car ils seront alors, s’ils ne sont pas déjà, des amants frustrés, des amoureux aliénés, des humains insatisfaits. On donne à voir des gays aux bourgeois des théâtres en sachant que pour eux ce n’est que de la taquinerie d’un soir et de l’autojustification qu’ils sont bien mieux que ça.  

Ils sortent tous et tout heureux car on les a titillés et parce qu’ils retrouvent la normalité dans la rue.

Dommage car il y a avait bien mieux à faire sur ce sujet.


Dr Jacques COULARDEAU



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