BÉROUL – LE ROMAN DE TRISTAN – PHILIPPE
WALTER, traducteur – CORINA STANESCO, ed. – LE LIVRE DE POCHE, PARIS – 2000
D’emblée il est clair que nous avons ici une Chanson de Geste à la poésie
rythmée et rimée faite pour être récitée, lue ou chantée sur un accompagnement
de harpe, vièle (à roue très probablement, le hurdy gurdy anglo-saxon) voire d’autres
instruments et percussions de château en château par des acteurs que certains
tiennent à appeler des jongleurs alors qu’ils sont ce que l’on appelle avant
les troubadours et les trouvères de s ménestrels et qu’on pourrait appeler des
bardes dans la tradition gauloise. Cette édition est difficile d’utilisation
pour la mise en parallèle du texte original en vers et de ce texte. Les
correspondances ne sont pas indiquées.
Il s’agit d’une chanson de geste du fait des nombreuses adresses directes à
l’auditoire comme « Ecoutez ce que dit la maline ! » (page 32),
« Ecoutez, seigneurs » (page 40) et bien sûr de nombreuses adresses
directes qui portent un jugement sur l’action ou les personnages comme « Ah,
nain ! voilà l’œuvre de ta science ! » (page 39). Ceci étant dit
cette édition du texte est importante. D’abord parce qu’elle indique clairement
qu’elle est partielle avec des coupes claires là où il manque du texte. Nous
pouvons donc voir l’usure du temps. Ainsi il manque tout le début et toute la
fin de l’histoire.
Sans entrer dans le détail, il s’agit de bien lister les épisodes qui sont
donnés dans cette version.
L’HISTOIRE : LE PHILTRE
On commence directement avec la scène du verger, le Roi Marc dans un arbre
et les amants jouant le jeu de la pureté pour convaincre, donc manipuler le Roi
Marc. Il est clair que Tristan et Iseut (notons l’orthographe ici, et ce nom a
de nombreuses orthographes dans les textes anciens) mentent sciemment pour
cacher leur adultère, car il s’agit bien de cela. On notera que ce texte comme
tous les textes de l’époque ne mentionnent pas la différence d’âge entre le Roi
Marc et Iseut : il était courant de marier une fille de treize ou quatorze
ans (l’âge d’Iseut) d’une famille noble à un homme beaucoup plus vieux par
souci d’alliance car la femme était une monnaie d’échange sur le marché
matrimonial. On passe ensuite au flagrant délit monté par le nain Frocin avec
de la farine, piège déjoué par Tristan, mais le saut d’un lit à l’autre ré-ouvre
une blessure à la jambe causée par un sanglier (ce qui nous fait penser
naturellement à Vénus et Adonis où un sanglier éventre et tue Adonis dans sa
fuite devant Vénus qui n’a qu’un désir, le posséder, le violer : le
sanglier est un animal qui trahit les amants, punit ceux qui fuient l’amour,
bref une référence pas aimable du tout), ce qui met du sang dans les deux lits
et entre les lits.
Suit la condamnation au bûcher sans procès, sans droit de défense et sans
droit de réponse, donc en négation de la justice féodale normale surtout qu’un
problème familial relevait de la justice ecclésiastique, malgré les
protestations qui arguent que ce n’est pas justice. Il s’agit de l’application
de la justice pré-féodale qui était le fait d’un homme au pouvoir qui décidait
seul du crime et du châtiment, simple extension du droit de vie ou de mort du
maître sur ses esclaves ou du père sur l’entier de sa famille : l’Antiquité
foisonne de tels cas : l’homme libre (parfois la femme dans la Rome
antique) usait et abusait de ce droit de vie ou de mort sur ses inférieurs. Puis
c’est l’évasion de Tristan d’abord par une verrière d’une chapelle, le don
d’Iseut aux lépreux menés par Yvain, puis la confrontation des lépreux avec
Tristan et Gouvernal (systématiquement appelé le « mestre » de
Tristan dans le texte originel car il est celui qui lui a appris le combat,
mais ce qualificatif semble largement effacé de cette traduction effaçant par
là même le rapport féodal entre Tristan et Gouvernal). Ce dernier tue Yvain,
semble-t-il, selon une adresse directe de Béroul à son auditoire : « Tristan
était bien trop preux et courtois pour tuer des gens de cette espèce. »
(page 48)
Les amants se retrouvent donc en forêt de Morrois où ils vivent cachés avec
le chien Husdent qui les a rejoint et qui a appris à chasser sans aboyer, avec
l’arc-qui-ne-faut, l’arc infaillible de certains traducteurs, et l’épisode de
la découverte par le Roi Marc sur la dénonciation d’un forestier. Du fait que
les amants ne sont pas nus et qu’ils ont une épée entre eux, le Roi Marc est
pris de compassion et met ses gants d’hermine dans le trou de la cabane pour
protéger Iseut d’un rayon de soleil qui lui tombe sur le visage, remplace la
bague d’Iseut par la sienne (bien que Corina stanesco semble hésiter dans son
dossier sur ce fait : « il retire doucement la bague qu’il lui avait
donné jadis . . . par la substitution
des anneaux. . . » (page 139-140) et l’épée de Tristan par la sienne. Cela
cause la panique des amants quand ils se réveillent. Ils décident de fuir au
Pays de Galles.
APRÈS LE PHILTRE
Mais cela les mène aux trois ans d’effet maximum du vin herbé, du philtre,
et le lendemain de la Saint Jean, l’effet disparaît et ils sont alors pris de
la réalisation de leur pêché, de leur faute et ils sont pris de repentir, ce
sentiment chrétien qui les amène à contacter le moine Ogrin, à confesser leur
crime, à obtenir l’absolution par repentir justement, ce qui efface alors la
faute et permet à Ogrin de servir d’intermédiaire avec le Roi Marc. Il écrit
une lettre qui explique la situation et propose une solution qui implique le
retour d’Iseut et l’exil de Tristan. La lettre est livrée en mains propres par
Tristan lui-même nuitamment, et après consultation de son conseil le Roi Marc
accepte le compromis. C’est alors que les barons félons interviennent. Ils sont
trois initialement, même si à un moment les comploteurs sont énoncés comme
étant quatre car semble-t-il l’auteur inclut le forestier qui a révélé la
cachette des amants, mais cela est étrange car le forestier ne saurait être
compté avec des barons. Le texte surprend aussi car le neveu du Roi Marc, Andret,
joue un rôle de défense de Tristan mais est pourtant la cible de violence plus
tard de la part de Tristan, sans véritable explication. Mais il n’est pas l’un
des quatre à être tués par Tristan ou Gouvernal. Les trois barons son identifiés
comme étant Ganelon, Danoalain et Godoïne. L’un d’eux, non identifié est tué
par Gouvernal dans la forêt de Morrois pendant le bannissement. Il ne peut
s’agir que de Ganelon.
Les trois barons exigent qu’Iseut se soumette à un serment de Dieu sur les
reliques des saints de Cornouaille. Le Roi Marc refuse d’abord mais Iseut
accepte à condition que le Roi Arthur soit présent avec ses chevaliers. Elle
envoie Périnis, son page, prévenir Tristan du rôle qu’il doit jouer et ensuite
inviter le Roi Arthur et ses chevaliers. Et c’est alors le serment au lieu dit
de Mal Pas, une zone marécageuse difficile à traverser pour atteindre le lieu
du serment de dieu de l’autre côté. Notons bien qu’il ne s’agit pas d’un
jugement à proprement parler mais d’un serment sur des reliques donc un
jugement de dieu, une ordalie, mais cette ordalie est purement symbolique car
il n’y a aucune mention d’une épreuve du feu (saisir à main nue une barre de
fer rougie à blanc sans la moindre brûlure) ou de l’eau (être jeté dans une
rivière ou un lac pieds et poings liés et sortir de l’eau sain et sauf). C’est
dans le tournoi qui précède ce jugement que Tristan et son maître d’armes Gouvernal
(tous deux restant non identifiés grâce à l’anonymat que préserve leurs armures
et heaumes, défont tous les chevaliers. Tristan brise le bras d’Andret et Gouvernal
tue à l’épée le forestier qui avait dénoncé les amants. Ils sont vus par tous
comme de l’autre monde, donc de la nature des « faés » ou de
« fantosmes ».
Mais avant ce tournoi Tristan est déguisé en lépreux et il fait le mendiant
devant la passerelle qui permet de traverser le Mal Pas. Quand arrive Iseut
elle descend de son cheval qui traverse seul et elle se fait porter par le
lépreux ou mendiant en montant sur son dos, donc en le prenant entre ses
cuisses. Cela lui permettra de dire la vérité en mentant car elle déclarera que
mis à part le mendiant (qui est Tristan) et le Roi Marc, elle n’a pris personne
entre ses jambes. On comprend alors que le philtre a été une bonne excuse mais
l’amour charnel des amants est un vrai amour charnel, un vrai désir. On
comprend aussi que le jugement de dieu dans ce cas est d’une part ridiculisé
comme inefficace et la confession, l’absolution et la repentance ne sont que de
vains mots.
Tristan peut alors reprendre son jeu d’amant clandestin. Les deux barons
survivants, sur dénonciation d’un informateur quelconque, essaient à nouveau de
prendre Tristan sur le fait, mais dans leur tentative Danoalain est tué par
Tristan quand il se rendait à la veille qui devait découvrir Tristan et Godoïne
est repéré par Iseut et Tristan dans son poste de veille et il est tué par
Tristan d’une flèche probablement de son arc-qui-ne-faut. On conclut alors avec
le bilan : deux félons, Ganelon et Danoalain, ont été tués par l’épée par
Tristan et Gouvernal, un félon, Godoïne a été tué par flèche par Tristan, et le
forestier a été tué par Gouvernal à l’épée.
Et le récit s’arrête là.
LE(S) SENS POSSIBLE(S)
Plusieurs remarques doivent être faites sur ce récit.
La référence religieuse est importante. On passe d’une référence ancienne
de justice non chrétienne (le Roi a seul pouvoir de vie ou de mort, l’adultère
est puni par le bûcher, et on découvre que Gouvernal a peur d’être saisi par le
Roi pour remplacer Tristan qui a pris la fuite : le châtiment peut être
appliqué à un serf ou serviteur du coupable en l’absence du coupable) à une
justice chrétienne qui apparaît lentement fondée sur le droit de réponse et le
droit à une défense, puis un jugement non spécifié dans l’identité de qui le
porte, bien que le rôle du chapelain, de l’ermite dans l’écriture et la lecture
des brefs ou lettres amplifie la présence chrétienne, sans oublier le reliques
des saints. Dans le cadre de cette justice un système de jugements de dieu
existe, les ordalies.
Dans ce roman seul le serment sur des reliques est pris en compte. C’est
une ordalie a minima. Enfin le texte montre clairement que le discours de la
repentance, de l’absolution et de l’effacement du pêché ou crime de ce fait est
un leurre et que même le moine Ogrin le sait. C’est un leurre car cela n’efface
pas le crime. C’est un leurre car il permet le mensonge le plus éhonté. C’est
un leurre car il permet la poursuite du crime. Même Ogrin le sait qui
dit : « Por honte oster et mal covrir / Doit on un poi par bel
mentir. » (Pour ôter la honte et couvrir le mal, il est utile de bien mentir
un peu, ma traduction, ou bien « Pour effacer la honte et dissimuler le
mal, on doit mentir un peu à bon escient. » page 72) Et la démonstration
est faite comment Iseut peut mentir devant l’assemblée de ses juges tout en
disant la vérité devant les reliques. Voilà une justice parfaitement hypocrite.
Remarquons que pour le 12ème siècle c’est une « liberté »
prise avec l’ordre féodal et catholique plutôt surprenante.
On pourrait alors tenir un raisonnement « à la Paul Radin » (« Primitive
Man as Philosopher », © 1927-1985) et voir comment le passage d’une
justice à l’autre s’opère. De la justice féodale représentée par les barons qui
ne sont en rien des félons car ils accusent en toute sincérité et vérité et
demandent un châtiment justifié par le crime d’adultère d’un vassal sur
l’épouse de son suzerain. À la justice chrétienne qui pose le repentir et le
pardon comme fondamentaux, le droit de réponse et de défense comme central et
les jugements de dieu comme cruciaux. Pour que ce passage soit possible il est
nécessaire d’avoir un sacrifice humain qui le permet : c’est l’exécution
des trois barons et du forestier en dehors de toute procédure de justice, plus le
bras cassé d’Andret sans justification dans le récit qui permet ce passage.
Mais immédiatement le roman montre l’hypocrisie et la vacuité du nouveau
système.
Cette façon de lire le roman est anthropologique et il traite ce roman
comme étant de la même nature que les contes mythologiques des Indiens d’Amérique
ou des Grecs anciens, de ceux que Radin appelle les peuples primitifs qui représentent
en fait simplement tous les peuples dans leur phase de développement qui les fait
passer d’une saisie limitée et pragmatique de l’ordre naturel à une saisie
abstraite de type surnaturel, religieux et philosophique conceptualisée dans de
vastes métaphores mythologiques. Tristan et Iseut est une œuvre qui plonge ses
racines dans une telle vision, celle des Celtes dans l’entier de leur gestation
et migration depuis le plateau iranien dont tous les peuples indo-européens
sont issus, en parallèle mais séparément des peuples Indo-Aryens qui descendent
du même plateau. Les deux migrations sont une bifurcation de la dernière
migration hors d’Afrique qui s’était installé sur le haut plateau iranien
environ il y a 45,000.
C’est alors que l’argument plusieurs fois utilisé que le philtre, le vin
herbé, suspendait la responsabilité des amants adultères car ils commettaient ce
crime d’adultère sous la pression de ce philtre, apparaît comme une pure
hypocrisie. De toute évidence le crime d’adultère se poursuit après la fin de
l’efficacité du philtre et après le repentir, l’absolution et le jugement de
dieu, et l’intention de continuer à commettre ce crime est absolument présent
tout du long, avant comme après les trois ans magiques, et même le moine Ogrin
sait que tout cela est fondé sur le mensonge. On est en définitive en pleine
casuistique.
LA FEMME, L’AMOUR ET LA LIBERTÉ
Et on regrette alors que l’argument de l’âge ne soit pas pris en compte,
car il ne l’est jamais. Iseut aurait du épouser le frère de sa mère, le
Morholt. Elle a épousé l’oncle de Tristan (même différence d’âge). Elle a été
perdue au profit d’un harpeur irlandais par une promesse ridicule du Roi Marc,
et sausvée par Tristan in extremis. La femme dans ce monde n’est guère qu’une
monnaie d’échange et la christianisation ne lui apporte ici que le droit de
réponse, de défense devant un jury de ses pairs (j’entends de rois et
chevaliers hommes bien sûr car les femmes n’y sont pas représentées) qualifié
pour cela et dont elle a choisi, au moins partiellement, la composition, même
si dans cette version du roman l’église est absente de ce jury, sauf si on
considère les reliques comme en étant des membres du fait de leur vie
surnaturelle dûment reconnue en ce temps-là.
On est ici dans la plus pure continuité du livre de Daniel de l’Ancien
Testament et de la section intitulée « Suzanne et le Jugement de Daniel ».
Ce livre est capital au Moyen Âge car il sera la base du premier opéra-oratorio
jamais composé et produit à la fin du 13ème siècle en la cathédrale
de Beauvais, le célèbre « Ludus Danielis ». Il s’agit ici exactement
de la même situation que celle de Suzanne, celle d’une femme accusée d’adultère
par deux « témoins » qui sont en plus des juges. Daniel les confond
en démontrant directement leurs faux témoignages. Ils sont mis à mort.
« Vous êtes donc assez fous, enfants d’Israël, pour condamner sans
enquête et sans évidence une fille d’Israël. Retournez au lieu du jugement, car
ces gens ont porté contre elle un faux témoignage. » (Daniel, 13:48-49)
Ici Iseut est accusé par trois barons. Elle prouve son innocence par un
jugement de Dieu et les barons sont mis à mort par Tristan et son maître
Gouvernal. Il s’agit bien d’une figure chrétienne (dans le cadre de la féodalité :
le jugement de Dieu) qui s’impose à une figure préchrétienne et pré-féodale (la
justice des barons, des chevaliers, de la force brutale).
Le croisement est subtil mais aussi explosif. Dans cette œuvre en son état
de conservation partielle il semble que ce soit la deuxième figure qui l’emporte.
Dans le roman complet, autant qu’on puisse le retrouver ou reconstituer, il s’agit
de la victoire difficile à la fois de la première figure de justice chrétienne et de l’amour comme une force
vitale que l’on doit contrôler, dominer, apprivoiser, et ce toujours sans
prendre en considération l’âge de Marc et de Tristan. La libération de l’amour
et de la femme sont encore très loin sur la route de la civilisation
occidentale.
Notons enfin que cette version du roman étant incomplète le jugement que
l’on peut porter sur lui est nécessairement incomplet, et certains diront faux.
Mais on ne peut juger d’une œuvre que dans l’état où on peut la consulter. De toute
évidence ce texte justifie l’adultère au nom de l’amour, mais cet amour n’a
rien de courtois malgré la référence au Roi Arthur car il est fondé sur le
mensonge et surtout sur la satisfaction charnelle en premier lieu et comme
objectif principal. On est très loin de l’idéal courtois, ou bien nous devons
revoir complètement notre conception de cet amour courtois.
On comprend alors que je considère comme plutôt superficiels à la fois la
préface de Philippe Walter et le dossier de Corina Stanesco. L’un comme l’autre
prennent une position comparatiste et manquent le coche historique du 12ème
siècle qui est le siècle du triomphe chrétien par la réforme religieuse vieille
de trois siècles qui entraine la réforme sociale (75 jours chômés par an), la
réforme agraire féodale mais aussi technique (collier, rotation des récoltes,
irrigation, drainage, généralisation de la propriété féodale), la
révolution proto-industrielle des
moulins à eau pour remplacer le travail humain (grains, huile, tan, foulon pour
le chanvre) et bien sîr la Paix de Dieu (qui démarre à la fin du 10ème
siècle qui permet le développement d’un vrai réseau de commerce au niveau
européen. Ce n’est pas parce que des œuvres de l’inde, de l’Iran, et/ou de l’Europe
se ressemblent qu’elles ont un lien quelconque entre elles (sauf a vouloir en
revenir aux archétypes de Jung, des archétypes totalement coupés de la réalité
historique de leur phylogenèse). Mais surtout le sens que l’œuvre considérée
prend en son temps d’émergence est entièrement dépendant des situations,
transformations et patrimoine-innovation de son temps et de lui seul.
Cette version nous pousse donc à aller vérifier d’autres versions de
l’époque, souvent elles aussi parcellaires, mais qui toutes sont bien sûr
différentes des versions plus récentes.
Dr Jacques COULARDEAU
# posted by Dr. Jacques COULARDEAU @ 5:36 AM