Friday, June 07, 2013

 

Preljocaj et Delente unis ici dans un photographe chinois

ALBENA DIMITROVA – LIVING DANCE – YANG WANG – BALLET ANGELIN PRELJOCAJ

Ne dites rien, ou Presque, sur ce livre car c’est un livre d’images qui parlent toutes seules en noir et blanc et sans le moindre mot. Vous pouvez même ne pas regarder les rares pages de texte. Ces textes apportent d’autres éclairages comme s’ils tentaient de coloriser les danseurs en mouvement, comme si le mouvement avait une couleur.

« Un moment rendu immuable, hors du temps, par le photographe. »


Chaque image du danseur ou de la danseuse dans sa danse n’est pas immuable mais est une pérennisation d’un instant unique et évanescent en plein dynamisme de mouvement. Le corps dans l’image ne saurait tenir tout seul, ne saurait durer dans son mouvement arrêté par la caméra. Mais ce n’est ni immuable ni hors du temps. A chaque vision, chaque fois que nous fermons les yeux et les ré-ouvrons, à chaque saccade de nos yeux, c’est ce mouvement suspendu qui se recrée dans nos prunelles justement dans sa suspension et ce mouvement meurt du même mouvement qui l’a créé jusqu’à le revoir encore et encore.

Pérennisation de l’instant évanescent d’un équilibre nécessairement instable entre l’envol et la chute, en plein mouvement qui naît, se développe et se termine en une seule et même énergie. Le dépassement de l’instant réel n’est que la répétition de cet instant réel et donc de cet équilibre évanescent entre l’envol et la chute. Nous avons là un mouvement ancré dans le temps en transition que notre œil mental démultiplie à l’infini sans jamais l’arrêter, le stopper, le rendre immuable justement.


« La nudité c’est quand on se livre. Tout est visible sur le corps. Je ne me tiens pas de la même manière habillée ou nue. »

Se livrer c’est dire son âme et son esprit et ici essayer de les dire par la danse d’un corps nu, par le mouvement de ce corps et de chacun de ses muscles qui, pris en un instantané, portent chacun d’entre eux le mouvement physique qui n’est que la force de l’âme et la vitalité de l’esprit. Le nu ajoute-t-il quelque chose ? Oui, certes, il ajoute la visibilité de chaque muscle, de chaque articulation, de chaque pouce de peau et de chair qui créent en nous une émotion, l’émotion d’un mouvement qui ne mourra jamais.


Face à la nudité il n’y a que deux attitudes possibles.

Celle du voyeur doublé de l’exhibitionniste qui vise simplement l’onanisme mental ou physique du spectateur. Cette nudité n’est qu’un déraillement de l’âme et une surdité de l’esprit.

Celle du cerveau savant qui est le nôtre et qui recrée l’entier du mouvement dans l’instantané du cliché. Seul le cerveau humain peut ainsi recréer ce qui n’est pas montré et dépasser la nudité montrée qui devient alors la clé du mouvement recherché. L’émotion alors n’a rien à voir avec les glandes endocrines, du moins pas celle de l’onanisme, mais a tout à voir avec la force et l’inspiration qui porte ce mouvement que nous reconstruisons dans notre œil mental.


Ma conclusion viendra de Sergio Diaz : « Par la danse je mes suis forgé, j’ai appris à voir au plus profond de moi. Je ne serais pas le même homme si je n’étais pas passé par là. »

Il ne s’agit que d’ajouter qu’il a aussi appris à montrer ce qui vit au plus profond de lui, et de faire remarquer que le public de la danse a du apprendre à regarder, contempler et admirer cette vérité profonde qui a la lumière cosmique de l’univers infini, et non seulement la couleur indécise de la surface des corps montrés et animés d’émotions à partager qu’alors on ne voit plus.


Dr Jacques COULARDEAU



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