Wednesday, September 09, 2015

 

Il n'y a pas de liberté d'expression que pour certains professionnels

REPORTERS SANS FRONTIÈRES – 100 PHOTOS DE JEAN-MARIE PÉRIER POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE – ÉTÉ 2015 (les photos montrent le respect dans toute sa beauté)

D’abord ce livre de photos n’a rien à voir avec la liberté de la presse. Jean-Marie Périer dont les photos sont d’excellente qualité n’a commis ici que des photos de stars du showbiz dans les années anciennes 50, 60 et 70. Ces artistes qui sont tous de générations anciennes que l’on a appelées yé-yé ou hippy en leur temps représente une culture « Salut les Copains » d’autrefois mais ils n’ont jamais eu de problème d’expression ni de barrage du côté de la presse, pas plus d’ailleurs que Jean-Marie Périer. Il y a suffisamment de photographes qui prennent de vrais risques pour aller chercher des images de zones où la liberté tout court est en cause. On attend d’une organisation engagée comme Reporters Sans Frontières de faire beaucoup mieux.

Mais il y a pour moi beaucoup plus grave. La liberté de la presse n’est en rien une liberté à part. Elle fait partie d’une liberté beaucoup plus vaste qui est la liberté d’expression, et là qu’on soit clair la liberté de la presse c’est petit, petit comparée à la liberté d’expression. Je suis pour le premier amendement de la constitution américaine qui clairement dit que la liberté d’expression doit être une et totale pour tous, et certainement pas pour les seuls journalistes ou photographes de presse.


Et qu’on ne vienne pas me dire que tout le monde peut devenir journaliste. C’est faux. Aujourd’hui ne devient journaliste dans 99% des cas que des gens hyper diplômés dans des secteurs bien spécifiques et qui ont fait un peu ou beaucoup d’école de journalisme ou ont un master de communication. Et l’exception ne fait que confirmer la règle. Même dans ma génération il en était un peu comme cela, bien qu’il est vrai que l’on pouvait devenir journaliste dans la presse politique du fait de ses affiliations politiques, et à partir de 79 journaliste dans les radios locales du fait de son appartenance à telle ou telle mouvance syndicale ou politique. Et je sais ce dont je parle d’expérience directe. Demandez donc à Michel Cardoze. Il doit se souvenir que son premier poste de journaliste était rédacteur du supplément hebdomadaire de l’Humanité Dimanche publiée par la Fédération de la Gironde du Parti Communiste Français et de là il passa à l’Humanité et de là au tout début de Mitterrand il passa à la télévision car le gouvernement de l’époque avait accepté la demande du PCF qu’il y ait un journaliste communiste à la rédaction du journal télévisé. De là il passera à un poste de journaliste convoité pour sa liberté d’expression : la météo où il finira sa carrière.


Mais pire encore. La liberté d’expression (qui englobe la liberté de la presse) est fondée sur le respect de l’autre. Il n’y a pas de liberté tout court sans respect de l’autre. Jean-Marie Périer sur ce point est exemplaire. Il se doit de respecter les artistes qu’il photographie pour que ses photographies aient une profondeur. C’est son respect, certains diront son amour, pour ces artistes qui lui font trouver l’angle qui valorise, l’angle qui émeut, l’angle qui surprend même et fascine. Mais il n’y a rien dans tout cela de liberté de la presse. Il y a simplement la liberté du photographe qui ne peut être totale s’il veut viser un public que par le respect pour les gens qu’il photographie.


Mais c’est là que le bât blesse. Certains journalistes font métier non pas de faire dans l’humour, dans l’argumentation, dans l’ironie ou même dans la satire, mais de faire dans le sarcasme et le ridicule qu’il projette sur le sujet qu’ils couvrent. J’ai toujours dit et pratiqué que quand je trouve quelque chose mauvais, au point de ne pas pourvoir recommander quelque rapport que ce soit avec cette chose au public, je ne dis rien car le métier de journaliste n’est pas de blesser, de faire mal, de détruire, d’accuser de tous les crimes et les maux du monde un livre que ce journaliste trouve nul, un film que rottentomaties.com trouve nul, etc. Le métier de journaliste est de donner au public une couverture critique de ce qu’il couvre et de rester sur la réserve voir simplement le silence si tout ce qu’il a à dire c’est de l’ordre du sarcasme blessant, de l’insulte même. Le journaliste ne doit pas manier les tomates ou les œufs  pourris Et cela pas selon les principes du journaliste lui-même mais selon les principes mêmes du public qu’il vise, des personnes qu’ils couvrent dans ses écrits, même si ces personnes sont mortes.


C’est pour cela que je ne suis pas et ne serai jamais Charlie car les publications concernées ne sont pas humoristiques, argumentatives, ironiques ou satiriques : elles sont de l’ordre du sarcasme parfois cruel, pas tant pour les morts qu’ils prennent pour cible et qui n’en ont plus grand-chose à penser, mais pour les gens qui n’ont rien fait pour mériter que l’on tourne en ridicule leurs propres libertés d’expression car la liberté de religion fait partie de la liberté d’expression, et elle aussi appelle le respect. Etre libre de critiquer et d’argumenter contre l’Islam est une chose mais ce que font certains et qu’ils ne feraient pas concernant les Juifs car cela tomberait sous le coup de la loi Gayssot ou d’une autre loi du même genre dite Taubira, en est une toute autre.


Si liberté d’expression  il y a et on défend, il faut alors condamner sévèrement toute atteinte à cette liberté d’expression, et donc en premier lieu l’interdiction qui est faite en France à l’expression de sa religion en public et dans les lieux publics. On doit condamner toute pratique qui impose une minute de silence à des classes entières sans autoriser quelque expression critique que ce soit, sans autoriser le droit de ne pas participer à cette minute de silence et de sortir avant. C’est une action purement et simplement tyrannique car elle impose une minute de silence à des gens, qui plus est des mineurs, qui ne sont pas d’accord avec l’objectif de cette minute de silence.

Ou est-ce çà dire que les mineurs n’ont pas le droit d’avoir une opinion ?


Je ne trouve pas cela dans les news finales dites L’ACTU. L’ACTU est particulièrement sélective. Dois-je continuer ? Dans les ACTU importantes il n’y a pas Mumia Abu Jamal en train de mourir en prison où il pourrit depuis bien plus que Mandela n’est resté derrière les barreaux. Et Mumia Aby Jamal était journaliste de radio. Mais peut-être que on ne doit pas critiquer les USA chez les Reporters Sans Frontières. Mais Mumia Abu Jamal est noir, bon dieu ! Est-ce à dire que vous nous demandez, à nous reporters Sans Frontières, de soutenir un journaliste emprisonné parce qu’il est noir ? Nous ne considérons pas la couleur des gens. Absolument juste, chers reporters. Mais c’est bien là une de vos frontières : vous êtes daltoniens, « color blind » comme on dit aux USA.


Il faut dire que les photos publiées ici ne brillent pas par une couverture honnête et équilibrée des noirs dans cette musique que la publication veut couvrir : Stevie Wonder, James Brown (deux fois), Chuck Berry (deux fois), Les Surfs, et un passant noir dans une photo de Claude François à San Francisco. C’est vraiment pas beaucoup. Mais en plus les rédacteurs du livre ont un problème dans les légendes : ils inversent l’ordre et donnent les personnages de certaines photos de droite à gauche. Facile quand il s’agit de Mick Jagger et Françoise Hardy, mais un peu plus compliqué pour qui ne sait pas vraiment quand il s’agit de Sylvie Vartan et Sheila en costumes d’Alsaciennes ou est-ce de Bretonnes ? Notons en passant que cela ne semble pas bien difficile de se déguiser quand on est artiste du showbiz : un certain Stromae le fait bien en moitié homme et moitié femme. Un rédacteur en chef se doit de vérifier cela avant publication. Et je suis sûr qu’il y en a plus de ces erreurs ou légendes un peu faciles. Je n’ai pas scruté toutes les photos.


Mais il y a pire. Ils sont forts dans L’ACTU pour critiquer certains pays comme étant « Une des plus grandes prison du monde » mais pas un mot, alors que cela méritait un gros titre, sur la nouvelle loi française qui permet des « écoutes » très larges et sans contrôle réel, public et contre lesquelles on pourrait faire appel avant. Et que dire des interdictions nombreuses et multiples sur l’Internet en France où on a criminalisé tout une série d’opinions parce qu’elles déplaisent à certains par leur caractère racial (et je n’ai surtout pas dit raciste) ou religieux ? Que dire des interdictions des spectacles de Dieudonné ? Que dire de l’obligation dans laquelle un Allemand qui proposait un stand d’antiquités allemandes de plier bagage parce que sont stand incluait des artefacts nazi, et ce à la Braderie de Lille le week-end dernier. Qui est le maire de Lille justement ? Ne me dites pas qu’il est Azerbaïjanais, ou est-il par hasard Iranien ?


Dr Jacques COULARDEAU



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