Monday, December 31, 2012

 

Look for God in your mind and not in some holy water


LIFE OF PI – L’ODYSSÉE DE PI – 2012

UNE ÉMOUVANTE AVENTURE POUR ADULTES CONSENTANTS.

Mais aussi pour de grands enfants plus près de 77 que de 7 ans. Il y a quelques scènes très fortes, des tempêtes en mer, un bateau qui coule, un cuistot odieux, et surtout une hyène qui ricane et un tigre ronronnant quand il mâchonne sa viande crue. Et il va apprendre à manger du thon rouge et autres poissons après avoir mangé un zèbre tout entier.

Fondamentalement c’est un naufrage à la Robinson Crusoé mais sans île sur laquelle on peut vivre et sans sauvage Vendredi qui arrive de la jungle comme un cheveu sur la soupe. Par contre en plus de l’Océan Pacifique dans tous ses états, on vous offre une île du Docteur Moreau que je ne souhaite à personne de rencontrer : eau douce qui devient de l’acide, tout est gentil le jour et devient cannibale et carnivore la nuit. Pensez donc un petit Indien hindou et un tigre du Bengale. J’entends les dents des plantes carnassières grincer de plaisir.

Et l’océan est féérique, le ciel est mystique et parabolique, tout un évangile en mille voix et sans le moindre petit accident de parcours. Mais quand la nature se fâche c’est la tempête et là rien ne peut y résister qui n’a pas mis un dieu dans son âme ou un tigre dans son moteur. Et c’est exactement ce que fait notre Pi. Contre l’Apocalypse océanique un seul remède : la foi en soi et en son esprit.

Avec les animaux sauvages tout est possible, y compris de les dompter dans des situations extrêmes, mais n’attendez pas qu’ils vous disent merci. Ils sont domptés mais jamais domestiques et ils partiront dès qu’ils le pourront. C’est ce qu’il y a de plus beau dans ce film. La magie de l’animal est entière mais jamais l’animal ne devient la bête de l’homme.

Bien sûr il y a une autre leçon plus subtile pour les adultes. L’assurance du bateau qui a coulé doit dédommager les ayant-droits et apparemment il n’y en a qu’un mais qui a perdu tous les animaux du zoo de son père, son père, sa mère et son frère, en plus bien sûr des marins et de leurs familles. Le plus amusant est que les assureurs n’acceptent pas la belle histoire sur le tigre et l’île carnivore mais ils acceptent l’histoire des quatre survivants et du cuisinier fou qui tue un marin pour pêcher du bon poisson, puis qui devient violent et tue la mère du héros et enfin qui se fait tuer par le héros, un adolescent plutôt gringalet. Comme quoi une histoire glauque et sinistre sur des humains déréglés, ça marche, alors qu’une histoire sur le domptage d’un tigre par un adolescent en manque de survie ça ne prend pas.

Il y a peut-être une dernière leçon sur ce film. Que dieu existe ou non, cela n’a aucune importance, tant que dieu, ou quoi que cela puisse être de supérieur et de transcendant, est bien réel en puissance et en présence dans votre cerveau, votre esprit, votre âme, votre pensée. Et ce dieu là m’intéresse plus que tout autre car il me laisse libre avec mon âme de l’écouter, de le disputer et de l’honorer ou de l’insulter. C’est ce dieu là qui m’attire, pas celui qui meurt sur une croix pour les autres, qui a un nez en trompe d’éléphant ou qui est hermaphrodite selon les moments et les humeurs du patient. D’ailleurs Jésus est quelqu’un de cette trempe et quand on a un tel dieu en soi mourir sur la croix devient une mission de l’âme que personne n’a à ordonner.

Mais les esprits obtus du laïcisme antireligieux peuvent s’abstenir car ils en auraient une crise d’acné, surtout mal placée.

Dr Jacques COULARDEAU



This film is a marvellous adventure that is not done for little children who will get frightened but for children closer to 77 than to 7 years of age. But it is such a beautiful story that adults might like it too.

Frightening like hell not on earth but on the Pacific Ocean. A shipwreck that sinks a cargo boat with only one survivor, a teenager hardly able to use a razor to shave and three animals from his father’s zoo, animals that were being taken away to Canada to be sold: a Bengali tiger, a zebra and a hyena. The hyena is ignominious and it attacks the zebra on the lifeboat without even hesitating. The tiger is another story and the teenager is still another novel all by himself.

But when you want to survive and you have in you the god that supports you, not a god with a trunk as long as a nose, or vice versa, not a god that dies on the cross for others, not a god that is hermaphrodite according to your capricious desires. Not at all. A god that is powerful in your soul, inspiring in your spirit, supportive in your mind and absolutely logical in your brain. Then you have the force with you and you can stand up against a Bengali tiger and tame it, and you can stamp your feet against the elements and organize your survival and that of “your” tiger.

Then you have the mysterious island of Doctor Moreau, a carnivorous island that is also slightly cannibalistic. It is all sweet and nice in the day time but it turns flesh voracious at night. Can you imagine a tender teenager with no hairs on his face and a Bengali tiger: that’s what I would call a meat ravenous predator’s delicatessen treat.

What is surprising but not so much if you know animals slightly is the tiger’s taming. A wild animal will accept in some extreme conditions to be tamed when it feels you are the one who is going to help it survive if it lets you survive. Animals are intelligent and in extreme conditions they know their interest. I was told that many times in Sri Lanka where I used to walk in the jungle. I was told that if on your way a lion, a wild cat or an elephant comes to cross it towards its own destination, don’t run, don’t scream, don’t make any brusque movement. The animal knew you were coming a long time before you ever knew it was there. If you don’t block its way, if you do not produce the mammal hormone of fear that stinks like hell, if you look at the animal straight in the eyes and at the most slowly step back without getting your eyes away from its nor turning you back onto it, the animal will not attack you, and in fact most of the time the animal will avoid you and you will never see it though you might walk a few yards away from it.

Animals are intelligent and they are not necessarily man’s predators, even Bengali tigers.

But when the animal will no longer need Pi it will just walk away back into its own animal life without even looking back. A wild animal can be tamed but it will never be the pet of a human being.

The second lesson is that the insurance company of the ship does not accept that strange story with a tamed tiger and a carnivorous island, but it accepts quite well the story of four survivors with the odious cook who eats a rat, cuts up a sailor to catch fish, kills the mother of the hero and is killed by the hero himself. That sounds absurd in a way but human beings prefer a gross and totally inhuman story to a marvellous story about a wild animal that accepts to be tamed to survive and then walks away.

The last idea or rather warning is that if some of you are secular minded to the point of negating any possible divinity or superior being or even superior force, don’t go. This film is not about the gods we know in any religion but about the god that lives in your skull and animates you so strongly that it makes you able to survive in numerous situations without being a monster and using your fellow traveller as bait for sharks. Even if that fellow traveller is a wild Bengali tiger you have to tame it first. In fact if that god, like Jesus, you have him in your mind, brain, soul, spirit or whatever, dying on the cross becomes like an easy mission that you will not even try to evade or suspend or escape from.

Too bad for those who consider any religious or mystic belief is an alienation and a fairy tale for dummies, because I know so many people who are beautiful for others and empathetic for any suffering just because in them they have the gem of that transcendence.

Dr Jacques COULARDEAU



Sunday, December 30, 2012

 

Les difficultés d'un enfant du Tiers Monde adopté en Europe.


COULEUR DE PEAU : MIEL – APPROVED FOR ADOPTION – LAURENT BOILEAU – JUNG – 2012

Un petit film qui mêle animation et images réelles. Un film très efficace sur son sujet même si un peu abstrait pour un public jeune.

Le problème de l’adoption des enfants du Tiers Monde dans nos pays n’est pas du tout une chose facile, ni pour les parents d’adoption ni pour l’enfant. Le film montre très bien que la mère comme le père adoptifs ne sont pas à la fête. Ils sont en butte à leurs voisins, aux professeurs de l’école, et à bien d’autres difficultés. La discipline est une vraie question car s’ils sont sévères on dira qu’ils sont racistes et s’ils sont coulants on dira qu’ils n’ont pas d’autorité et qu’ils font dans le racisme à l’envers.

Mais l’adoption pour l’enfant adoptif est très dure aussi car en premier lieu il sait tout le temps qu’il est un enfant adoptif et donc il se recrée une mère ou un père réels qui sont des fantômes. Ils vivent donc une frustration permanente car ils n’ont pas  de parents biologiques. Cela aura des conséquences qui pourront être désastreuses à l’adolescence.

Mais pire encore ils vont être traités comme des étrangers, comme des anormaux, comme des monstres même par les autres enfants qui sont tous cruels et par les adultes autour de la famille. Ce n’est même pas du racisme la plupart du temps pour ces adultes mais simplement un réflexe, très souvent inconscient dans ses conséquences, d’autodéfense contre ce qu’ils ressentent comme une invasion.

Le film est très clair sur ces dangers et ces problèmes et cite bien sûr les nombreux cas, en proportion il est vrai mais quand même, d’adoptions complètement manquées et menant au drame : suicide, attitude suicidaire, problèmes psychiatriques divers, marginalisation et absence d’intégration, etc. Mieux vaut souvent être un immigré clandestin sans papiers qu’un adopté du Tiers Monde dans nos sociétés.

Un film qui devrait être montré et étudié en classe dès l’âge de dix ou douze ans : les cours moyens et le collège. Il risque de paraître simpliste pour les lycées qui se prennent souvent la tête. Un tel sujet mérite de vraiment parler des réactions profondes et inconscientes de la plupart des gens dans ces situations. L’inconscient est dictatorial mais en plus il est inconscient et donc impossible à identifier par la personne elle-même.

Dr Jacques COULARDEAU



 

If you need a key to Samuel Beckett's universe...


SAMUEL BECKETT – BUSTER KEATON – FILM – 1964/5

This film was made in 1964 in black and white and silent. The artist’s choices in the style of 1929. Obviously Beckett is not trying to make anything commercial or even popular but something artistic, avant-garde in a retrospective if not retrograde way: to go back to what it was in those distant days, even using Buster Keaton for the film, an actor who accepted to do it though he admitted he did not understand what it all was about.

The film has recently been restored and published on DVD by the French producer MK2. The introduction is from a university professor, François Noudelmann and has little interest. The documents which are testimonies from people who took part in the project insists on Beckett’s active presence on the set and that’s all. The cut scenes are in fact rushes that were not used because they were just bad, like the dog or the cat reappearing in the basket without having crossed the door back into the room.

So what about the film?

Once again it is a fair representation of Beckett’s mental and hence artistic universe. The back of an old urban industrial or residential building, the back alley cluttered with trash and rejects. One man we will never see from the front before the last scene comes up dressed in a long black coat, his face covered with some rag (so we think since we only see the back of the head) and a hat on top of it. He looks more like the Invisible Man the may H.G. wells describes him. That man walks right against the wall, pushes and frightens two people there, and finally comes around to the entrance of the building.

He hides on the down going stairs while an aging flower girl comes down from upstairs. She drops dead or something at the bottom of the stairs and the man goes around her and climbs to his room. He opens the door and enters a nearly empty room with one bed and one rocking chair. He will successively pull the blind down and draw the curtains, both on the only window, wrap up the mirror with the blanket from the bed, get the cat and the dog that were in a basket out into the corridor, one after another and since the ousted one comes back in each time the other is being ousted it does take some time. Finally with the fifth attempt, in that case the cat, he will manage to oust the cat and keep the dog out.

Then he covers the parrot in the cage with his coat and then he covers the fish in the fishbowl with the tail of the coat. Then, he pulls down a picture from the wall that had two big round black eyes and tears it up. Then he is obsessed with two holes at the top of the back of the rocking chair that look like eyes but he cannot do anything anyway and when he sits in the chair he does not see them, hence he may think they do not look at him any more, or they do not exist at all.

He then opens his satchel, gets a file out, obsessed by the string and the two buttons that look like eyes, but untie the string and get pictures out of the file. He is going to look at the pictures one after the other. They are his life in perspective and then he looks at them backward and tears them up one after the other. The pictures are typical: a mother and her new born baby, a mother and a young child, a teenager and a dog, a young man graduating from some school, a man and a woman probably on their wedding day, the man and a child and finally the man alone. That last picture reveals something happened that deprived him of his past, his wife and his child. Then he can go back and destroy all that past, picture after picture

He remains alone and haunted by the past because you can destroy pictures but not memories.

That’s when the film comes to a close and the man we have never seen from the front, whose face has always remained hidden is finally captured by the camera in a full front view. He is one-eyed and has a patch over his left eye and he sees himself in a nicer, cleaner and sterner attire, yet with the patch and that image of himself that cannot be in the mirror or any reflecting surface since there is none is the picture that haunts him in his own mind and he ends up his hands on his eye and patch blocking the view and maybe crying.

In his life there has been a crime, catastrophe, cataclysm that deprived him of his happy past and happy marriage and happy fatherhood and he feels guilty of it and he runs away and hides away from people and the world that he sees as interlopers and a ruin-looking universe, but he cannot run away from himself, from his mind, from his conscience and his conscience is like Cain’s eye in the tomb: it is looking at him.

You can find that situation all over Beckett’s works, plays, novels, whatever, and of course in this film. It is brutally visible. The only thing that the presentation of the film tells us is that in 1934 Beckett applied for a studying and working placement in Eisenstein’s cinema school in Moscow. At the time there were many other possibilities for someone who wanted to learn about and work in the cinema industry. Choosing Eisenstein at the ripe time of 1934 in Stalin’s USSR was more a political choice than anything else, was definitely a political choice. That political choice explains why he got into the French Resistance during WW2 and had direct contact with the French Communists then. That also explains why his French publisher is Editions de Minuit which is definitely labelled left-wing if not a communist fellow traveller.

All that may explain why the left loved him so much, including the communists who reduced his works and especially his plays to vast metaphoric parables about the end of the capitalistic world, or the end of the world brought up by capitalism which carries nuclear war in its own gut. French productions of the dramatic trilogy are most of them going towards that kind of a political interpretation.

This film reveals there is nothing political in the parable (that anyone is free to read as a political fairy or bad fairy tale) but the systematic exploration of the mind of people after the cataclysmic event in their lives that destroyed everything they had before and left them naked in front of fate and death that will take a long time to come out of sheer pleasure. None of these characters have the courage to commit suicide, being Catholic at heart no matter what and their hypocritical protestation.

Dr Jacques COULARDEAU




Saturday, December 29, 2012

 

La migraine migratoire à fleur de peau européenne


CATHERINE CORSINI – RAPHAËL PERSONNAZ – TROIS MONDES

EUROPE SOCIALE ET MIGRATOIRE.

Voilà un film important, bien joué, bien ficelé, bien dirigé, bien beaucoup d’autres choses. Mais ce n’est pas là l’essentiel.

Il y a d’abord la stratification sociale intolérable en France mais inévitable à condition qu’elle permette un tant soit peu de mobilité sociale. Or en France elle ne permet que l’impunité pour ceux qui sont en haut et la promotion pour ceux qui n’ont pas l’estomac trop fragile pour accepter de faire l’horrible, l’ignoble, le dégueulasse en silence pour ne pas desservir et aussi pour servir ceux qui sont en haut de l’échelle. Avant de monter il faut savoir tenir l’échelle pour les autres et ces autres n’oublieront jamais un jour de vous rappeler que venez de la plèbe. Ça c’est la France. Il ne reste plus qu’à faire élire des gens représentants ces ceusses qui ont réussi à monter un échelon ou deux et alors on taxera le haut de l’échelle à 75%, et on aura même quelqu’un qui est monté un peu grâce au tennis ou au foot qui dira qu’il est prêt à payer 100% s’il le faut.

C’est une question essentielle dans le film. Le jeune homme socialement « arrivé », c'est-à-dire qui a réussi à monter quelques échelons et à voir la fille du patron lui être promise, avec deux autres complices (c’est le bon mot ici) qui n’ont pas encore monté en grade, renverse quelqu’un de nuit Avenue de Laumière à Paris, s’arrête et vérifie qu’il est mal en point, puis prend la fuite sur injonction des deux complices. Les complices lui colleront au dos pour s’assurer qu’il ne parle pas. Ils finiront par informer le patron qui a découvert les magouilles de son futur gendre pour trouver de l’argent vite fait et en liquide. Les complices deviendront alors ses diables gardiens sur ordre du futur beau-père.

Mais ce pauvre Alain, dit Al, n’en finit pas d’avoir du remord et de vouloir réparer et se faire pardonner par l’épouse de sa victime qui finit par mourir. Il sera repéré dans ses travaux d’approche par la seule femme qui a tout vu, Juliette, mais de trop loin et elle n’a pas pu donner un signalement suffisant, la marque de la voiture ou le numéro, et la police ne semble pas très diligente, on va juste voir pourquoi. Juliette servira d’intermédiaire mais aussi de lien et mènera sans le vouloir vers le coupable. Elle est enceinte de trois mois avec le professeur de philosophie de sa fac dont le cours sur la mort comme seule entreprise personnelle que l’on ne peut vraiment réussir que par soi-même est d’un morbide à faire gerber. Quand on vous le dit qu’il ne faut pas se prêter à des jeux épidermiques et sous-cutanés avec un prof quand on est son étudiant !

Et c’est là que le troisième monde intervient. La victime est moldave, marié à une Moldave et une famille moldave importante vit autour d’eux. Ils sont clandestins puisqu’ils ne sont pas dans la Communauté Européenne, surtout qu’ils n’ont pas nécessairement très bonne réputation. Le jeu alors et d’extorquer suffisamment d’argent pour ramener le corps en Moldavie et le faire enterrer avec dignité là bas. Et le pauvre Al sera confronté à l’injonction cette fois, s’il veut être pardonné, au moins symboliquement, de se dénoncer et d’accepter le châtiment qui va avec la mort d’un homme et le délit de fuite.

 Comment permettre à une personne prise dans ce tourbillon de trouver le mode expiatoire juste, étant entendu que le film semble approuver l’idée que quelqu’un qui tue par accident doit expier cette mort. Il n’y a pas de solution simple. Et c’est bien tout l’intérêt de cette exploration filmique. Les nantis, les grimpeurs sociaux et les clandestins sans papiers (européens et blancs) sont les trois côtés infernaux de la même pièce. La bombe européenne sans solution ni aisée ni facile. Un casse-tête européen qui n’a rien à envier aux célèbres casse-tête chinois.

La falaise sociale d’un côté et l’abîme migratoire de l’autre. Et entre les deux le fil du rasoir ou la corde du pendu qui vous évitera de tomber d’un côté ou de l’autre. « C’est ici qu’il faut de la finesse » (L’Apocalypse de Saint Jean, 13:17)

Dr Jacques COULARDEAU



Wednesday, December 26, 2012

 

Mangez du curé, vous en, aurez une indigestion


LA VILLE DON LE PRINCE EST UN ENFANT – THE FIRE THAT BURNS – 1997

Ce film français est admirable mais probablement pas pour les bonnes raisons, probablement pour toutes les mauvaises raisons que l’on peut imaginer.

Il s’agit de deux amours qui se croisent et se haïssent avant même qu’elles ne se parlent. Le premier amour est celui entre un jeune adolescent et un adolescent plus avancé dans un ancien collège catholique, un collège de frères comme on les appelait encore il y a une cinquantaine d’année en France. Celui que je connaissais et devant lequel je passais régulièrement en faisant un détour au retour de l’école publique était un collège de frères rue Frère à Bordeaux. On ne pouvait mieux dire. Deux adolescents qui s’aiment d’un amour d’une pureté telle qu’elle n’admet pas la moindre tache mais n’arrive pas à s’affirmer en pleine lumière car la lumière l’éblouit de la critique et de la jalousie des autres.

C’est que de telles amours sont interdites par les prêtres et autres abbés et pères supérieurs. Et l’interdiction les rend quelque part malsaines, impropres mais fascinantes. Ces deux adolescents vivront toute leur vie dans l’ombre de cet amour qu’on leur a interdit et pour lequel on les a punis en les excluant, en les renvoyant le plus loin possible l’un de l’autre. La bêtise chrétienne n’a d’égale que la bêtise humaine, parce qu’elle est d’abord et avant tout humaine.

Le deuxième amour est celui de l’abbé de l’école qui est amoureux lui du plus jeune de ces deux adolescents. Un amour tout aussi pur que l’autre car il s’agit de l’amour d’un homme qui se prend le goût d’être père alors qu’il ne le sera jamais. L’enfant qu’il se met à aimer, d’une famille pauvre, est un enfant qui se défend contre l’accusation de pauvreté par le sarcasme et la provocation et quand on lui signale qu’il a des trous dans son chandail, il répond que ce ne sont pas des trous mais des ouvertures. Au mépris répond un esprit caustique et donc angélique. Vous pouvez imaginer combien les adultes, prêtres, surveillants, séculiers ou religieux haïssent de telles réparties qui leur montrent toute leur cruauté, si ce n’est pas la condescendance d’une fausse charité chrétienne qui ne donne qu’à qui l’on considère comme inférieur.

Cet abbé voulait aimer cet enfant d’un amour de père céleste plus encore que terrestre mais sur terre  car c’est là que l’amour a un vrai goût de sucre. Dans le ciel l’amour divin n’a qu’un goût de sacrifice, soit le sel de la terre, soit le sang du sauveur, soit l’hydromel écœurant de je ne sais quelle bande d’anges messianiques.

C’es deux amours sont concurrentes et se heurtent dès qu’elles ont conscience l’une de l’autre. L’amour de l’abbé se double de l’autorité de cet abbé qui va piéger l’adolescent le plus âgé qui fera une faute de désobéissance et il sera viré comme un malpropre sur le champ. Mais c’est alors que le Père Supérieur empoignera le glaive de l’archange Gabriel et chassera de l’école des frères cet enfant plus jeune qui a osé attirer l’amour fautif de cet abbé, ainsi punissant l’abbé autant que l’enfant. Allez cher enfant pervers gagner votre amour à la sueur de votre front. Allez cher abbé mal inspiré gagner votre paradis aux larmes de votre cœur.



Mais si ce n’était que cela, ce serait déjà un miracle car cela prouve que l’amour est la plus belle chose qui puisse exister entre deux êtres humains, quels qu’ils soient, puisque ceux qui prêchent l’amour de Dieu et l’amour pour Dieu, prêche aussi que l’amour entre les hommes ne peut être qu’un amour en direction de dieu et non en direction de ce qu’ils appellent la créature, et ils punissent ceux qui prétendent le contraire.

Le père supérieur tire la leçon de sa bêtise à la fin du film : « …l’amour pour la créature quand il atteint un certain degré dans l’absolu et donc dans l’oubli de soi, il est alors si proche de l’amour de dieu qu’on dirait que la créature n’a été conçue que pour nous faire déboucher sur le créateur… » De telles déclarations sont de véritables crimes contre l’humanité. L’homme n’aime plus un être humain mais une sorte de fantôme divin dans le corps qu’il manipule pour ses seules fins jouissives et pour la gloire de dieu en lui faisant un petit chrétien de plus si possible. Heureusement que ça ne réussit pas toutes les fois.

Cela condamne toutes les amours qui ne sont pas divines dans l’esprit et procréatives dans la chair. Cela condamne l’immense majorité des amours de ce monde qui n’entrent pas dans cette définition. Cela condamne la sexualité à n’être qu’une fornication dégoûtante. Cela condamne l’amour à n’^être qu’une abstraction qui habille et couvre la nudité de cette fornication.

Ce film est un cri dans le désert des religions qui croient que dieu est le seul être que l’on doive aimer. Ce film est un cri de rage contre tous ceux qui torturent les autres pour les empêche d’aimer qui ils veulent et comme ils veulent. Ce film est un cri de certitude que ces oripeaux religieux qui couvrent la misère de l’homme soumis et assujetti à une telle religion ne sont que des cache-misère, des cache-sexe, des cache-passion qui devraient nous faire honte.

Il n’y a rien de plus beau qu’aimer quelqu’un, quel qu’il ou elle soit, sans la moindre pudeur et la moindre honte, sur les bancs publics de Brassens comme sur les quais d’Amsterdam de Brel. Ces religieux rabaissent tellement le couvercle du ciel sur nos âmes que l’on a l’impression de nous noyer dans un crachat d’eau, de nous étouffer sous une tonne de sable, de nous ensevelir sous un tombereau d’ordures sacrées.

Mais dieu que ce film est nostalgique sur un passé que nous savons hélas encore loin d’être révolu. La preuve c’est qu’ils en sont encore à faire du mariage une exclusivité hétérosexuelle procréative dans un temps où les préservatifs, la contraception et l’avortement, dieu soit béni, font que procréer est devenu le dernier des cadets des soucis de la majorité des gens, sauf bien sûr pour les prêtres catholiques qui eux pourtant sont privés de cette procréation sacramentelle comme si pour eux c’était une faute.

Dr Jacques COULARDEAU



Tuesday, December 25, 2012

 

How can life be so cruel even on the silver screen,


THE SUM OF US – 1994

A comedy, one more, in this life that is so little comic indeed.  We start with the promise of a revolution coming through and we end with a request or piece of advice that you better be home soon, and in between, love, romance, tragedy and a lot of empathy and misery with a little bit of happiness sprinkled on top, at times angry happiness because of the silly decision you took and it broke the potential happy development you were hoping for and looking forward to getting on a silver platter. You just got Saint John the Baptist’s head.

We are dealing here with grown up men and women all in strange situations. A young gay man living with his parents and the father behaves as if he did not know and he turns ugly when it becomes news stuff on TV. Another gay man living with his widower of a father who is not gay but accepts his son the way he is though he is invasive, maybe an intrusive voyeur, and in a way blocks his son’s way to happiness.

That same man gets in touch with a lady through some meeting club and the two fall for one another but the night when things were going to go through, New Year’s Eve, at his place, the son being out for his own fun, she comes across some gay magazines and cannot accept the fact that she had not been told before, and if she had it would not have changed anything because she just does not want to go across this line.

Just minutes after she drove off, when the fireworks start celebrating the New Year, he has a savage and wild heart attack or stroke and he will remain paralyzed on one side and without the capability to speak any more. In other words she broke his heart and that is not a metaphor, she literally did break his heart, boom.

That is sad, very sad, but it is a comedy, so there must be a happy ending and life will take care of some haphazard meeting of the two young men and then life will be on tracks again. But gosh it is not easy to build your own happiness when you are not a photocopy of the standard middle of the way unoriginal model imposed by ethical and moral norms in our society, even when things have changed legally. Between the law and reality there is more than a simple Strait of Malacca: there are thousands of hostile pirates with weapons everywhere up over their heads ready to raid your life to prevent you from being happy.

Enjoy the details.

Dr Jacques COULARDEAU



 

 

Il n'y a pas d'âge pour aimer


SALUT VICTOR – 1989

Un film d’un autre temps futur Qui nous vient du passé et nous parle de toujours, de l’amour. Mais quel amour ! Quand deux hommes se rencontrent en maison de retraite quand le grand âge les rend incapables de continuer à vivre seuls. Ces deux hommes, Philippe et Victor, son tellement différents qu’on croirait qu’ils n’ont rien en commun, qu’ils ne pourraient pas communiquer. Et on se tromperait.

L’un sait qu’il est homosexuel comme il dit. L’autre ne se définirait ni comme gay ni comme homosexuel, tout au plus un peu « fifi ». L’un a quitté sa femme et ses enfants pour vivre trois ans avec un pilote d’avion qui s’écrasera contre le flanc de la montagne. Trois ans de bonheur et une vie à attendre que le ciel s’ouvre à lui. L’autre n’a jamais connu l’amour public, simplement neuf semaines de bonheur avec un jeune Mexicain qu’il employait dans son magasin d’antiquités et à qui il apprenait à lire et à écrire. Et lui aussi perdra son amour qui fut pris sans retour, mais par les services de l’immigration. Et autant Victor continua à vivre sa vie et à chercher des amis, y compris encore quand il ne pouvait guère plus rien espérer et que sa route croisa, ou plutôt son couloir croisa celui de Philippe, autant Philippe mena une vie de célibat austère jusqu’au jour où son couloir croisa celui de Victor et où il découvrit le bonheur d’aimer et qu’il put donner à l’autre le bonheur d’être aimé et d’aimer à nouveau.

Ce ne pouvait être qu’un amour mental, émotionnel, passionnel, dans la tête, les yeux et les oreilles et avec tout au plus une main sur l’épaule, une main dans la main, une main sur le cœur, une embrassade, comme si alors le monde allait s’arrêter.

Et la vie est cruelle qui appelle la mort quand le bonheur vous est promis, même si ce n’est qu’une montée dans le ciel en montgolfière. Le cœur est l’esclave de cette vie mortelle car on en meurt de la vie et on ne survit pas à cette mort. Le film devient alors poignant car on ne peut que se dire que la vie est injuste et pourtant la vie n’est qu’une partie de dominos aléatoire et insensée, qu’un château de cartes monté sur une table en plein courant d’air, un château en Espagne que l’on ne peut jamais réaliser. C’est un privilège d’être en vie et on ne doit jamais douter que le moment de bonheur de cet instant-ci risque fort d’être le dernier et de ne pas avoir de lendemain. Et ce n’est pas une question d’âge. C’est une question de pure chance probabiliste qui dicte votre fin comme elle a dicté votre début et chaque instant entre ces deux points, entre votre alpha et votre oméga.

C’est trop triste mais c’est si beau de découvrir l’amour quand plus personne n’ose espérer et de perdre celui qu’on aime ainsi sur le tard au moment même où le bonheur est à son comble comme si le sol vous fuyait sous les pieds. Et celui qui reste va réaliser le rêve le plus secret, qu’il est seul à connaître, de son ami qui est parti comme si c’était la dernière chose au monde qu’il se devait de faire. Et hélas qu’il survive longtemps ou pas ce sera bien la seule et dernière chose qu’il se devait de faire. Et c’est là la beauté du grand âge. Etre capable de découvrir le bonheur dans ces derniers instants et de découvrir ou redécouvrir que le vrai bonheur c’est de donner un peu de joie et de bonheur à quelqu’un qui essaie de se faire croire qu’il n’y a pas de raison d’être triste alors même que son cœur voit bien lui que la fin est proche et qu’il risque de finir dans la détresse.

On ne peut vraiment apprécier ce bonheur de la fin que quand on est proche de cette fin. Permettre à l’autre de bien finir malgré tout le malheur qui s’accumule comme nuages de tempête. Voilà l’ultime chance de survie dans la débandade finale.

Dr Jacques COULARDEAU



Monday, December 24, 2012

 

Pastiche cachère du théâtre de boulevard européen


LET MY PEOPLE GO – 2011!!!! 


Voilà une comédie de bon aloi, même si elle est un peu interlope. C’est à la fois une comédie juive où les héros principaux, les Juifs bien sûr, font tout de travers et causent catastrophe su catastrophe et ce le jour même de la Pâque Juive. C’est vraiment noir à souhait, mais comme c’est le sort de tous les Juifs de tout louper c’est plus qu’amusant, même si c’est un cliché grossier et raciste.

Puis c’est aussi une comédie gay comme homosexuel, PD ou encore pédale et tapette. On a tout en une seule soirée. Le mélo liquoreux, les amours excessives et qui ne respectent rien, surtout pas l’amour, les passions sans fond et sans limites qui ne savent même pas que le monde accepte les passions mais qu’il ne faut pas qu’elles empêchent les planètes de tourner et les étoiles de briller. Et là vraiment on en pleurerait de douleur, de tristesse et de soulagement tout à la fois, même peut-être de plaisir.

C’est enfin une comédie européenne qui parle au moins trois ou quatre langues, et si on ajoute l’hébreu elle est biblique et multilingue. Les amours qui durent se doivent de traverser les frontières, les religions, les croyances, les fois et les haines, et bien sûr beaucoup de crises car les crises c’est comme les enfants, dès qu’on se marie on en fait toute une brochette à rissoler, et pas pour rigoler. Et surtout en Europe on doit oublier le passé qui n’est pas très propre. Alors on peut rire de tout après cet acte de non souvenir qui ne veut surtout pas dire d’oubli.

De surcroit c’est une comédie familiale qui se permet de faire du père un dieu sur terre mais qui n’a aucun pouvoir, aucun charisme, aucune autorité. Le père est le dernier des Mohicans, une espèce en voie de disparition. Les enfants sont tous des complices ennemis qui ne veulent qu’une chose : la victoire de la fratrie et le bien de chacun avec le moins de haine possible. La haine n’est que contre les goyim et pourtant il y a des goyim heureux et chanceux, même si la plupart ne sont que des goyim. C’est simplement une question de ne pas mélanger les serviettes de soie et les serviettes de toile de lin brodées à la main.

Amusant, mais un peut trop mixé et donc un peu beaucoup exotique pour la plupart des malvoyants dans la salle.

Dr Jacques COULARDEAU



 

A trop vouloir dicter, les didascalies parasitent le sens.


Version non expurgée des quelques mots que certains sites commerciaux ne veulent pas que l'on cite.

SAMUEL BECKETT – FIN DE PARTIE – CHARLES BERLING

Si on respecte les didascalies de Samuel Beckett cette pièce est un piège, un piège clairement compris comme étant un piège à cons, donc pour tous ceux qui voudraient la comprendre. Tous les éléments signifiants, ceux qui structurent le sens et donc qui donnent la direction sémiotique sont systématiquement dissimulés sous une pirouette de magicien qui rend risible ce qui devrait nous servir de guide. Et la mise en scène de Charles Berling joue la fidélité, bien obligée de toute façon en France près des ayant-droits qui refusent la moindre variation.

Le décor joue sur un mur de fond construit sur des lignes obliques. Ça c’est de la créativité et de la liberté. Mais Beckett a effacé une fois pour toute la liberté dans sa devise républicaine réécrite : « Égalité, essuyer et remettre ». Mais alors que reste-t-il dans cette nouvelle mise en scène, dans toute nouvelle mise en scène ?

Un Clov vieilli avant l’âge qui traine les pieds comme une âme en peine, perd la mémoire, se perd dans un espace clos et vide, se reperd en méandres mentaux qu’il déroule devant nous morceau par morceau, en bribes, le seul repère que lui laisse son maître, maître physique, maître à penser, maître de céans et à en mourir en son propre repaire. En d’autres termes Clov s’est fait mettre à tous les niveaux, dans tous les sens et même en travers toute sa vie de dépendance par son maître absolu Hamm. Il s’est fait mettre et remettre à sa place qui est en dessous du plus bas jour après jour et il a toujours obtempéré, obéi, assumé et étrangement assouvi ses propres envies d’esclavage.

Un Hamm misérable, exécrable, méprisable de haine des autres, surtout depuis qu’ils sont tous disparus à son œil mental, de haine du monde surtout depuis qu’il ne peut plus le voir et qu’il veut nous faire croire qu’il n’existe plus, de haine contre la vie elle-même qu’il nie dans les autres pour mieux s’en repaître en lui seul dans les derniers instants qu’elle veut bien lui condescendre. Il commande en chef, ordonne en désordre, somme en soustraction ou en division, signifie de façon insensée à tous et à chacun de ceux qu’il autorise à encore ne pas mourir autour de lui. Nous sommes enfermés dans sa cécité qui devient notre nécessité absolue et par là même la nécessité impérative de nier cette nécessité et de fuir sa purulente cécité.

Nagg et Nell ont la partie facile car il les a rejetés dans des poubelles qu’il leur est aisé de refermer et dont il leur est commode de ne pas sortir. Ils n’entendent qu’à moitié les ordres et encore ne les respectent en rien. Nell lui meurt d’ailleurs entre les doigts. Heureux soient ceux qui n’ont qu’un couvercle pour horizon et qu’une poubelle pour ligne de mire. Il ne leur reste qu’à attendre le passage de la benne.

Le décor est rendu vomissable par le metteur en scène. Outre les obliques pseudo-verticales, outre l’absence de lumière d’un clair obscur blafard, outre l’absence de mobilier qui rend signifiants des éléments disparates et sans contenu, sinon des cadavres en sursis, outre la crasse systématique de ce décor couleur caca et rien d’autre, ce décor ne signifie qu’une seule chose, que l’esprit pourrissant et pourri de fond en comble de Hamm qui pense le monde à son image, l’image d’une catastrophe ambulante qui domine tout de sa gaffe impuissante et inutile puisqu’il n’a ni roue ni eau, que cet esprit n’est ni saint ni sacré ni sacré-saint. Sa gaffe n’est qu’une image de son impotence sexuelle comme un grossissement de l’organe qu’il n’ aplus, tout comme son chien sans sexe et à trois pattes, bien sûr comme tout ce qui le concerne, de son mouchoir ensanglanté comme le linceul d’un Ponce Pilate qui se prendrait pour le Christ à ses lunettes noires de devin ayant perdu la vue.

Et Beckett joue sur les mots repères pour nous faire rire de l’incongru qui pourtant est la clé du mystère. Le pantalon raté, loupé, bousillé, foutu du tailleur « nin rin » foutu (en picard dans mon texte) de faire une braguette, un poignard et quatre boutonnières. Amusant d’ailleurs que Beckett ne sache pas le mot technique de « poignard » et qu’il se perde dans l’entrejambe. Cela d’ailleurs devrait nous aider à comprendre le centre de l’histoire, comme le môme qui se regarde le nombril, enfin dans cette direction, et comme on dit chez nous : « Quand je dis le nombril, vous voyez ce dont je parle. » Et puis on a « plus haut que son cul », puis les fesses, puis l’oiseau qui se niche entre les seins de la bien aimée, mais qui est tout emmerdé, et l’acteur fait rebondir ce dernier terme à loisir, et la liste de ces incongruités scatologiques, pornographiques, s’allongent sans fin. Et il suffit de l’apparition d’un garçon, pour que Hamm ordonne d’aller l’exterminer et pour que Clov s’habille de neuf pour l’aller capturer tout comme Hamm l’a capturé lui il y a un certain nombre d’années.

On comprend alors pourquoi Clov ne peut pas s’asseoir. Le pauvre. C’est que Hamm a le plaisir callipyge mais par le mal-traitement des fessiers d’autrui.

Le sens ne peut venir vraiment que des trois pièces de la trilogie. Dans En attendant Godot Vladimir et Estragon sont bloqués dans une routine qui ne même à rien sinon à l’attente, mais ils reçoivent deux pièces dans la pièce qui montrent la suite, Lucky l’esclave soumis et consentant qui d’esclave empressé devient un soignant compassionné d’un Pozzo qui de maître tout puissant est devenu un aveugle qui a perdu son chemin. Et Vladimir et Estragon qui sont eux aussi des esclaves, les esclaves d’une routine de l’attente imposée par Godot et transmis par deux frères, l’un après l’autre, le premier remplacé par le second parce qu’il a été maltraité par Godot, leur maître à eux deux. Pas de fuite possible. Dans Fin de Partie la fuite est possible, préparée, envisagée, rhabillée en costume qu’on dira de ville dès qu’un appât en forme de garçon se présente à soixante quatorze mètres, mais immobilisée à la porte attendant la mort du maître qui n’est alors plus qu’un prédateur privé de sa prédation par l’impotence, l’impuissance et l’informité. Il faudra attendre Oh Les Beaux Jours pour qu’enfin le départ soit possible et que la proie d’antan devienne le prédateur à son tour dès que l’envie s’en fait suffisamment sentir et que le prédateur, femme cette fois, soit suffisamment ensevelie dans son sable. Mais il faudra aussi considérer les versions anglaises postérieures (dans le temps bine sûr pas dans les fessiers) qui révèlent par des adaptations particulières ce sens de façon beaucoup plus claire. Cachez ce petit garçon que je ne saurais que prendre s’il n’est pas enfermé.

Beckett quelque part est un génie de l’illusion qui utilise son art pour dissimuler le sens derrière des éléments non pas disparates mais risibles de par leur environnement, et quand on rit de quelque chose on a tendance à croire que c’est absurde. Je regretterai qu’ici Charles Berling ait jugé bon de donner à Hamm un nez rouge qui suggère le clown. Il est tout sauf ça. Il est le grand prêtre sacrifié à l’autel de quelque dieu sans nom mais non sans appétit pour que puisse naître son successeur. Que meure le prédateur vieillissant pour que vive le prédateur renaissant.

Dr Jacques COULARDEAU



Sunday, December 23, 2012

 

Gay adoption runs into a lot of bureaucracy


PATRIK 1,5

A film all based on qui pro quos. A gay married couple in Sweden comes into a new neighbourhood. Goran is a doctor and Sven is his husband. They were accepted for adoption but they were finally answered that no country in the world accepts to entrust a child for adoption to a homosexual couple. The deception is great but one day a letter arrives from social services. It contains a mistake and they are announced they will get a child of 1.5 years of age, Patrik is his name.

Unluckily the kid that arrives is in fact 15, mother dead, father unknown, ten years in foster homes and institutions, a lot of delinquent acts, etc. Sven panics completely whereas Goran accepts the child, or rather teenager. Strangely enough Patrik is going to help Goran and Sven get accepted in the neighbourhood because he becomes the gardener of everyone, for money of course, and he becomes the skateboard coach of the kids in the street, etc.

The end is a happy ending of course and it is not the real interest of the film. The real interest is to show that after and beyond all kinds of prejudices people deeply need at any age simple contact with others, contact that is called love and that it has nothing to do with sex really. Love is the food of angels and all children, and all people should be angels and get their ration, and even more that that everyday, of love.

And it is so simple at times to find what can give someone the certainty they are loved, the guarantee they will be loved. Of course it is not simple and it cannot be easy to do but it is needed, provided people get out of their fears and fear is bigotry most of the time. We have no reason to be afraid of anything. To give a child one’s own shirt for that child to look good when he needs to look good is more important than all the treasures of Arabia.

That’s the message of this film, and as such it works marvellously.

Dr Jacques COULARDEAU

The perfect devil's trap
or
The devil is a bigot


 

I am flabbergasted by that beauty


LEONARDO VINCI – ARTASERSE – PHILIPPE JAROUSSKY – MAX EMMANUEL CENCIC – DANIEL BEHLE (tenor) – FRANCO FAGIOLI – VALER BARNS-SABADUS – YURIY MYNENKO – CONCERTO KÖLN – DIEGO FASOLIS – 2012

This rare “Dramma per musica”, in other words opera, is admirable in many ways, and it should deserve a long commentary if not a study in depth. I am only going to make a few remarks. I will keep the fact that this recording is an all-male recording for the end.

Note the action takes place in Persia, hence everything is possible since they have very cruel gods over there. We must be surprised by nothing. Let’s first look at the plot. The king of Persia, Serse, is assassinated by Artabano, the commanding officer of the royal guard. This Artabano is plotting the end of this dynasty, along with the main general of the army, Megabise. Artabano then tells Serse’s son, Artaserse, that the culprit is his brother Dario. Artaserse orders him to capture Dario and put him to death, which is done very diligently. Artabano’s plot is in fact to kill Artaserse too but within a military putsch that will bring his own son, Arbace, to the throne as the liberator of the people and the country. Thus after killing Serse, he had given the bloody sword to his son and told him what he had just done, which deeply perturbed the son. Artabano thinks that his son is going to play the game because he was banned from the palace by Serse because he had dared ask for Mandane’s hands, Artaserse’s sister, Serse’s own daughter. To understand the situation we need to add at this moment that Arbace has a sister, Semira, who is deeply in love with Artaserse and Artaserse is in love with Semira too. But Artabano has negotiated Semira’s marriage with Megabise to get the general’s support in his plot. Finally Artaserse and Arbace are friends and their friendship is probably more love than just simple friendship, if there is a difference between the two.

At this point then, the opera is setting one against the other two love relations between four men. Artabano and his son Arbace, filial and fatherly love on one hand. This love implies that the son will never speak against his father and that the father will do anything he can to serve his son, even if the son does not agree or approve. On the other hand the love between the two friends Artaserse and Arbace and that love will lead Artaserse to trying all he can to save his accused friend Arbace who was found in the palace garden with the bloody sword that killed Serse and in a state of total derangement. Artaserse appears here as a childlike character who makes all types of mistakes because he reacts like a child, without thinking. He is reactive and in no way mental. He orders the death of his brother without wondering why his brother would have killed their father. He then orders Artabano to be the judge of his own son, thinking the father would show some clemency or leniency in, judging and sentencing his own son. Later on he will order the death of Arbace on one piece of information, Arbace’s leading the rebellion, just before it is revealed to him that Arbace has just brought the mutinous army down and killed Megabise. Finally he will order the death of Artabano when Artabano confesses the plot and his guilt, and it will take a lot of energy on Arbace’s side to convince him to be clement. It is useless to insist on the fact that the childlike clear voice of Philippe Jaroussky fits perfectly in that childish personality.

But the love between Artaserse and Arbace is so deep that we wonder at times if it is not more than love or friendship and we feel at times the relation that should exist between the prince, and then king, and the son of the commander of his royal guard is not inverted. It clearly seems so when we consider the two voices. Franco Fagioli has a deeper voice than Philippe Jaroussky and the music emphasizes this contrast so that at the end, when Arbace convinces Artaserse to be clement Arbace sounds like the man who is sound and able to make sound decisions whereas Artaserse sounds like the child, teenager or young man who is just able to understand and accept what Arbace tells him. The dominant character is Arbace. So that is more than love or friendship. That is a relation of political and mental dominance, developed and accepted by both men. Arbace becomes Artaserse’s counsellor but founded on a deep loving relation between the two men which enables the King to follow his friend’s advice, or rather decisions. This is all the more true when at the beginning of the third act Artaserse helps, and in fact orders, Arbace to escape before he be executed, what’s more by his own father. It is this act that will enable the end and the defeat of the rebellion.

Then we can wonder at this point why Artabano is the only tenor among the men, all the others being countertenors. The question is particularly important since the opera was created in 1730 in Rome. The tenor here is two things: first a father who is suffering tremendously when his own plot sets his own son in a tremendous danger and when he sees that the failure of the plot might get his son in even greater danger. He has the deeper voice of a tenor and that fits with his being a father, and what’s more a commanding father, if we can say so, that commands his son around and commands such a level of filial love in his son that Arbace will accept to play the game and remain silent when he finally knows the plot and his father’s crime, even when he is accused of this very crime. He commands such a level of authority with his daughter Semira that she accepts to marry Megabise though she clearly says she will never love him and Megabise clearly says that what is important for him is to possess the body named Semira and in no way her love. This vision of love as a pure sexual commodity is nearly shocking for a modern audience, though the worse side is Semira’s submission to her father’s decision that turns her into a sexual sellable valuable and nothing else. And he commands such authority over Megabise that this latter one accepts to support the plot just with Semira as the prize of the venture. Yet in the last act Megabise becomes quite pressing as for the plot because Artabano is wavering because of the situation of his own son who has escaped his jail and is announced as being dead, which determines in him a new motivation that is limited since it is to kill Artaserse, the king, before he can kill himself in expiation of his son’s death. That love between a father and a son is explored in such detail and poignancy that we can consider this element as one of the two major themes of the opera.



The second is the love between Artaserse and Arbace as we have seen. We could wonder which one is first and which one is second. But the question is flawed. The two loving relations and the conflict between these two loving relations are the heart and core of the opera. And there again the contrast between Artabano, a tenor, and his son Arbace, a slightly deep countertenor, is perfect both to set the father in his dominant position of authority and to set the son in a challenging position that is as submissive as necessary and possible, and yet represents the man who is going to fail the plot and kill the main associate of his father. That voice needs to be a countertenor with enough depth to convey this challenging role. And at the end when Arbace pleads for clemency in the name of his father with Artaserse the contrast of this slightly deeper voice is perfect with the rather childlike voice of Artaserse. Note that all along the opera when Arbace was expressing his despair of being entangled and imprisoned in a plot he disagreed with and rejected though he had to accept it and support it since it was coming from his father Franco Fagioli had a vibrating voice that fitting perfectly that dilemma.

We should add one more situation having to do with this tenor voice. Artabano is the one who is going to assist Artaserse in his oath as a king that ends with drinking a cup of wine. He has poisoned that cup. Artaserse is saved by the announcement of the rebellion outside. Later when Arbace arrives he is going to swear his innocence to the Gods with the same cup of wine as the sealing ritual, hence drinking the wine poisoned by his own father. That’s the element that will trigger Artabano’s confession to save his son. You can see the strategic position of this tenor voice in the first oath ritual, the dark voice of the plotting killer, and then the same strategic position of the tenor voice interrupting the two countertenors and his own son in that second oath ritual to save his son and confess his crime. That’s dark indeed and this confession does not bring any light into the picture of this damned soul. When all that is understood we can understand the place of the tenor in such a very dark and yet central position by the fact that we are a long time before Beethoven’s redefinition of the tenor as the heroic voice of the opera with Fidelio, a new definition that will triumph in Italy and Germany with Italian operas by Rossini, Verdi and a few others and with Wagner and later Richard Strauss.

But then we can wonder about the presence of the two women. They are indispensible to make the opera acceptable in the 18th century. Semira is only some exchangeable goods for her father and his co-plotter. But she is also the one Artaserse loves. Mandane is the one Arbace loves. Are these two loves negligible? That would be a mistake to believe so.



These two loves are present at the very beginning of the opera but as soon as Serse’s death is announced things change very fast and Arbace disappears to be brought back on the stage as the accused killer. Then Mandane becomes a fury asking for immediate vengeance without a trial if possible, and when Arbace is sentenced to death by his own father Semira becomes a second fury demanding the recognition of her brother’s innocence without any proof, just on the basis of logic and respect, on the basis of her own certainty. The confrontation of the two in the third act is such a show of total sectarianism that we wonder if these women were ever in love. They declare their mutual hatred. Mandane sings, in tears for her lost love:

“Ungrateful Semira,
I cannot bear
Such hatred, such fury,
From your enraged heart.”

And Semira sings in her turn, probably in tears herself though maybe with some diatance:

“Madwoman, what have you done? I thought
By expressing my fears I might
Lessen them, but I have only increased them.
I thought I could soothe my heart
By offending Mandane
But I have pierced her heart without healing mine.
It is not true that our own troubles
Are lightened when we see
Another weeping.
For the sight of sorrow
Only prompts us
To further sighing.”



And yet the only duet of the whole opera will be just one scene later the conclusion of the confrontation of Mandane and Arbace before Arbace leaves the palace as Artaserse has ordered him to do. But the structure is complex since we have first Arbace (3 lines), then Mandane (three lines), six short exchanges between them and finally the real duet in two parts (two lines + three lines), and then a coda of the whole section all over again. It is interesting to see the despair of Arbace and the inflexibility of Mandane at this crucial moment before Arbace’s departure that will enable him to defeat the rebellion and kill Megabise.

“ARBACE
You want me to live, my beloved,
But if you deny me your love
You will cause my death.
MANDANE
Oh God, what bitter sorrow!
My blushes should be enough for you;
I cannot say more.
ARBACE
Listen to me …
MANDANE
No
ARBACE
You are …
MANDANE
Out of my sight …
ARBACE
My love …
MANDANE
Leave me, for pity’s sake.
BOTH
Oh gods,
When will your cruelty end?
If through such great sorrow
I do not die of grief,
What is the anguish that can kill?”

I don’t think I have to explain the extreme ambiguity of the final duet since they both sing the same thing and for each one of them it has a completely different meaning.

The two women do not close the opera. The end is the final and long exchange between Artaserse and Arbace about the necessity and beauty of clemency that exiles Artabano and this exile saves his life. The love for the women is not even, alluded to, the possible marriages are not an issue then. Then we can conclude the two women were there only to prop up, emphasize and amplify the two loving relations between Artaserse and Arbace on one hand and Arbace and Artabano on the other hand, the former by setting Mandane on Artaserse’s side and Semira on Arbace’s side, and the latter by setting Semira on Arbace’s side as Artabano’s daughter..

Then we can easily see that the choice of having two countertenors instead of two sopranos is quite justified since it gets the sexual element out of the picture since after all this sexual aspect is absolutely minor and secondary. Even in the voices the feminine presence is eliminated. Then the various one-on-one of these two women with male characters are not sexual but purely abstract, mental, political, or ethical. No love is wasted in that opera at all, no love whatsoever, meaning of course love between a man and a woman and a possible marriage and sexual encounter. The only marriage that is envisaged ends up with Arbace killing Megabise, and even so that marriage of Meagbise and Semira was certainly not a love affair.

Some may say that gives a gay dimension to this opera and they will be wrong since at no time is there any mention of such a gay sexual encounter between Artaserse and Arbace. We will of course consider the relation between Arbace and Artabano has nothing incestuous in it. In fact we are dealing with a society in which men have the upper hand in all matters and women are nothing but an everyday commodity that has to be in conformity and agreement with everyday demands and requirements. So if they are a commodity in society they cannot be in anyway put forward. They maybe should be sent back to the harem or the gynaecium.

And what about the music?

Rich recitatives and very powerful arias and one admirable duet. These arias express a tremendous palette of emotions, feelings, passions, mental states, etc. It is in line with the best music of the 18th century though I would say it does not have the brilliance of Handel nor the virtuosity of Vivaldi but it is quite pleasant and engaging for a drama that is absolutely bleak though it ends in the best Mozartian way though without the love that Mozart was so keen on singing and expressing everywhere and all the time, I mean the sexual love between men and women. The main asset of this opera is definitely the phenomenal use of countertenors who must have been countertenors and castrati at the time of creation.

Dr Jacques COULARDEAU



Saturday, December 22, 2012

 

The Hobbit plays with a bottle in the sea. Un Hobbit à la mer


LE HOBBIT UN VOYAGE INATTENDU – THE HOBBIT AN UNEXPECTED JOURNEY

LA BOUTEILLE SANS LA LIQUEUR. J’attendais beaucoup mieux de ce court roman, l’ancêtre du Seigneur des Anneaux, par Tolkien, le grand Tolkien, et ce court roman est un chef d’œuvre qui devient un film pour jeunes ados pas même encore boutonneux.

S’il n’y avait pas les effets spéciaux, ce serait un bien pauvre film. Les effets spéciaux sauve la chose mais ils ne donnent ni profondeur ni densité au film et ils ne créent ni sympathie, ni empathie, ni compassion. Ils n’apportent que de l’action et de la vitesse. Rien de bien sublime pour les spectateurs qui aiment les émotions humaines et fortes.

Ce Hobbit Bilbon Sacquet, un petit homme qui vit dans les racines de quelque arbre, en totale isolation du monde, ou presque, consacrant sa vie au savoir et à sa collecte, un savant, un lettré, un érudit, un maître de l’esprit, un philosophe, et quoi encore ? Tout le reste. Il n’a aucune envie d’aller à l’aventure mais il est piégé par une bande de nains qui le provoquent dans sa dignité et sa vanité.

Et en plus il n’est pas vraiment désiré. Il est simplement nécessaire dans la mission de ces nains qui se sont fixé l’objectif de reconquérir leur royaume perdu sous les flammes d’un dragon Smaug il y a longtemps et qui sont pourchassés par des gobelins, des orques et quelques wargs sans compter les toutes nouvelles araignées géantes et quelques sorciers maléfiques, ainsi risquant de mourir sous les dents de ces êtres monstrueux qui n’ont d’esprit que de grandes gueules et de cerveau que de grandes dents, et je ne dirait rien de leur psychisme réduit à leur salive et leurs crachats de morve mortelle et vénéneuse.

Et c’est pourtant ce petit voleur de Hobbit qui va donner une leçon de courage aux nains trop rapidement découragés devant l’hostilité du monde.

Mais ce que je regrette le plus c’est que malgré la longueur du film le réalisateur a réussi à couper un petit roman en tranches et vous n’aurez donc que la première étape cette année, en espérant que celle de l’an prochain sera la dernière, mais je n’en jurerait pas si j’étais vous.

Alors allez jouir des effets spéciaux et des cabrioles numériques et numérisées, et d’ailleurs fort nombreuses, sorties tout droit des ordinateurs des studios d’Hollywood. Même les beaux (et enfin une femme dans tout ce film, on ne peut pas dire que l’on soit envahi par la sexualité et le désir), graciles, légers, élégants mais aussi prudents qu’une bande d’ermites au fond de leur caverne dorée ne sont pas utilisés comme ils le devraient et le papillon qui va chercher les grands oiseaux qui sauvent la mise n’est ni clair ni expliqué. Dommage. On aurait pu faire tellement mieux sur ce chef d’œuvre de littérature fantastique.

Dr Jacques COULARDEAU



That’s not a serious film about Tolkien and his “The Hobbit” novel, the novel before the “Lord of the Rings” series. That’s a movie for young teenagers. Action is primary and slightly primitive too. And what’s more they cut up a one volume book into slices.

Apart from that disappointment, we have to say it is well done and the special effects are perfect but they are nothing but special effects and they produce no sympathy, empathy or compassion. They just produce surprise and movement.

So what about that Hobbit Bilbon Sacquet, one of these simple short men who live somewhere underground among the roots of some trees, who dedicate their lives to studying and accumulating knowledge about everything and the rest. Scholars, savants, scientists, how can he go on roads and run after adventure? Hobbits just can’t, full stop, period, endgame and endpoint.

So what about this particular Hobbit who is literally kidnapped by shame into joining an adventure in which he is not really wanted but just opportunistically needed. But his presence is resented by some of these dwarves he is supposed to travel with and help re-conquer their own kingdom out of which they have been ousted by a fiery dragon Smaug a long time ago and are since then chased by all kinds of monsters like trolls, goblins, orcs  or whatever these monstrous monsters are.

The elves are beautiful and charming, grand and elegant, cultivated and prudent and yet they are not used to the utmost level they could have served. They are just nearly an obstacle on the road, along the way, that has to be pushed aside and then a beautiful butterfly will bring the big birds who will save the situation in its last dire strait but nothing is made as clear as it should be. We are just piling up or stringing down one event after another in some kind of pearl necklace.

Too bad because this novel by Tolkien is by far a masterpiece, but not the film, in spite of its length for just a first slice.

Dr Jacques COULARDEAU


UNE BOUTEILLE A LA MER

Roméo et Juliette en bande de Gaza. L’impossible n’est jamais vraiment impossible. Il y a toujours un moyen de passer au travers des murs les plus épais.

La Palestine vit depuis 1947 le résultat du manque de courage des Anglais en premier lieu et des occidentaux en général après leur crise de culpabilité parce qu’ils ont été incapables d’empêcher le génocide anti-juif des Nazis. L’ONU entièrement dominée par les Anglo-Saxons sur la question du Moyen Orient dont le protectorat se partageait entre la France et l’Angleterre entre les deux guerres mondiales n’a pas eu le courage de faire les choses proprement et a cédé aux intégristes modérés qu’étaient les Sionistes en Palestine. Ils ont créé un état, Israel, et ils ont oublié de créer un second état la Palestine, laissant le territoire concerné dans une situation de non-état.

Aujourd’hui la bande de Gaza est entre les mains du Hamas intégriste musulman qui impose sa violence aux populations entassées dans cette bande de 15 kilomètres sur 10 la coupant ainsi du reste de la Palestine. L’ONU vient juste d’avoir le courage de reconnaître La Palestine comme un état ayant le droit d’exister bien que pas encore d’être représenté en tant qu’état à l’ONU, mais aussitôt la faiblesse apparaît et laisse faire la droite israélienne qui tente de couper la Cisjordanie en deux pour empêcher encore plus la constitution d’un état palestinien en coupant le territoire en trois morceaux séparés.

Le film se situe dans cet enfer politique et militaire. Une jeune israélienne, Tal, d’origine française, de Créteil à vrai dire, lance une bouteille à la mer qui échoue sur la plage de Gaza et est recueillie par un jeune homme de Gaza, Gazaman, alias Naïm, or vice versa si vous préférez. Comment pourront-ils se retrouver ?

Gazaman s’inscrit au Centre Culturel français pour apprendre le français et ensuite obtenir une bourse d’un an à Paris pour poursuivre ses études là-bas. Ils s’entreverront quand Naïm conduit par le directeur du Centre Culturel Français pénètre en Israél pour traverser jusqu’en Jordanie et prendre l’avion pour la France. Aucun arrêt possible, simplement une vision fugace d’une portière de voiture, la glace baissée à une jeune fille sur le rebord de la route. Pas d’alouette du matin pour chanter le départ de l’exil après la jouissance de la nuit.

Le film est fait avec beaucoup de tendresse mais aussi beaucoup de retenue. On sent les passions hostiles d’un côté comme de l’autre mais on ne montre pas la force de ces passions d’un côté comme de l’autre avec la violence nécessaire, la violence mentale de parents se sentant trahis par leur fille ou d’un oncle, d’un cousin et d’une mère enfermés dans le ghetto de la haine. Seule la mère échappe un peu à cette violence mais elle nous échappe aussi dans sa logique illogique car pas suffisamment précisée.

L’amour qui réussit à survivre à cet océan de haine d’un côté et cette montagne de vengeance de l’autre, et définitivement vice versa, n’en sort pas aussi fort qu’il aurait du. La fausse rencontre est trop évanescente, trop rapide, trop sans profondeur, même pas un instant d’immobilisation des corps et des regards. Une vague promesse de se rencontrer à Paris, le sanctuaire ou même la cathédrale de toutes les amours du monde. Mais on reste sur sa faim du fait de cette absence d’une scène finale qui soit vraiment forte.

Dr Jacques COULARDEAU



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