EDGAR P. JACOBS –
TARDI – AVRIL ET LE MONDE TRUQUÉ – 2015
Un film dont l’animation est sans reproche et dont les personnages sont
attachants et amusants. La morale et l’éthique de ces psychologies très
enfantines sont plutôt simplistes et c’est tellement français qu’ils ne peuvent
pas s’empêcher de prendre à rebrousse poils tous les simples symboles des lieux
communs rétros de la France franchouillarde de souillarde. Ceci étant dit le
film est un peu lassant car on reconnaît tous les emprunts qui font de ce film
un immense plagiat multi- et poly-forme.
Faire dans la science fiction rétrospective n’est en rien nouveau mais s’arrêter
quelque part en 1941 c’est de la science fiction rétrospective plutôt suranné,
et pourtant le modèle premier est Philip K. Dick et son roman de 1962, « The
Man in the High Castle », adapté pour l’écran virtuel de la diffusion
internet en streaming par et pour Amazon justement en 2015 même. Mais ce roman
fonctionne bien parce qu’il imagine qu’en 1945 l’Allemagne et le Japon gagnent
la guerre et il imagine le présent, au moment de l’écriture, du monde qui en
résulterait. Et même ainsi le roman n’a pas de fin car conclure d’une façon ou
d’une autre présagerait de l’avenir au moment de l’écriture et tout le travail
de science fiction rétrospective serait détruit. La science fiction
rétrospective est aussi la science fiction politique du café du commerce qui
imagine ce que serait le monde au moment de parole si les dernière sélections
avaient été remportées par ceux qui justement les ont perdues.
Mais notre film ne fait pas dans le détail et en plus, comme par un miracle
inouï cette science fiction rétrospective fait mourir Napoléon III juste avant
la guerre avec la Prusse en 1870, ce qui court-circuite la dite guerre mais
bloque la société au temps de la vapeur comme dit le film, hypothèse absurde
car la France n’a jamais fait la pluie et le beau temps dans le monde, tout au
plus dans ses colonies, et encore. Et il imagine le monde en 1941 avec un sérum
de vie éternelle finalement injecté dans le cosmos par une fusée construite par
les savants du monde kidnappés par une bande de sauriens intergalactiques. Et
comme par hasard la Tour Eiffel double qui servait de porte-câbles pour les
trains suspendus redevient unique, le pétrole est découvert et est en plus
propre, et je ne sais pas encore combien d’autres transformations magiques si
irréalistes que la science fiction devient du conte pour enfants pas très
curieux. Même pas curieux du tout.
On aurait pu faire beaucoup mieux avec ce thème, mais on ne peut pas faire
plus qu’on ne peut et quand on peut peu on ne peut pas plus.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 2:13 PM